Gouvernement de Sébastien Lecornu : "Les socialistes ont pris conscience de leurs forces et de leurs pouvoirs sur le Premier ministre", estime le rédacteur en chef du service politique du Figaro
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Albert Zennou, rédacteur en chef du service politique du Figaro, était l'invité du "10 minutes info" de la matinale de franceinfo, lundi 15 septembre. Répondant aux questions de Jean-Baptiste Marteau et d'Alix Bouilhaguet, il est revenu sur l'accueil par le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu des différents partis depuis sa nomination et les discussions du jour à Matignon.
Au matin du lundi 15 septembre, les discussions ont débuté à Matignon autour du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, qui doit trouver des terrains d'entente afin d'échapper à une future censure. Le rédacteur en chef du service politique du Figaro, Albert Zennou, était l'invité du "10 minutes info" de la matinale de franceinfo le jour même pour revenir sur cette actualité.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Jean-Baptiste Marteau : Sébastien Lecornu peut-il trouver le trou de souris, ou peut-être encore plus petit, qui est devant lui pour tenter de trouver au moins un accord de non-censure ? On a l'impression que du côté des socialistes, en tout cas, on a conscience que c'est avec eux qu'il va falloir discuter, que c'est avec eux que ça va se passer et qu'il va falloir faire des compromis de part et d'autre. On a peut-être vu le discours un peu évolué par rapport à la semaine dernière.
Albert Zennou : Je pense que les socialistes ont pris conscience de leurs forces et de leurs pouvoirs sur le Premier ministre, mais pas sur la constitution du gouvernement, puisqu'il ne s'agit pas de faire entrer des ministres socialistes. L'objectif de Sébastien Lecornu, c'est d'avoir un accord de non-censure. Il faut à la fois contenter les socialistes sur des positions économiques qui sont à l'opposé de celles du bloc central, et notamment des républicains. Contenter les deux va être très compliqué.
Vous avez la question des retraites qui est centrale, mais il y a aussi la question fiscale. La droite, en général, ne veut pas d'augmentation d'impôts, en particulier celle-là. À l'intérieur même du groupe LR, il y a des distinctions, on le voit parfaitement, entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez. Trouver un accord entre les deux va être compliqué. Aux extrêmes, c'est-à-dire du côté de LFI et du côté du Rassemblement national, on est persuadé que de toute façon, ça ne se passera pas.
Des exigences socialistes qui pourraient coincer
On a bien compris que ça ne se passera pas du côté de LFI, ni du côté du RN non plus. Sébastien Lecornu a compris que, contrairement à ses prédécesseurs, ce n'est pas avec le RN qu'il allait pouvoir négocier.
Alix Bouilhaguet : Parler en même temps au PS et au RN, François Bayrou et Michel Barnier ont essayé, mais ont tous deux échoué. On se tourne définitivement du côté des socialistes. C'est vrai que François Hollande y posait trois exigences. Réduire la voilure concernant le montant des économies à faire. Là où François Bayrou visait 44 milliards, les socialistes veulent 22, 23 milliards, même si cela pourrait se situer autour de 30 milliards. Il y a également la contribution pour les grandes entreprises, pour les hauts patrimoines. François Hollande se garde bien de prononcer le mot qui fâche, celui de la taxe Zucman. Mais jusqu'où est-ce que cela ira, est-ce qu'il y a quelque chose à jouer ?
En tout cas, ceci fait partie des exigences socialistes. Et puis, la dernière, qui sera sans doute la plus dure à avaler pour Emmanuel Macron, c'est effectivement cette demande de suspendre la réforme des retraites en 2026, avec un grand débat présidentiel pour 2027, qui tranchera cette question. La question qu'on peut se poser est de savoir si les républicains aussi peuvent accepter tout ça. Je pense que, à partir du moment où on fait entrer Laurent Wauquiez dans un gouvernement, et qu'on y laisse Bruno Retailleau, cela pourrait permettre de changer la tonalité, l'humeur, sur les bancs de l'Assemblée nationale.
Est-ce qu'on a le droit de penser que Laurent Wauquiez peut rentrer au gouvernement ?
Albert Zennou : Il a raté le coche il y a un an. Il aurait bien voulu avoir la place Beauvau, et il ne l'a pas eu. Et on voit bien que ça a servi à Bruno Retailleau, qui est apparu comme l'homme fort de la droite. Il a perdu cette occasion-là. Il faut toutefois reconnaître, Michel Barnier ne lui avait pas proposé non plus Beauvau. Le problème, c'est qu'on se rapproche de plus en plus des élections municipales de mars prochain et de la présidentielle dans un peu plus d'un an. La difficulté pour la droite comme pour la gauche est de déterminer s'il s'agit d'aller sauver le soldat Macron, pour aller sauver un gouvernement qui est très impopulaire, et en pensant toujours aux échéances futures. Le PS comme les LR ont des mairies à sauvegarder et des mairies à conquérir, là où le RN et les LFI n'ont pas cet objectif aussi fort.
Immigration et sécurité absentes du discours de Sébastien Lecornu
Mais le message qu'a commencé à donner Sébastien Lecornu ce week-end dans son interview à la presse quotidienne régionale lors de son déplacement à Macôn, c'est de dire qu'on va renvoyer à 2027 tous les sujets, les grands débats, et on va essayer de trouver ce qui peut nous rassembler pour l'année et demie qui arrive.
Depuis 2024, on voit que chaque parti a des lignes rouges et qu'il entend les faire respecter. Les impôts pour la droite, les retraites pour la gauche, la justice fiscale pour la gauche aussi. Et la droite a aussi remarqué que dans l'interview qu'a donnée Sébastien Lecornu à la presse quotidienne régionale, il n'a été nullement question ni de sécurité ni d'immigration. Ce sont des marqueurs de la droite et pour lesquels il est très important, pour les LR notamment, en vue des prochaines élections, d'avoir une position forte là-dessus. On voit très bien que ce sont des choses qui vont être très difficiles. Et c'est pour ça que peu de gens misent sur la réussite de Sébastien Lecornu. Il va y avoir une difficulté à constituer un pacte de non-censure.
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