Hommage à Samuel Paty : qu'est-ce que "La lettre aux instituteurs et institutrices" de Jean Jaurès ?
Ce texte publié pour la première fois en 1888 par Jean Jaurès, alors plus jeune député de France, doit être lu lundi dans le cadre de l'hommage à l'enseignant décapité dans les Yvelines à la veille des vacances de la Toussaint.
"Vous tenez en vos mains l'intelligence et l'âme des enfants, vous êtes responsables de la patrie." C'est par ces mots que débute La lettre aux instituteurs et institutrices, publiée dans le journal toulousain La Dépêche de Toulouse, le 15 janvier 1888, par Jean Jaurès, jeune député de 29 ans, élu depuis plus de deux ans. Ces phrases résonneront, lundi 2 novembre, dans tous les établissements scolaires français, selon le ministère de l'Education nationale, avant ou après une minute de silence solennelle en hommage à Samuel Paty, ce professeur d'histoire-géographie assassiné le 16 octobre après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves.
Hommage positif à l'enseignement, ponctuée d'envolées lyriques, La lettre aux instituteurs et institutrices ne désigne jamais frontalement aucun adversaire, ni dans l'Eglise catholique, ni dans la croyance et peut être considérée à ce titre comme un texte d'apaisement. Cette lettre, axée sur la mission de l'école publique, pose trois grands principes : l'engagement sans faille de l'enseignant "pénétré de ce qu'il enseigne", la mission émancipatrice de l'école publique "dans une démocratie libre" et la confiance dans le potentiel naturel des enfants "à la curiosité illimitée". "Vous pouvez tout doucement les mener au bout du monde", incite Jean Jaurès dans son texte, qu'il republie dans son ouvrage Action socialiste.
"Synonyme de lumière et d'élévation"
Comme le rappelle La Croix, au moment où Jean Jaurès écrit cette lettre, l'école française vient de connaître des réformes inédites sous l'impulsion de Jules Ferry, à qui l'on doit notamment la loi de 1882 sur l'enseignement primaire obligatoire, précisée par une circulaire consacrée à "l'enseignement moral et civique". "Dans ce contexte, Jean Jaurès, admiratif de Ferry, et reconnaissant à l'égard de cette école à laquelle il doit tant, rédige ce texte passé à la postérité", précise le quotidien, qui publie La lettre aux instituteurs et institutrices en intégralité.
"Ce texte fait aujourd'hui partie intégrante du patrimoine républicain et renvoie à l'idée d'une école pleine de promesses, synonyme de lumière et d'élévation, de citoyenneté. Il est, de surcroît, l'œuvre d'une figure politique majeure de l'histoire", poursuit La Croix. De fait, figure des débuts du socialisme et fondateur du journal L'Humanité, Jean Jaurès est passé à la postérité, aux côtés de Jules Ferry, comme l'un des premiers "hussards de la République". Son combat en faveur de la séparation des Eglises et de l'Etat aboutira, en 1905, à la "loi de séparation".
"Redonner le sens du métier"
"La lecture de la lettre de Jean Jaurès aux instituteurs et aux institutrices, elle répond à cette demande de redonner le sens du métier tel que l'a voulu l'école publique à une autre époque, quand on était souvent dans des affrontements. À l'époque, c'était avec l'Église catholique", résume le sociologue Jean Viard dans un entretien à franceinfo.
Le site Eduscol, portail de ressources du ministère de l'Education nationale pour les enseignants, met en ligne une version courte (sans doute destinée aux élèves du primaire) et une version longue, ce que regrette un professeur de SVT dans l'académie de Nice, sur Mediapart. La Bibliothèque nationale de France a, de son côté, mis en ligne la première version du texte, celle qui a été publiée en 1888, accompagnée d'un texte explicatif.
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