Comment éviter de se faire flouer par une photo manipulée sur le net
Entre les images retouchées et celles sorties de leur contexte, il n'est pas toujours simple de vérifier l'authenticité d'un cliché publié sur les réseaux sociaux.
Une douzaine de femmes en niqab rassemblées sur le trottoir en attendant l'ouverture d'une antenne de la caisse d'allocations familiales (CAF). Cette image, accompagnée de son sous-entendu sur une prétendue invasion de la France par des familles islamistes obsédées par les prestations sociales, a été publiée jeudi 2 octobre sur Twitter avant d'être relayée tout le week-end sur le réseau social.
Répétez après nous : "l'immigration est une chance pour la France, l'immigration est une chance ..." pic.twitter.com/uJu6CRpIdf
— @aiglemalin (@aiglemalin) 2 Octobre 2014Problème : contrairement à ce que prétend l'auteur du tweet partagé plus de 250 fois, la scène ne se déroule pas en France, mais en Grande-Bretagne. Le cliché a été recadré et retouché à l'aide d'un logiciel afin de tromper les internautes.
.@aiglemalin @AnnieLanza12 merci Photoshop pour rajouter le logo Caf. Voici la photo originale pas prise en France pic.twitter.com/apaBN5PJ8n
— Isabelle Sénécal (@IsaSenecal) October 6, 2014Qu'il s'agisse, comme dans ce cas, d'une altération graphique de l'image ou bien d'un ancien cliché sorti de son contexte, francetv info revient sur trois méthodes qui permettent de débusquer les manipulations de photographies trouvées sur internet.
En traçant son origine
C'est la manière la plus rapide, et souvent la plus efficace de démasquer une image manipulée. Plusieurs outils en ligne, comme TinEye ou Google images, permettent, en effet, d'effectuer une recherche inversée à partir d'une photo. Ces moteurs fouillent le web à la recherche d'images au contenu semblable, permettant bien souvent de retrouver les originaux.
Dans les deux cas, le processus est similaire. Il faut d'abord récolter l'adresse internet de la photo à tracer, en effectuant un clic droit dessus, puis "copier l'adresse de l'image" ("copier l'URL de l'image" sur le navigateur Chrome, où il est également possible de rechercher directement une image sur Google).

Il suffit ensuite de copier l'adresse récoltée dans la barre de recherche de TinEye ou Google images et de lancer la requête. Il est même possible de faire encore plus simple, en cliquant puis déposant directement la photo depuis un onglet, ou directement depuis le contenu du disque dur, sur la page d'un de ces deux services.
Ainsi, en recherchant sur TinEye une photo détournée de François Hollande présentant les personnages vedettes de Walt Disney sur le perron de l'Elysée, le service retrouvera les deux images utilisées pour ce montage. La première est une photo prise lors d'un point presse du chef de l'Etat en compagnie de son homologue finlandais, la seconde est un cliché de la bande à Mickey prenant la pose à Disneyland Paris. Presque trop facile.
En guettant les traces de retouche
Cela demande un peu plus de pratique, et constitue rarement une preuve certaine de manipulation. L'idée est, cette fois, d'identifier les traces de retouches en repérant des zones de qualités différentes au sein d'une même image. Un élément ajouté a posteriori sur une photo risque, en effet, d'être d'une qualité supérieure au reste de l'image, qui aura été compressé à plusieurs reprises.
C'est cette analyse que propose d'effectuer le site FotoForensics. En y copiant l'adresse de la photo douteuse (comme expliqué plus haut), le service affiche une image révélant les différentes zones de compression. "Avec une image au format JPEG, l'ensemble de la photo devrait être à peu près à un taux de compression homogène. Si une zone de l'image est à un niveau significativement différent, cela indique une probable modification", explique le site (en anglais).
Voici le résultat lorsque l'on analyse la photo retouchée des femmes en niqab avec ce révélateur.

Dans cet exemple, on aperçoit assez clairement que le logo de la CAF ne "ressort" pas de la même manière que le reste de l'image. Mais prudence ! Ce seul élément ne suffit pas pour être certain qu'un cliché est passé par la case Photoshop, prévient FotoForensic. Des contrastes de couleurs importants au sein d'une image peuvent, en effet, donner ce type de résultats. Il convient donc d'en repérer d'autres au sein de la photo et de les comparer avant de crier à la manipulation.
En faisant attention aux détails
L'observation et la prudence restent, dans tous les cas, vos alliés les plus précieux dans la chasse au fake ou à la tromperie. Ainsi, lors de la dernière mobilisation de la Manif pour tous, dimanche 5 octobre, un cliché montrant des enfants bâillonnés portant des vêtements aux couleurs du mouvement conservateur a circulé à toute vitesse sur Twitter.
2014 av. JC : vous avez raison les gars, continuez d'instrumentaliser des enfants. #ManifDeLaHonte #ManifPourTous pic.twitter.com/AG6ZTbtak4
— • Gunther Love • (@Sylvain_Quimene) October 5, 2014Mais comme l'a relevé le Huffington Post, cette photo date, en fait, de 2013. Cette fois, la recherche d'image inversée ne permet pas de le prouver. Dans ce cas-là, il convient de porter une attention particulière aux détails pour se rendre compte que la photo a été sortie de son contexte par des opposants à la Manif pour tous.
Sur le front de certains enfants, on peut ainsi trouver un autocollant "Liberté pour Nicolas". En effectuant sur Google une recherche "Nicolas Manif pour tous", on comprend que la photo a été prise à l'occasion d'un rassemblement de soutien à Nicolas Buss, un militant du mouvement emprisonné plusieurs jours au plus fort de la mobilisation après s'être rebellé contre des policiers.
Pour en avoir le cœur net, il faut effectuer une recherche d'images classique en limitant la publication des résultats dans le temps. Direction Google images, puis "Outils de recherche", et "Période". Une requête "Nicolas manif pour tous enfants bâillonnés", avec des résultats filtrés jusqu'à la fin de l'année 2013, permet de retrouver la trace de cette photo.

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