"L'autre Manuel" : l'histoire d'un auteur qui a su piéger (et faire vibrer) Twitter

La saga de l'été n'était pas en librairie. Elle était sur Twitter. Entre lundi 21 et samedi 26 août, un dessinateur espagnol, Manuel Bartual, a tenu plusieurs milliers d'internautes hispanophones en haleine, en racontant à la manière d'un thriller en temps réel ses vacances qui tournent mal. 

Son récit, alimenté chaque jour en tweets, photos et réponses aux internautes de plus en plus nombreux à le suivre (de 15 000 à plus de 400 000 followers, selon le site Ara.cat), s'est imposé dans les "trending topics" de Twitter, la catégorie désignant les mots-dièses les plus partagés.

Traduite en anglais et en français, cette nouvelle composée de dizaines de tweets (dont la longueur est limitée à 140 signes) incarne une nouvelle façon de raconter les histoires, quitte à faire paniquer les lecteurs en brouillant les frontières du vrai et du faux. 

Le faux : une histoire inquiétante de double surnaturel

"Je suis en vacances dans un hôtel proche de la plage. Tout allait bien, jusqu'à ce qu'il m'arrive des trucs bizarres", commence Manuel Bartual, lundi 21 août. Il raconte qu'il s'est accordé une semaine de vacances, seul, dans une station balnéaire ensoleillée. Sans donner d'informations précises sur son lieu de villégiature, il construit un récit réaliste en donnant de nombreux détails et, photos à l'appui, relate à ses lecteurs un quotidien de vacancier presque ordinaire. 

Car quelque chose ne tourne pas rond dans cette station balnéaire. Si, au départ, ses mésaventures semblent bénignes (un inconnu fait irruption dans sa chambre, il se fait voler un t-shirt, etc.), l'accumulation de ces incidents devient de plus en plus inquiétante (il est suivi, retrouve un message à son intention dans sa chambre sur du papier toilette...), puis complètement surnaturelle (il croise un double de lui-même, évolue dans ce qui lui semble être un monde parallèle, etc.) 

Para llegar a mi habitación debería de ser por aquí subiendo unas escaleras que hay al fondo. pic.twitter.com/m5AUhr7vZI

— Manuel Bartual (@ManuelBartual) August 25, 2017

En interagissant avec les internautes, de plus en plus inquiets sur son sort, le conteur nous fait part de ses doutes puis de son angoisse, jusqu'au dénouement, digne des meilleurs thrillers fantastiques. 

Le vrai : des vacances en famille (très) créatives

"Merci de m'avoir lu jusqu'ici." A la fin de son récit, pressé par des internautes un brin désorientés, Manuel Bartual a bien dû se résoudre à annoncer que son histoire était une fiction. Interrogé par le site Verne, du journal El Pais, il raconte avoir "tout planifié dès le départ, comment [il] allai[t] commencer et comment ça allait se finir". Le tout aidé par son épouse et son fils, au cours de leurs véritables vacances.

"Twitter est une plateforme où les gens prennent ce qui est dit comme la vérité par défaut, comme pour un documentaire au cinéma. A aucun moment, je ne dis que ce que je raconte est vrai, mais c'est compris comme tel", s'est-il étonné.  

Manuel Bartual n'est pourtant pas le seul à utiliser Twitter comme un support de fiction. Aux Etats-Unis, un autre dessinateur, David Ellis, a lui aussi fait trembler les internautes en ce mois d'août, en racontant l'histoire de son appartement hanté.