TikTok Lite : "J'ai vraiment un but, je gagne de l'argent", regrette cette jeune utilisatrice après la suspension de la fonctionnalité polémique de récompenses
Sous la pression de la Commission européenne, la fonctionnalité polémique mise en place par l'application a été suspendue. Mais dans les rues de Lyon, certaines utilisatrices la regrettent déjà.
Suspendue, mais trop tard ? Le réseau social TikTok a annoncé mercredi 24 avril qu'il suspendait "volontairement" la fonction de sa nouvelle application TikTok Lite qui récompense les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans, accusée dans l'UE de susciter l'addiction. "Nos enfants ne sont pas des cobayes pour les réseaux sociaux", a aussitôt réagi le commissaire européen au Numérique, Thierry Breton, qui avait annoncé lundi l'ouverture d'une enquête de Bruxelles et menacé de prononcer la suspension dès jeudi.
Des pièces virtuelles, convertibles en cartes-cadeaux, en échange du visionnage de vidéo... TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, avait lancé son nouveau service controversé en France et en Espagne fin mars. Il avait été accusé de renforcer dangereusement la dépendance au réseau social en poussant les utilisateurs à rester connectés. La fonction récompensait les utilisateurs avec des jetons s'ils se connectaient quotidiennement pendant dix jours, s'ils passaient du temps à regarder des vidéos (avec une limite de 60 à 85 min par jour) et s'ils accomplissaient certaines actions, comme aimer des vidéos et suivre des créateurs de contenus. Ces pièces étaient ensuite échangeables contre des cartes-cadeaux sur des sites partenaires, comme Amazon.
Moins d'un mois après son apparition, Charlotte, rencontrée dans une rue de Lyon, est déjà accro : "Je l'utilise presque plus que TikTok normal, j'aime bien faire ça. Plus tu y passes d'heures, plus tu gagnes d'argent, même si vraiment c'est très peu. Ce sont des petits gains de 2 ou 3 euros... mais il faut passer toute la journée dessus. J'ai vraiment un but, je gagne de l'argent", confie la jeune femme.
"Proposer de la récompense là où il y a du stress"
D'autres adolescentes sont plus critiques : "Ça ne sert à rien, c'est une perte de temps, mais il y a des gens qui ne dorment pas, qui deviennent addict. Ça marque vraiment quelque chose dans le cerveau", avance cette jeune Lyonnaise. "Les gens deviennent obsédés par les offres, mais au final, elles ne sont pas aussi intéressantes que ça, par rapport aux temps que tu passes sur l'application", précise encore cette ado.
Le réseau social avait rappelé à plusieurs reprises que seules les personnes âgées de 18 ans ou plus pouvaient collecter des points et qu'il appliquait des procédures pour s'assurer de l'âge des utilisateurs. Un selfie avec une pièce d'identité, un selfie vidéo ou une autorisation de carte bancaire était ainsi nécessaire pour convertir les pièces en bons d'achat. Mais, pour les experts, les risques de contournement étaient évidents.
Psychologue à l'association Addiction France, Yann Calandras compare ses récompenses aux jeux des casinos. "Dans cette société où tout va vite, qui est assez anxiogène, il ne faut pas s'étonner de voir ses applications être très florissantes : elles vont proposer de la récompense là où il y a du stress. Or, le lien en neurobiologie a déjà été très bien établi entre ces deux systèmes. On est face à des mécaniques addictives qui commencent à faire du dégât. On commence à le voir en consultation", reconnaît-il.
"Plus on passe du temps sur l'écran, plus on a une valeur marchande."
Yann Calandras, psychologueà franceinfo
Prenant note de la décision de Bruxelles, TikTok, dont la maison mère est chinoise, a indiqué "toujours chercher à travailler de manière constructive avec la Commission européenne et d'autres régulateurs", avant de préciser suspendre les fonctions de récompenses "pendant que nous répondons aux préoccupations qu'elles ont soulevées", dans un message diffusé sur X.
À regarder
-
Tempête "Benjamin" : des annulations de trains en cascade
-
Femme séquestrée : enfermée 5 ans dans un garage
-
Vaccin anti-Covid et cancer, le retour des antivax
-
A 14 ans, il a créé son propre pays
-
Ils piratent Pronote et finissent en prison
-
Aéroports régionaux : argent public pour jets privés
-
Bali : des inondations liées au surtourisme
-
Cambriolage au Louvre : une nacelle au cœur de l'enquête
-
Alpinisme : exploit français dans l'Himalaya
-
Un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
"Avec Arco, on rit, on pleure..."
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter