: Entretien #NoTwitterDay : "Les gens le considèrent quasiment comme une espèce de service public", alerte un spécialiste
Un collectif appelle à une journée sans tweet sur X vendredi. Pour Jean-Baptiste Soufron, avocat et ancien secrétaire général du Conseil national du numérique, X a "une influence qui va bien au-delà du nombre d'utilisateurs".
"Les critiques que l'on fait à Twitter sont des critiques qui peuvent être faites à quasiment toutes les plateformes", a expliqué vendredi 27 octobre sur franceinfo Jean-Baptiste Soufron, avocat au barreau de Paris et ancien secrétaire général du Conseil national du numérique, alors qu'un collectif appelle ce vendredi à une journée sans tweet sur X (ex-Twitter), un an après la prise de contrôle du réseau social par Elon Musk. "On voit que ce réseau est massivement utilisé par les gens pour s'informer et a une influence qui va bien au-delà de son nombre d'utilisateurs", a alerté ce spécialiste.
Il y a un an, le 27 octobre 2022, Elon Musk achetait Twitter pour 44 milliards de dollars. Un collectif appelle à "une journée sans Twitter" pour dénoncer "les nombreux problèmes" qui ont "émergé", comme la diffusion de fausses informations. Êtes-vous d'accord avec ce constat ?
Jean-Baptiste Soufron : En un an, c'est difficile de dire que le réseau a beaucoup changé. Et surtout, on peut avoir l'impression qu'en réalité, les critiques qu'on fait à Twitter, voire directement à Elon Musk, sont en fait des critiques qui peuvent plus généralement être faites à quasiment toutes les autres plateformes. Mais là, Elon Musk nous sert un peu de meilleur exemple pour dire ce qui va mal, ce qui ne se passe pas bien et ce qui devrait être changé. Et ce qui est intéressant dans cette approche, en disant que l'on va faire une espèce de grève de Twitter ou une grève de X, c'est qu'on voit bien que ce réseau est massivement utilisé par les gens pour s'informer et a une influence qui va bien au-delà de son nombre d'utilisateurs, seulement de 368 millions au niveau mondial. En effet, les gens s'en servent tous les jours et, en réalité, le considèrent quasiment parfois comme une espèce de service public, à ceci près que là, on a un service public qui est dirigé par une entreprise privée.
Twitter ne serait-il pas l'arbre qui cache la forêt ?
Disons que la personnalité d'Elon Musk a ceci d'utile qu'il est tellement dans l'interaction directe que lorsque l'on parle, par exemple, de fake news et de la prolifération de ces fake news, il relaie lui-même des messages de comptes négationnistes. À la différence des autres groupes de l'oligopole de l'information sur internet comme Meta ou Google, Elon Musk lui est radical. Facebook ou Google ont également licencié mais du côté de Twitter, c'est 80%, quasiment des équipes qui ont été licenciées. Et Elon Musk a annoncé presque publiquement que la lutte contre les fake news n'était pas quelque chose qui l'intéresse et qu'il voulait promouvoir sur son réseau. Il s'est fait taper sur les doigts par l'Union européenne parce que tout le monde se servait du réseau pour promouvoir des fausses informations. Et là-dessus, il n'apporte pas vraiment de réponse.
Est-ce aux dirigeants européens, aux entreprises européennes de construire leur alternative ?
D'une part, oui, mais des alternatives, il y en a déjà qui existent avec des alternatives privées comme "Blue Sky" ou "Threads", l'application qui avait été lancée par Méta (ex-Facebook) mais aussi d'autres plus libres et plus ouverts comme Mastodon. Vous avez déjà aujourd'hui des outils qui permettent de fonctionner. Tout le problème, c'est que Twitter a 20 ans et donc en 20 ans, les gens ont pris des habitudes. C'est difficile d'en ressortir.
"Vous avez une inertie qui favorise cette espèce d'attachement à ce service, qui reste un service privé sur lequel nous n'avons que très peu d'impact démocratique aujourd'hui."
Jean-Baptiste Soufron, avocat et ancien secrétaire général du Conseil national du numériqueà franceinfo
Pourtant, on voit beaucoup d'acteurs politiques, le président de la République en tête, mais aussi parfois des préfectures, qui communiquent en premier lieu sur Twitter ?
C'est vrai que, pour des responsables publics, on peut regretter qu'ils utilisent primairement et majoritairement Twitter comme une forme de canal de diffusion, alors que d'autres existent, qui fonctionnent aussi très bien. Il y a, si vous voulez, une espèce de fainéantise, c'est-à-dire que si on est critique et qu'on estime que la qualité de l'information est trop importante, il y a un moment où on peut aussi s'abstenir de communiquer.
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