Violences urbaines : en difficulté financière, des collectivités sont "malheureusement amenées à alléger leur dispositif de prévention", regrette l'AMF

Philippe Laurent, vice-président de l’Association des maires de France, appelle l'ensemble de la société à réagir face aux violences urbaines.

Article rédigé par franceinfo
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Philippe Laurent, vice-président de l’Association des maires de France, lors du congrès de l'AMF, le 16 novembre 2021. (VINCENT ISORE / MAXPPP)
Philippe Laurent, vice-président de l’Association des maires de France, lors du congrès de l'AMF, le 16 novembre 2021. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

"Je suis obligé de constater que les difficultés financières rencontrées par un certain nombre de collectivités – notamment les départements – les amènent malheureusement parfois à alléger leur dispositif de prévention" pour faire face aux violences urbaines, déplore lundi 21 juillet sur franceinfo, Philippe Laurent, vice-président de l’Association des maires de France (AMF), maire UDI de Sceaux dans les Hauts-de-Seine.

Il a réagi au désarroi exprimé par Emile-Roger Lombertie, maire LR de Limoges (Haute-Vienne), après les violences urbaines survenues le week-end dernier dans sa ville. "Ça fait deux ans que j'essaie de faire de la prévention. J'ai mobilisé toutes les forces police, justice, le département, etc. Personne ne veut jouer le jeu. On a enlevé les éducateurs, on a enlevé les travailleurs sociaux des quartiers et on a des familles pauvres, tout le monde le sait, mais personne n'intervient pour pouvoir faire de la prévention."

Un "relatif désengagement" de l'État

Comme le maire de Limoges, le vice-président de l'AMF estime que "les communes et les villes sont victimes d'un relatif désengagement" de l'État. Selon Philippe Laurent, il faut "vraiment sonner une mobilisation générale" pour "lutter contre ce phénomène qui est en train de déliter notre société". D'autant plus que les violences urbaines touchent désormais "des villes moyennes, qui apparaissent beaucoup plus calmes en général, comme Auch (Gers) ou Vendôme (Loir-et-Cher)".

Ces "phénomènes ne sont pas nouveaux, mais leur généralisation, oui", poursuit-il avant d'appeler à un sursaut général : "C'est un vrai sujet qui concerne l'ensemble de la société." Le vice-président de l'Association des maires de France considère que les collectivités, les associations, les familles, l'État, ont tous un rôle à jouer pour tenter d'endiguer les violences urbaines. Ainsi, Philippe Laurent estime que le couvre-feu pour les mineurs mis en place à Nîmes à partir de lundi est "un élément de solution", alors que la ville, notamment le quartier Pissevin,a été le théâtre de plusieurs fusillades.

Il dénonce également "une démission parentale de certaines familles" parce qu'il "n'est pas normal que des jeunes de 12 à 18 ans, puissent être dehors en pleine nuit et être soumis aux influences néfastes, notamment des trafics de drogue". Le vice-président de l'AMF précise que certaines familles "se plaignent de leur incapacité à pouvoir tenir leurs enfants et ça, c'est un vrai sujet". Enfin, Philippe Laurent soulève les questions "de politique pénale" et "de la lutte contre les consommateurs" de drogue. Il appelle à accentuer les efforts pour les sanctionner car "sans consommateur, plus de marché". L'élu demande également à rétablir la possibilité de prononcer de très courtes peines de prison ferme. "Ça pourrait être aussi une solution car lorsqu'un délinquant ou un trafiquant est interpellé et qu'il ressort le soir même libre, ça ne va pas."

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