Les victimes de violences physiques et sexuelles dans trois établissements catholiques du Finistère saisissent la justice

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Article rédigé par France 2 - L. Nahon, L. Franchineau, N. Louis, T. Simonet, S. Soviller, O. Mélinand, France 3 Bretagne, C. Sénéchal, N. Murviedro - Édité par l'agence 6Medias
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Plus d'une centaine d'anciens élèves ont attesté devant la justice avoir subi des violences physiques et sexuelles dans trois établissements catholiques du Finistère. Des faits qui se sont déroulés sur plusieurs dizaines d'années. Une enquête a été ouverte contre les établissements.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Leurs années collège et lycée les ont marqués au fer rouge. Ces anciens élèves de trois établissements catholiques du Finistère sont venus remettre au procureur leurs histoires de violence, d'agression. Comme une femme, victime du directeur de son école : "Il m'a traîné par les cheveux dans tout le couloir jusqu'à ce qu'il se retrouve avec une poignée de cheveux dans la main. Il m'a balancé dans les escaliers, il m'a donné des coups de pied jusqu'en bas des escaliers et il m'a laissé là à moitié inconsciente. En fait, je ne sais même pas combien de temps je me suis urinée dessus tellement j'ai eu peur. Enfin, pour moi, j'allais mourir ce jour-là."

Des claques, des coups, des viols. Les sévices auraient duré des années 1960 à 1990 dans les collèges de Saint-Pierre de Relecq-Kerhuon et à Notre-Dame de Kreisker. 118 anciens élèves ont déposé leurs témoignages auprès de la justice. Comme François Barat, porte-parole du collectif de victimes du collège Saint-Pierre. Il a passé cinq années rythmées par les coups et les humiliations : "Quand on savait pas, on nous mettait à genoux devant les strades. Les 10 élèves à genoux, un à un, se mettaient debout et recevaient la raclette réglementaire."

L'école reconnaît les violences

Les témoignages accusent des religieux comme des laïcs, des dizaines de personnels éducatifs ou professeurs. Nous avons pu joindre l'un d'entre eux. Il ignore que nous l'enregistrons. Tour à tour, il rejette les accusations et reconnaît aussi les violences. Notre journaliste demande : "Vous ne vous souvenez pas d'avoir administré des coups ?" Il répond : "Administré des coups, c'est possible. Je me souviens d'ailleurs d'une mère d'élève qui avait porté plainte. Il y a avait un élève qui traînait un peu, je l'avais tapé dans les fesses pour qu'il avance plus vite. C'était une forme de routine. Qui aime bien, corrige bien !"

Le diocèse de Quimper a ouvert ses archives aux victimes, moment important dans leur combat. Et l'enseignement catholique, de son côté, reconnaît les violences systémiques : "Ces violences, elles sont intolérables. Elles meurtrissent profondément le projet de l'enseignement catholique. Et elles nous engagent aujourd'hui pour le passé, pour le présent et pour l'avenir." Une enquête a été ouverte. Pour la plupart des victimes, les faits sont très anciens. La justice devra dire s'ils sont prescrits.

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