Vendanges : les yeux tournés vers le Pas-de-Calais

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Article rédigé par France 2 - A. Domy, L. De Pavant, C. Jean-Pierre, E. Charles - Édité par l'agence 6Medias
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Quand on pense aux vins et aux régions viticoles, le Pas-de-Calais ne vient pas directement à l'esprit. Et pourtant, les vendanges battent leur plein dans la région, qui attire de plus en plus d'exploitants. Du vin made in Pas-de-Calais, c'est le pari dans lequel s'est lancée la famille Carbonnaux. Ils produisent un pinot gris qui se vend même dans un restaurant étoilé.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


L'image paraîtrait presque insolite dans le paysage de Fresnicourt-le-Dolmen : une équipe de vendangeurs sous le soleil dans le Pas-de-Calais. "Le soleil se lève et nous sommes la seule région de France où il ne pleut pas. Il faut en profiter", commente une vendangeuse. L'histoire d'un pari un peu fou : donner des lettres de noblesse à des vignes qui poussent dans les Hauts-de-France. "On aurait dit ça il y a 15 ans, 20 ans ou 30 ans, personne n'y aurait cru", assure un vendangeur.

Eux deux ont voulu y croire. Il y a quatre ans, Laurianne et Paul-Adrien Carbonnaux ont planté deux hectares et demi de chardonnays sur cette parcelle. Le couple n'y avait jamais cultivé autre chose que des céréales. "La nature du sol est quand même assez propice, nous sommes sur un terrain argilo-calcaire, nous sommes exposés plein sud, nous sommes sur les coteaux des collines de l'Artois, donc bien exposés et en pente un petit peu. Ce n'est pas si fou que ça", affirme Paul-Adrien Carbonnaux, vigneron indépendant à Fresnicourt-le-Dolmen (Pas-de-Calais).

Quinze jours d'avance sur les vendanges

Des vignes poussent déjà bien sur un terril de Haillicourt à 10 kilomètres de là, à 130 mètres de hauteur. Si se lancer dans la viticulture donnait vraiment le vertige, une quinzaine de vignerons n'aurait sans doute pas déjà sauté le pas dans les Hauts-de-France. À Fresnicourt-le-Dolmen, les vendanges ont même une belle longueur d'avance cette année. Elles ont démarré quinze jours plus tôt.

La récolte pourrait bien doubler. "C'est un fait, il fait de plus en plus chaud. Le Pas-de-Calais, de manière générale, deviendra une région qui deviendra, à mon avis, une région viticole, en termes d'hectares de vignes plantées dans les années à venir. Ça, c'est évident", avance Paul-Adrien Carbonnaux. Chaque nouvelle récolte reste un défi. Arrivé au chai, le raisin est pressé. Sa sucrosité est surveillée de très près. "Nous sommes à 12,2 d'alcool potentiel. Donc, c'est magique", se réjouit Laurianne Carbonnaux.

"Allons prêcher pour les vins de la région"

La magie a déjà opéré. Depuis un an, ce vin made in Hauts-de-France tutoie les étoiles d'un restaurant gastronomique. Il s'est fait une place sur la carte, là où la clientèle ne l'attendait pas. "Il y en a qui le situent un petit peu entre la Savoie, le Jura et la Loire aussi. Donc, ça part un peu dans tous les terroirs de France. Mais en tout cas, quand je leur dis que ça vient du Pas-de-Calais et que c'est à quelques kilomètres d'ici, en tout cas, ils sont toujours très surpris", se réjouit Stéphane Chavaudra, chef sommelier du Château de Beaulieu à Busnes (Pas-de-Calais).

"Allons prêcher pour les vins de la région. Même si on est amoureux de la Bourgogne, du Bordelais, tout ça, ce sont de grandes régions. Ça fait longtemps qu'ils ont tracé leur chemin. Là, c'est le début d'une histoire", s'émerveille Christophe Dufossé, chef 2 étoiles du Château de Beaulieu à Busnes. "Nous sommes extrêmement fiers d'entendre ces mots et plus que ça, cela nous nourrit pour l'avenir, pour se dire que nous avons fait le bon choix et qu'il faut que nous continuions à travailler dans ce sens-là", répond Laurianne Carbonnaux.

L'histoire ne fait que commencer. Au printemps, un hectare et demi supplémentaire de vignes sera planté.

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