Comment le ministère de l'Action publique compte-t-il étendre le recours à l'intelligence artificielle auprès des fonctionnaires ?

Le ministère de l'Action publique compte, dans les prochains mois, déployer des outils similaires à ChatGPT ou DeepSeek pour les fonctionnaires. Mais les modalités restent floues pour le moment.

Article rédigé par franceinfo - Lou Momège
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le nouveau ministre de la Fonction publique Laurent Marcangeli veut séduire les fonctionnaires en passant par la plateforme LinkedIn. (OLIVIER CORSAN / MAXPPP)
Le nouveau ministre de la Fonction publique Laurent Marcangeli veut séduire les fonctionnaires en passant par la plateforme LinkedIn. (OLIVIER CORSAN / MAXPPP)

Le ministre de l'Action publique, de la fonction publique et de la simplification, Laurent Marcangeli, a annoncé jeudi 6 février que des outils conversationnels, type ChatGPT, seraient mis à disposition des 5,7 millions agents publics progressivement dans les prochains mois. Le but n’est pas de créer une nouvelle IA dédiée à la fonction publique, mais plutôt de développer des solutions déjà existantes.

"Tous pourront utiliser un 'agent conversationnel' pour effectuer des recherches, préparer des courriers, des synthèses ou des comptes rendus, assurer parfois aussi des traductions", a déclaré Laurent Marcangeli, alors qu'il présentait la feuille de route de l'intelligence artificielle dans les services publics, aux côtés de la ministre française chargée de l'IA, Clara Chappaz. franceinfo vous présente les contours de cette stratégie, qui reste pour le moment floue.

Vers l'extension d'un dispositif déjà existant ?

Le ministère compte proposer des alternatives sécurisées aux outils accessibles en ligne comme ChatGPT, et donc miser sur des IA d'origine française ou européenne. Mais les modalités de ce déploiement ne sont, pour l'instant, pas fixées. Le dispositif français Albert pourrait, par exemple, être étendu. Lancée en juin 2024 pour l'administration française, cette intelligence artificielle sert principalement à générer ou synthétiser du texte.

Autre inspiration : le partenariat annoncé mardi 4 février entre France Travail et la start-up française Mistral AI, censé faciliter notamment la communication entre agents et demandeurs d’emploi. Le ministère précise toutefois que malgré cette aide, l'agent aura toujours le dernier mot sur la machine lors de ses démarches. La protection des données reste par ailleurs un élément central de cette stratégie.

L'inquiétude des syndicats

Les syndicats se montrent en revanche plus sceptiques. Ils craignent notamment de voir se créer un biais d'automatisation chez les agents, qui pourraient davantage faire confiance à la machine qu'à leur propre jugement. Alexandre Bataille, référent IA de la CFDT fonction publique, questionne également la souveraineté de ces outils. "Mistral a beau être français à l'origine, il n'a plus un actionnariat uniquement français, mais en grande partie américain", alerte-t-il sur franceinfo.

Caroline Chevé, qui sera nommée secrétaire générale de la FSU le 7 février, a du mal à se réjouir de ces annonces : "Fréquemment, ce type de volonté s'accompagne de suppressions de postes". "Le budget qui a été adopté par 49.3 est un budget d'austérité qui aura des conséquences en termes de moyens humains dans les services publics, poursuit la syndicaliste. On voit difficilement comment ce pourrait être quelque chose qui améliore les conditions de travail de nos collègues et le service rendu à la population".

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