Vidéo "C'est l'histoire d'une femme qui a résisté" : la journaliste Magali Serre retrace le parcours de Fatma A., la sœur d'un émir français du jihadisme

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Article rédigé par Antonin Bodiguel
France Télévisions

Mariée de force à 17 ans à un jihadiste, Fatma A. a grandi dans une famille radicalisée à Paris, sous l’influence de son frère Boubaker el Hakim, figure clé du jihadisme français. La journaliste Magali Serre a recueilli son témoignage dans le livre "Mon frère, le djihad, Daesh et moi".

Terreur, violences, mariage forcé à 17 ans... La vie de Fatma A. aurait pu très mal se terminer. Mais cette femme, qui a grandi à Paris, est "quelqu’un qui a une grosse personnalité, solaire, joyeuse", décrit à franceinfo la journaliste et autrice Magali Serre. Dans son livre Mon frère, le djihad, Daesh et moi (Le Seuil, 2025), paru vendredi 3 janvier, elle raconte le parcours de cette femme "qui a vécu sous la coupe de son frère", Boubaker el Hakim, considéré comme l’un des fondateurs de la filière jihadiste des Buttes-Chaumont, mort en 2016 lors d'un bombardement américain, rappelle Le Monde.

Il la retire de l'école dès 11 ans, empêchant Fatma A. de rentrer en sixième. En 2004, il part combattre en Irak, puis file en Syrie où il intègre l'État islamique et devient responsable des opérations extérieures en Europe. "Il a emmené toute sa famille, son frère et sa sœur, ainsi que sa mère", détaille Magali Serre. Fatma A. "a résisté, malgré la pression qu’il exerçait sur elle. À un moment donné, elle a fui, tout simplement", poursuit la spécialiste du jihad. Cette fuite lui a permis d’échapper à un destin tragique, à l’image de sa mère et de ses frères, morts en Syrie.

Témoigner, c'est se mettre en danger

Cette histoire révèle un aspect encore peu documenté du jihadisme : la radicalisation des familles. "Avant, les jihadistes étaient plutôt isolés, mais, dès les années 2000, on a vu des familles entières se rallier à la cause jihadiste, souvent à partir d’un simple élément de la famille", analyse l'autrice. Boubaker el Hakim a ainsi entraîné sa mère, sa sœur et son frère dans son sillage.

"Grâce à Fatma, c'est la première fois que l'on a accès à l’intimité de cette cellule familiale et on découvre comment se produit cette radicalisation", souligne la journaliste. Pourtant, ces témoignages de résistantes sont rares : se confier est un acte dangereux. "Témoigner, ça signifie se mettre en avant, être identifié", insiste Magali Serre, qui précise que le témoignage de Fatma A. a été anonymisé pour préserver sa sécurité.

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