Reportage "On vit à l’écart de la guerre, mais elle se rapproche" : au Danemark, des habitants d'Esbjerg s'inquiètent des vols de drones au-dessus de leur ville

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Image d'illustration de drone. (ROBERT MICHAEL / DPA / dpa Picture-Alliance via AFP)
Image d'illustration de drone. (ROBERT MICHAEL / DPA / dpa Picture-Alliance via AFP)

Le pays est sur le qui-vive après une multiplication d'incidents dans son ciel depuis lundi, notamment à Esbjerg, où des drones non identifiés ont été repérés dans la nuit de mercredi à jeudi.

Que se passe-t-il au-dessus de leurs têtes ? Ces derniers jours, le Danemark a eu la mauvaise surprise de voir son espace aérien survolé par des drones, notamment au-dessus de quatre aéroports civils et militaires. L'aéroport d'Aalborg, dans le nord du pays, a d'ailleurs dû fermer dans la nuit de jeudi à vendredi à cause d'une alerte aux drones

Les autorités danoises dénoncent une "attaque hybride" d'origine inconnue et ont ouvert une enquête. La Russie n'est pas officiellement désignée responsable, mais les regards se tournent largement vers Moscou.

Parmi les aéroports concernés, celui d'Esbjerg, dans l'ouest du Danemark. Dans cette ville de 72 000 habitants, ces incidents à répétition commencent à préoccuper la population. C'est même le principal sujet de discussion dans l'un des restaurants de la place centrale, confie Jan. Ce serveur, qui passe entre les clients, le confie : à chaque table ou presque, il est question des drones. "C'est terrible ce qui se passe. On vit au Danemark, à l'écart de la guerre, mais elle se rapproche", s'alarme-t-il.

"C'est Poutine !"

"Les clients de mon restaurant s'inquiètent beaucoup. Je pense que c'est fou et je ne peux rien faire", poursuit le restaurateur. Des angoisses partagées par Line, une institutrice de 48 ans. Elle se promène avec son chien dans les rues d'Esbjerg, une ville où selon elle, "on mène une vie tranquille et facile". "On est loin des problèmes du reste du monde... Mais maintenant, on ne sait pas ce qui va se passer et je préfère ne pas trop y penser", élude-t-elle.

Même si elles s'interrogent sur la responsabilité de la Russie, les autorités danoises n'ont pas identifié officiellement l'origine des drones. Pour Thomas, un charpentier de 56 ans, la réponse est toutefois évidente. "C'est Poutine !", lâche-t-il. Il rappelle que le président russe n'en est pas à son coup d'essai : "Il a des agents dans le monde entier. Après les attaques contre la Pologne, la Roumanie et l'Estonie, je ne suis pas surpris".

"[Vladimir Poutine] nous teste et observe combien de temps il faudra à l’OTAN pour réagir".

Thomas, un habitant d'Esbjerg

à franceinfo

Âgé de 21 ans, Kasper n'a pas non plus de doutes. Ce vendeur dans un magasin de téléphonie du centre-ville qualifie l'attaque - qu'il attribue à la Russie - de "stratégique". "On a un port militaire ici et des bases, donc ce n'est pas surprenant, fait-il remarquer. Pour la Russie, c'est bien vu de cibler le Danemark. Ils savent que nous sommes parmi les plus vulnérables en Europe. Peut-être que c'est un piège pour faire éclater l'OTAN."

"J'ai des réserves d'eau dans mon sous-sol"

Henriette, élégante quinquagénaire, dit redouter "une troisième guerre mondiale". Face à la menace qui se rapproche, cette employée d'une entreprise de logistique a pris ses dispositions et se prépare au pire. "J'ai des réserves d'eau dans mon sous-sol et de la nourriture en conserve, pour tenir trois jours. Et aussi une radio qui fonctionne avec des piles", liste-t-elle. Henriette estime que "beaucoup de Danois ne prennent pas la menace au sérieux, mais plus la guerre avance, plus ils se préparent".

Malgré ces survols de drones, les autorités recommandent de ne pas céder à la peur et rappellent qu'aucune menace militaire directe ne vise le Danemark. Le gouvernement a par ailleurs promis de renforcer les moyens pour détecter et neutraliser les drones. Emmanuel Macron a même proposé l'aide de la France, se disant prêt à "contribuer à la sécurité de l'espace aérien danois".

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