Taxe sur les plateformes d'écoute de musique en ligne : "La France ne sera plus une priorité pour Spotify", avertit son DG
Antoine Monin dénonce une taxe "inéquitable" qui s'ajoute à beaucoup d'autres et qui favorise, au final, les géants du web.
"L'adoption de cette taxe est vraiment un coup dur porté au secteur de la musique, à l'innovation et aux plateformes indépendantes européennes comme Spotify ou Deezer", a regretté le directeur général de Spotify France sur franceinfo jeudi 14 décembre. La veille, le gouvernement français confirmait la mise en place dès 2024 d'une taxe sur le chiffre d'affaires des plateformes d'écoute de musique en ligne, destinée à financer le Centre national de la musique (CNM), une instance créée en 2020 pour soutenir la filière musicale française, à l'instar du CNC pour le cinéma.
Pour Antoine Monin, DG de Spotify France, c'est "une monumentale erreur stratégique qui va à l'encontre des enjeux de souveraineté économique, culturelle et technologique européenne". Les modalités exactes de cette taxe française n'ont pas encore été dévoilées par le ministère de la Culture. Ce dernier a longuement travaillé avec les plateformes de streaming. Antoine Monin dit avoir "obtenu un accord de branche, mais il semble que le gouvernement a cédé à la pression du lobby du spectacle vivant et de certains parlementaires".
Spotify "désinvestira la France"
Pire, selon le DG de Spotify France, cette décision du gouvernement "fait le jeu des GAFA [les multinationales du web : Google, Apple, Facebook, Amazon], car Deezer ou Spotify sont des entreprises européennes et indépendantes". Antoine Monin assure que Spotify, entreprise suédoise lancée en 2006 devenue numéro 1 mondial de la musique en ligne, n'est "pas encore rentable, contrairement aux concurrents YouTube, Apple ou Amazon, qui ont tout à fait les moyens d'absorber ces taxes" bientôt imposées par le gouvernement français, dès 2024. "Spotify a fait des bénéfices pour la première fois au dernier trimestre [65 millions d'euros], mais pour l'instant, nous sommes dans un équilibre financier fragile".
Antoine Monin estime qu'aujourd'hui, la plateforme Spotify est déjà saturée de taxes en tout genre.
"Nous versons 70% de nos revenus aux ayants droit de la musique, vous ajoutez à cela une TVA à 20%, une taxe sur les services numériques à 3%, une taxe sur les services vidéo à 5% et maintenant une taxe streaming à 1,75%. Comment voulez-vous que nous puissions opérer sur un marché comme la France ?"
Antoine Monin, DG de Spotify Franceà franceinfo
Le DG France de la plateforme suédoise prévient le ministère de la Culture : "Honnêtement, Spotify aura les moyens d'absorber cette taxe, mais Spotify désinvestira la France et investira sur d'autres marchés. La France n'encourage pas l'innovation et l'investissement". Il assure que "la France ne sera plus une priorité pour Spotify".
Pas d'augmentation annoncée pour l'heure pour les utilisateurs
Pour le moment, Spotify "n'a pas encore pris de décision sur la façon" dont la plateforme d'écoute musicale "va absorber cette taxe", déclare Antoine Monin. Donc aucune hausse des prix des abonnements, pour l'instant, n'est envisagée. Mais s'il fallait en faire une, "c'est 10% d'augmentation des abonnements qu'il faudrait faire" pour absorber cette nouvelle taxe française.
Pour financer le CNM, une décision qui "fait sens", Antoine Monin propose de faire "contribuer l'ensemble de la filière, pas uniquement le streaming. Ça veut dire les ventes de vinyles, les ventes de CD, mais aussi les radios musicales…" Le DG de Spotify France tient à rappeler que dans l'accord initial trouvé avec le gouvernement "mettait autour de la table les producteurs, les organismes de gestion collective comme la Sacem et les plateformes. Aujourd'hui, le gouvernement et les parlementaires ont choisi une voie inéquitable, injuste et dangereuse."
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