"13" au Festival Off d'Avignon : dans la tête d'un survivant du Bataclan
Que se passe-t-il dans la tête d’un survivant du Bataclan ? Présent lors des attaques terroristes du 13 novembre 2015, le romancier Erwan Larher raconte son histoire dans "Le livre que je ne voulais pas écrire". L’ouvrage est adapté au théâtre dans la pièce "13" par Pierre Azéma et Alex Metzinger.
"Je suis Ségolène, je suis un caillou." Comme un talisman, le romancier Erwan Larher a répété cette phrase absurde en boucle durant tout l’assaut du Bataclan, le 13 novembre 2015. Passionné de musique, il assistait au concert de rock du groupe américain Eagles of Death Metal. Son histoire – qu’il a relatée dans Le livre que je ne voulais pas écrire – est adaptée au théâtre par Pierre Azéma et Alex Metzinger dans la pièce 13. Elle se joue au festival Off d’Avignon (Espace Roseau Teinturiers) jusqu’au 26 juillet 2022.
"Vais-je rebander un jour ?"
Que se passe-t-il dans la tête d’un survivant ? Chez Erwan Larher, blessé par balles à la fesse, c’est d’abord une obsession : "Vais-je rebander un jour ?" . Voilà l'une des premières questions qu’il pose à son arrivée à l’hôpital, après avoir demandé des nouvelles de ses précieuses santiags. Habillé d’une blouse bleue le comédien qui l'incarne, Alex Metzinger, passe d’un personnage à l’autre avec une grande fluidité. Un accent italien, une nouvelle posture, et le voilà devenu Francesco, médecin italien qui l’ausculte.
L’acteur interprète ainsi une vingtaine de personnages. Lors d'un apéro dans sa chambre d'hôpital, il arrive à faire apparaître tout son cercle d'amis. Des proches qui ont du mal à le comprendre : Erwan ne ressent aucune culpabilité vis-à-vis de ceux qui ont perdu la vie. Chacun relate comment il a vécu cette soirée dramatique du 13 novembre : tous se sont inquiétés pour Erwan qui lui n'a pas eu une seule pensée pour ses parents ou sa famille. Alors qu’il ressasse ses soucis érectiles, ses proches le somment de raconter ce qu’il a vécu. "Tu dois partager", lui ordonne son meilleur ami Fred.
Du rock en live
Alors, il se met à écrire dans son carnet rouge sous une lumière tamisée, avec en live la musique rock de Pauline Gardel. La scène est divisée en deux parties : à droite, Alex Metzinger, un lit miniature cotonneux et un paravent, à gauche la chanteuse munie d’une guitare électrique, un looper et un micro vintage. Une fois la bande son lancée, elle réussit à donner l’impression qu’un groupe entier est sur scène. Ses mélodies accompagnent le héros dans sa rémission, mais le replonge aussi dans la fosse du Bataclan.
Le petit lit, manipulé et posé à la verticale, sert aussi de barricade. Les caisses claires retentissent comme les coups de feu des assaillants. "Vous direz à Hollande que c’est pour venger nos frères en Syrie", articule Pauline Gardel d’une voix fluette par-dessus la musique. Contraste saisissant et réussi avec la violence des paroles prononcées. Au cours de ces incessants aller-retour entre passé et présent, il raconte la paranoïa qui s’empare régulièrement de lui, sa peur incontrolable à la vue d'un "barbu".
L’amour salvateur
Chez lui, pas de colère contre les terroristes, il en veut plutôt à "l’organisation du monde". Cette victime qui ne se plaint jamais, gentille (voire quelque peu bisounours) finit par être presque irritante. Peut-être que le spectateur trouvera, comme ses proches, qu’il ne correspond pas à l'image que l'on se fait d'un survivant d'un attentat.
Lui se reconstruit par l’amour, de ses amis, de sa famille, puis de Loulou. "Ça change tout l’amour. Autour, en donner, en recevoir, ça change tout", conclut Erwan, transpirant sous les spots violacés. Un voyage au cœur de la résilience avec ce mordu de rock qui à la fin du spectacle retourne dans une salle de concert. Au placard la blouse bleue d'hôpital, Erwan a enfilé un costume à carreaux. Aux pieds, ses éternelles santiags.
"13", mise en scène par Pierre Azéma et Alex Metzinger
Espace Roseau Teinturiers
45 rue Teinturiers, 84 000 Avignon
04 90 03 28 75
Du 7 au 26 juillet au Off d'Avignon à 20h35
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