"Épuisées", les sages-femmes de Mayotte dénoncent une "situation intenable" et exercent leur droit de retrait
L'Organisation nationale syndicale des sages-femmes a publié mercredi un communiqué pour dénoncer les conditions de travail au centre hospitalier de Mamoudzou, la plus grande maternité de France.
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À Mayotte, les sages-femmes du centre hospitalier de Mamoudzou dénoncent une "situation intenable" et exercent leur droit de retrait depuis le 14 août. En cause, le manque d'effectif et des conditions de travail qui "mettent en danger la santé des mères, des nouveau-nés et des soignantes", explique dans un communiqué l'Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF).
"On a l’impression que tout le monde laisse faire et tout le monde s'en fiche", s'indigne mercredi 27 août sur France Culture Fanny. Cette sage-femme, qui a préféré utiliser un nom d'emprunt, est âgée d'une trentaine d'années et travaille à la maternité de Mayotte depuis moins de trois ans. Pourtant, c'est l'une des plus anciennes de l'équipe. Elle a vu les effectifs se réduire drastiquement, passant de 170 sages-femmes à 43 aujourd’hui, dont sept réservistes, relate-t-elle sur France Culture.
Des conditions d'accouchement indignes
La maternité "enregistre environ 8 000 naissances par an avec en moyenne 25 accouchements par jour, 50 consultations aux urgences obstétricales. Pourtant, les équipes travaillent régulièrement avec moins de la moitié des effectifs réglementaires, mettant en péril la qualité et la sécurité des soins", fustige l'ONSSF.
"C'est le serpent qui se mord la queue : c'est dur de travailler, les gens ne restent pas, on est de moins en moins nombreux, c'est de plus en plus dur, les gens partent... Donc, on n'arrive pas à fidéliser les sages-femmes", constate avec dépit Fanny. Les sages-femmes doivent également gérer le manque de place, avec seulement sept salles d'accouchement alors que l'objectif est de 13.
"Des patientes sont hospitalisées sur des brancards. Puis, on a mis en place les tipis, les patientes sont installées dans les couloirs ou en salle d’attente, on met des draps, quand on peut parce que là encore, comme il y a trop de patientes, il n'y a pas assez de draps", raconte-t-elle.
"C'est inhumain d'être hospitalisée sur un brancard pendant des jours en plein milieu d'une salle d’attente."
Fanny, sage-femme à Mamoudzouà France Culture
Elle déplore aussi un deux poids deux mesures parce qu'"en métropole, je ne pense pas qu'une personne tolérerait ça". Cette sage-femme se met à pleurer et explique être "épuisée et effectivement en colère". Elle confie à France Culture son sentiment de "honte" lorsqu'elle doit montrer les chambres d'hospitalisation à ses patientes. Elle raconte également qu'il lui est "déjà arrivé d'accoucher une patiente dans une chambre triple", une expérience qui l'a profondément marquée parce que sa voisine de chambre était "une mineure qui n'avait jamais accouché et qui a assisté à cet accouchement".
Entre sous-effectif et surmenage
Les sages-femmes du centre hospitalier de Mayotte ont décidé d'exercer leur droit de retrait après avoir constaté, cet été, qu'il n'y avait qu'une seule professionnelle pour assurer les urgences obstétricales de nuit, explique Fanny. De manière générale, elles enchaînent "14 à 16 gardes par mois, alternent entre jour et nuit", déplore l'ONSSF. Le syndicat alerte : ces soignants "sont épuisés, exposés au surmenage, et contraints d'accepter des pratiques contraires aux recommandations nationales, comme les sorties précoces à J1 sans organisation sécurisée du suivi à domicile".
Ces "conditions d'accueil indignes pour les patientes" présentent des "risques graves pour la sécurité des mères et des nouveau-nés", poursuit l'Organisation nationale syndicale des sages-femmes et exige "des mesures immédiates". Parmi elles : des recrutements "pour atteindre les effectifs réglementaires", une "amélioration des conditions de travail et du matériel", une "organisation du travail claire et respect des plannings", une compensation financière "pour le travail en sous-effectif avec paiement des heures supplémentaires".
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