"Nous sommes livrés à nous-mêmes" : au-delà de la vaccination, les grévistes de Guadeloupe dénoncent leurs conditions de vie
La Guadeloupe entame vendredi son cinquième jour de grève illimitée contre l'obligation vaccinale des soignants et le pass sanitaire. Une mobilisation qui divise la population mais qui est surtout révélatrice de problèmes plus profonds.
La grève générale illimitée se poursuit en Guadeloupe : pour le cinquième jour consécutif, des blocages sont prévus sur les routes du département d'Outre-mer, pour protester contre l'obligation vaccinale des soignants et le pass sanitaire. Ainsi, des rangées de pneus, une vieille machine à laver, des troncs d'arbres ou des branches se trouvent parfois entassés sur une route, comme celle du Petit Havre, près du Gosier. Ici, les automobilistes se sont retrouvés piégés pendant quelques heures, face à ce barrage de fortune.
"Je suis éducateur et je m'occupe d'enfants handicapés. Je ne vous dis pas la galère !", peste Denis, qui tente d'aller au travail au volant de sa voiture grise. Il voit rouge : "Je suis contre le vaccin mais je suis aussi contre le fait qu'on bloque la population", enrage-t-il face aux manifestants, qui sont arrivés au petit matin pout tout mettre en place.
"Moi aussi je suis contre le pass sanitaire. Je suis pour eux ! Qu'ils aillent bloquer la préfecture, j'irai avec eux sans problème. Mais nous bloquer, nous, sur les routes..."
Denis, éducateur spécialisé en Guadeloupeà franceinfo
Valérie, elle, est bloquée dans sa voiture depuis 6 heures du matin. À côté d'elle, sur le siège passager, un gros pack d'eau est posé. Une précaution pour celle qui se souvient de la grève générale de 2009. "Les prémices de cette grève sont très semblables à ceux qu'on a connus à l'époque", glisse-t-elle. Cette année-là, des blocages interminables avaient paralysé la Guadeloupe pendant 44 jours. Valérie craint de revivre la même chose.
Coupures d'eau et d'électricité, ordures qui s'entassent...
Tenir le plus longtemps possible cette grève illimitée, c'est précisément ce que veulent les manifestants. "Le combat qu'on mène, c'est pour toute la Guadeloupe", justifie François, l'un d'eux. Entre les rangées de pneus, ils se disent déterminés et redisent encore et toujours leur rejet de la vaccination. "Je dis à tous les Guadeloupéens de ne pas prendre le vaccin. C'est un poison !"
Mais la mobilisation ne se résume pas seulement au refus de la vaccination. C'est en réalité tout un ensemble de problématiques sociétales et économiques qui secouent la Guadeloupe. "Dans ce quartier, il n'y a pas d'électricité ni d'éclairage public depuis six mois. Depuis des années, il y a des coupures d'eau pendant parfois une semaine. Il y a aussi le problème du ramassage des ordures : les gens vivent dans la saleté", dénonce Axel, un habitant du quartier.
Autant de problématiques quotidiennes qui s'ajoutent à des difficultés économiques importantes. "Nous vivons dans la pauvreté. Il y a 35 % de chômeurs ici, beaucoup de gens au RSA et énormément de misère matérielle." Il affirme qu'en parallèle, "l'impôt foncier a augmenté de 1281 %". Et résume : "C'est invivable ! Et en face, l'État n'existe pas. Nous sommes livrés à nous-mêmes."
Quand la police arrive avec des engins pour libérer l'accès, quelques heures après le début du blocage, François glisse, beau joueur : "C'est le jeu !" Si les manifestants laissent faire sans affrontements, c'est parce qu'ils reviendront dans quelques heures pour bloquer une nouvelle fois l’axe routier. "Tant que monsieur Macron ne comprendra pas !, prévoit François. Même les Français en métropole en ont ras-le-bol de lui ! On va lui donner un coup de vaudou", promet-il.
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