Gendarmeries : l'insalubrité des casernes de plus en plus pointée du doigt

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Article rédigé par France 2 - H. Babay, A. Fischer, M. Hauville, G. Liaboeuf, P. Brame - Édité par l'agence 6Medias
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Plafonds humides, moisissures, installations électriques non conformes... Les gendarmes sont de plus en plus nombreux à dénoncer, sous couvert d'anonymat, l'état des casernes. Le ministère de l'Intérieur reconnaît un déficit d'investissement.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


À Versailles (Yvelines), vivent un millier de gendarmes dans ces barres d'immeuble situées en plein cœur de la caserne de Satory. C'est l'une des plus dégradées de France. La femme gendarme nous fait visiter sa résidence. Elle tient à rester anonyme. "Ça, c'est l'accès au logement des gendarmes. Voilà, sans badge sans rien, avec une porte qui ne fonctionne pas, comme vous pouvez le voir. Un ascenseur qui est en panne", nous montre-t-elle.

Dans les parties communes, aucun extincteur ni détecteur de fumée. Et le délabrement est encore plus visible à l'intérieur des appartements, avec des trous, des plafonds humides et de la moisissure. Un cas loin d'être isolé.

Des gendarmes soumis au devoir de réserve

Plusieurs centaines de gendarmes alertent sur l'insalubrité de leur logement de fonction. Ils sont soumis au devoir de réserve. Aucun militaire n'a accepté de nous répondre. Mais sur les réseaux sociaux, ils publient en masse les images de leurs appartements dégradés. Dans l'est de la France, on peut voir des murs grignotés par l'humidité. Dans les Landes, la moisissure s'étale partout. Les cloisons ont été refaites il y a à peine quelques semaines. Et parfois, c'est la sécurité qui est en jeu. Dans une gendarmerie de la Drôme, de l'eau coule le long d'une ampoule électrique allumée.

Des risques, il y en a aussi pour la santé des habitants. Un médecin a dû intervenir pour demander le relogement d'une famille. La petite fille est devenue asthmatique à cause des moisissures. Des témoignages comme celui-ci, David Ramos en a reçu des centaines. Ce lieutenant de gendarmerie pointe une situation inacceptable. "Dans le parc privé, la préfecture prendrait très rapidement des arrêtés pour classer un logement comme étant insalubre ou indécent", dénonce-t-il. Selon un rapport du Sénat, sur les 649 casernes de gendarmerie dont l'État est propriétaire, 430 devraient être rénovées. Une situation connue par le ministère de l'Intérieur.

"Le parc immobilier de la gendarmerie nationale souffre d'un déficit d'investissement. C'est pourquoi cette année, il a été décidé de réinvestir massivement dans ce parc, à hauteur de près de 300 millions d'euros", indique la Place Beauvau. Une enveloppe toujours insuffisante. Le projet de rénovation de la seule caserne de Satory est estimé à près de 600 millions d'euros.

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