Reportage "C'était la voiture à avoir, et là clairement c'est fini" : ces entreprises françaises qui ne veulent plus de Tesla dans leur flotte

En trois mois, la marque de voitures électriques a perdu la moitié de sa valeur en bourse. Beaucoup d'anciens amateurs des célèbres véhicules électriques ne veulent plus soutenir Elon Musk, notamment certains patrons français.

Article rédigé par Anne-Lyvia Tollinchi
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les ventes de Tesla ont diminué en Europe entre janvier 2024 et janvier 2025. (JULIAN STRATENSCHULTE / DPA)
Les ventes de Tesla ont diminué en Europe entre janvier 2024 et janvier 2025. (JULIAN STRATENSCHULTE / DPA)

Elon Musk est-il en train de payer son soutien politique à Donald Trump ? Le patron de Tesla fait face à une chute des ventes de ses voitures électriques : -50% en Europe et -26% en France en février, selon la plateforme automobile PFA.

Si la concurrence commence à se faire rude dans le secteur de l'électrique, les appels au boycott semblent peser lourd dans la balance. Et cela se vérifie notamment chez certains patrons français.

Riposter économiquement

Également vice-président d'Orléans métropole, ce fournisseur d'équipements solaires a pour habitude d'acheter plusieurs Tesla par an pour ses 200 collaborateurs. Mais le mois dernier, il a annulé une grosse commande. "L'année dernière nous en avions commandé 15 et puis il est arrivé, en fin d'année, différents discours d'Elon Musk, des gestes nazis, des tweets 'America first' et l'écologie n'était plus 'first' du tout", relate-t-il.

C'est à ce moment que Romain Roy décide de réagir et d'annuler la livraison. "Je ne donne plus un euro à Elon Musk", assène-t-il. À la place de Tesla, il a choisi des constructeurs européens, bien que cela lui coûte 10 000 euros de plus par véhicule. "C'est un investissement de 150 000 euros supplémentaires", détaille-t-il.

Romain Roy poursuit : "Aujourd'hui, on a les moyens de le faire, on le fait. On ne va pas jeter nos Tesla. Ce sont de bons véhicules et écologiquement, ça n'aurait pas de sens. Mais on ne soutiendra pas par de nouveaux achats la marque Tesla, Elon Musk et ses positions dans le gouvernement de Trump."

Depuis sa prise de position, le chef d'entreprise reçoit "des milliers de messages". "90% des réactions qu'on reçoit sont largement positives", estime-t-il. Car dans ce boycott de Tesla, Romain Roy voit également une manière de défier les Etats-Unis et leurs menaces économiques constantes depuis l'investiture de Donald Trump.

"J'ai acheté cette voiture avant qu'Elon ne devienne fou"

Le nouveau gouvernement américain a également poussé Laurent Jobart à changer la marque de sa voiture de société toulousaine. "On n'achètera plus de Tesla tant qu'Elon Musk aura des parts dans la société", prévient-il. 

Pourtant, avant le virage à l'extrême droite du milliardaire, Laurent était fier de sa Tesla blanche, floquée au nom de sa société, Alpha Wind. "J'étais très fan d'Elon Musk et de ce qu'il avait fait pour la voiture électrique. C'était la voiture à avoir, désirée par tout le monde il y a deux ans et demi. Et là, clairement c'est fini", se désole-t-il.

[Elon Musk] a dégradé totalement l'image de la marque.

Laurent Jobard, patron d'Alpha Wind

à franceinfo

C'est pour cette raison que le chef d'entreprise toulousain a récemment acheté une nouvelle voiture électrique, d'une marque coréenne. Laurent Jobart a aussi supprimé toutes les photos de sa Tesla sur les réseaux sociaux de son entreprise et il compte la rendre dans les prochains mois. En attendant, il a collé un autocollant sur le coffre : "J'ai acheté cette voiture avant qu'Elon ne devienne fou", de plus en plus populaire en Europe.

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