Sécurité intérieure : si la menace russe paraît "moins mortelle" que le terrorisme, elle est "très dangereuse pour notre démocratie", pointe la patronne de la DGSI

Céline Berthon incite les gens qui s'informent via les réseaux sociaux à rester vigilants : l'information "n'atterrit pas en tête des suggestions tout à fait par hasard, il y a des algorithmes".

Article rédigé par franceinfo
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L'enjeu actuel de la DGSI est de "s'adapter à la montée des menaces liées à la crise géopolitique", explique, mercredi 12 mars sur franceinfo, la directrice générale de la Direction générale de la sécurité intérieure, Céline Berthon. Selon elle, "la menace en matière d'espionnage et d'ingérence peut paraître moins mortelle" que le terrorisme, "mais elle est très dangereuse pour notre démocratie".

"La menace portée par la Russie, qui peut d'ailleurs être portée par d'autres pays, se traduit traditionnellement par une menace d'espionnage très forte, mais aussi par des actions d'ingérence ou de déstabilisation, qui participent à venir saper nos modèles. On a eu en 2023 et 2024 un certain nombre d'actions conduites sur notre territoire par des individus dont nous avons caractérisé qu'ils agissaient pour le compte de la Russie", affirme-t-elle.

Objectif : "fracturer la population française"

Céline Berthon revient notamment sur les étoiles jaunes taguées dans des rues de Paris juste après le 7 octobre 2023, "à un moment où les tensions géopolitiques et sociales entre la Palestine et Israël pouvaient être très vives". "Ces pochoirs réalisés à Paris par des individus qui ont par la suite été identifiés et interpellés, ont été pris en photo et amplifiés artificiellement sur les réseaux sociaux pour faire monter ce débat et opposer en France des idées politiques, fracturer la population française."

"On a la preuve que les individus qui ont commis ces faits sont venus pour les commettre sur notre territoire, obéissant à un ordre qui leur a été donné. Le marqueur qui pour nous est frappant ? Les premières photos ont été mises en ligne par un dispositif qui, pour nous, obéit à la Russie", détaille Céline Berthon. Quand elle parle de la Russie, elle évoque "un volet d'acteurs assez large : Ça peut être évidemment le Kremlin directement, des services, des associations favorables. L'enjeu est de caractériser les faits, mais nous observons que ces faits profitent à un acteur en particulier, ce qui nous permet de cibler notre regard vers un certain pays", explique-t-elle.

Les cyberattaques, "une guerre parallèle qui peut servir les mêmes objectifs"

Parmi les "actions conduites par des pays étrangers sur notre territoire, on peut aussi avoir des phénomènes de repérage sur des industries, qui contribuent, par exemple à l'effort de guerre vis-à-vis de l'Ukraine, et des tentatives de pression sur des opposants réfugiés sur notre territoire", ce dernier fait étant qualifié de "répression transnationale".

Concernant la hausse des cyberattaques en France en 2024, Céline Berthon évoque "une guerre parallèle qui peut servir les mêmes objectifs", avec du cyberespionnage ou du cybersabotage. Parmi les ingérences figure également la manipulation de l'information, une "menace totalement insidieuse car elle se réalise sans qu'on s'en rende compte". "Il y a eu manipulation ou amplification de l'information" concernant la psychose des punaises de lit en France, par exemple. "Aujourd'hui, beaucoup d'individus consomment de l'information exclusivement sur les réseaux sociaux. Il faut impérativement retenir que ce qu'on voit sur TikTok ou sur d'autres n'est pas nécessairement la vérité, et n'atterrit pas en tête des suggestions tout à fait par hasard, il y a des algorithmes", alerte-t-elle.

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