: Info franceinfo Auditions de Pavel Durov devant la justice : le patron de Telegram assure que le réseau "n'a pas été créé pour les criminels"
Interpellé en France en août 2024 et assigné à résidence, le fondateur du réseau Telegram s'est défendu de favoriser les agissements criminels sur sa plateforme. Et s'est engagé à améliorer la modération.
"Telegram n'a pas été créée pour être une plateforme pour les criminels", s'est défendu Pavel Durov devant deux juges d'instruction, le 6 décembre dernier. Le patron de Telegram, accusé de complicité dans la commission de plusieurs crimes et délits, a été entendu devant la justice française pendant près de dix heures. franceinfo révèle en exclusivité, vendredi 17 janvier, les déclarations de Pavel Durov devant les juges.
Il est reproché au patron du réseau social de ne pas agir contre la diffusion de contenus criminels sur la messagerie. La justice soupçonne en effet une complicité éventuelle de la plateforme de messagerie avec des agissements criminels. Pourtant, le multimilliardaire – mis en examen fin août pour 16 infractions – assure que ces utilisateurs sont "néfastes pour les affaires et la réputation de Telegram".
Questionné par les magistrats sur les contenus illicites partagés en masse sur Telegram, sur les chaînes qui permettent d'acheter facilement de la drogue, sur les coordonnées bancaires volées, sur la possibilité d'engager un tueur à gages, ou encore sur les groupes qui proposent des contenus pédocriminels, Pavel Durov – accompagné de trois de ses avocats – répond et promet que Telegram s'engage à "améliorer ses procédures de modération". Il assure par ailleurs que le réseau social supprime chaque mois dans le monde "entre 15 et 20 millions de comptes d'utilisateurs pour avoir enfreint la loi", et que Telegram n'est pas le seul réseau social concerné par ces problématiques, pointant du doigt ses concurrents.
Plus précisément sur les contenus pédocriminels, le patron de Telegram déclare les prendre très au sérieux : "On les retire le jour même", assure-t-il. Face aux juges, Pavel Durov affirme même collaborer avec plusieurs associations de lutte contre l'exploitation des enfants. Des initiatives lancées après l'arrestation du multimilliardaire, lui font remarquer les magistrats. "C'est pendant ma garde à vue que j'ai pris connaissance de la gravité de tous ces faits", confesse le patron de Telegram.
Pour appuyer ses propos, Pavel Durov explique qu'au cours des six derniers mois, Telegram a collaboré avec les forces de l'ordre et que 10 000 données d'utilisateurs ont été transmises aux autorités dans le monde. Entre l'arrestation de son patron fin août et la fin du mois de septembre, Telegram a répondu à la totalité des réquisitions Ofmin (Office mineurs) envoyées, soit une centaine, selon les informations de franceinfo. Un chiffre qui reste très en deça des multiples requêtes faites chaque année par les autorités françaises et auxquelles Telegram n'avait jusque-là jamais donné suite.
Les agissements criminels en augmentation sur Telegram
Malgré les suppressions de comptes affirmées par Pavel Durov, l'utilisation de Telegram par les criminels n'a fait qu'augmenter ces derniers mois, soulignent les juges, chiffres à l'appui. Sur les cinq premiers mois de 2024, 535 procédures ont été ouvertes uniquement par la gendarmerie, contre 808 pour toute l'année 2023. Entre 2017 et 2024, les gendarmes ont recensé 2 000 procédures d'infractions commises ou facilitées via Telegram. La plateforme Pharos en a, quant à elle, comptabilisé 2 700 pour la seule année 2023 avec en tête, les trafics de stupéfiants, la diffusion de contenus pédocriminels, des escroqueries, du terrorisme ou bien du trafic d'armes.
Mis en examen et placé sous contrôle judicaire, Pavel Durov avait dû verser une caution de cinq millions d'euros. Lui qui vit essentiellement à Dubaï est contraint depuis fin août de rester en France et de pointer au commissariat deux fois par semaine. Une autre enquête a par ailleurs été ouverte contre le milliardaire pour des "violences graves" commises à Paris sur l'un de ses fils né en 2017. Selon les informations de franceinfo, dans ce cadre, l'ex-compagne de Pavel Durov avait été entendue en octobre dernier par les enquêteurs français de l'Ofmin et avait décrit un épisode de violences, en novembre 2021, contre son fils âgé de 4 ans à l'époque, commis d'après ses déclarations à l'hôtel Le Ritz à Paris.
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