: Reportage Des enseignants formés à l’IA : "Le gain de temps est incroyable" une fois les applications possibles saisies

ChatGPT n'est pas un outil réservé aux élèves. L'intelligence artificielle générative peut aussi aider les professeurs à préparer leurs cours, par exemple. Pour les accompagner, le réseau Canopé, un opérateur du ministère de l'Éducation nationale, forme les enseignants à la pratique de l'IA. Cet après-midi-là, l'atelier Canopé 86 a organisé une première formation de trois heures dans le cadre du campus Numeria, avec trois professeurs de la Vienne. Parmi eux, Yannick est assez sceptique sur les applications concrètes de l'IA dans l'enseignement.

"Pour l'utilisation de l'IA en cours, pour l'instant je ne vois pas", avoue Yannick, professeur de sciences physiques dans un collège. Cet enseignant a encore un peu du mal à percevoir ce que l'IA peut concrètement lui apporter. "Une fois que j'aurais compris, je pourrais mieux l'utiliser dans le cadre de mon travail", espère-t-il. Il y a quelques mois encore, Salomé, aussi était dubitative quand on lui parlait d'IA. Et puis un jour, cette professeure de lettres modernes a dû préparer un exercice de vocabulaire. "Il fallait que je trouve un extrait de roman qui mettait en scène un personnage vaillant", explique-t-elle.

"Il faut chercher dans tous les livres donc j’étais partie pour au moins deux heures de recherche et finalement, j’ai pensé à ChatGPT. Ça m’a pris 30 minutes maximum."

Salomé, professeure de lettres modernes

à franceinfo

"Le gain de temps était incroyable !", souligne Salomé enthousiaste. Sauf que pour obtenir un résultat, Salomé a dû poser sa question plusieurs fois en changeant des mots, ce qui peut vite agacer.

Réinvestir la question de l'évaluation des élèves

C'est là qu'intervient Nicolas Duvergé, formateur au sein du réseau Canopé. Depuis deux ans, il apprend aux enseignants comment diriger l'IA, et poser les bonnes questions. "Une question qui ne fonctionne pas, c'est : 'Fais-moi une séance sur le théorème de Pythagore'. C'est trop vague. L'IA va faire quelque chose mais ça ne sera pas forcément pertinent. Il va falloir préciser le rôle que l'on donne à l'IA. 'Pour une classe de 4e, je veux dans cette séance un certain nombre d'exercices, qu'il y ait des séances de travail en groupe'".

Ces explications du formateur sont plébiscitées par les professeurs. Tous ceux qui ont été formés ce jour-là souhaitent d'ailleurs poursuivre l'expérience en suivant les formations plus poussées. En deux ans, plus de 10 000 d'entre eux ont été formés à l'intelligence artificielle via le réseau Canopé. Face à cet engouement, sa directrice générale Marie-Caroline Missir veut diversifier les formations. "Il faut qu'on continue à proposer des modules de découverte et des modules plus avancés, ou s'interroger aussi sur les biais, c'est-à-dire, comment on réinvestit la question de l'évaluation des élèves avec l'apparition de cette technologie. Est-ce qu'on peut encore leur demander des devoirs maison ? Là, les enseignants ont besoin d'avoir un cadre et de réfléchir aussi à leur pratique". Une réflexion plus large est donc à mener de concert avec le ministère et les académies.