Quatre questions sur la 5G+, la dernière version du réseau mobile ouverte au grand public dans l'Hexagone par certains opérateurs

Les réseaux mobiles 5G passent à la vitesse supérieure en France. Quelques mois après son concurrent Free, c'est l'opérateur Orange qui a annoncé le lancement de nouvelles offres dites "5G+" à destination des particuliers abonnés à ses forfaits mobiles, dans un communiqué publié jeudi 6 mars.

L'opérateur promet "un réseau encore plus réactif grâce à une latence réseau réduite", et des améliorations en matière de stabilité du réseau internet mobile comme de sécurité des communications. Franceinfo revient en quatre questions sur cette innovation.

1 En quoi consiste la 5G+ ?

La 5G+ est également appelée "5G SA", pour "Stand Alone" ("indépendant", en anglais). Pourquoi ? Parce qu'elle s'appuie sur un réseau dédié d'antennes entièrement consacrées à la 5G, contrairement aux offres 5G actuellement majoritaires (dites "Non Stand Alone" ou NSA).

Les abonnés qui voient actuellement le symbole "5G" s'afficher sur leur téléphone sont en fait le plus souvent raccordés à un réseau d'antennes 4G déjà existantes et optimisées pour permettre l'accès aux fréquences 5G. Mais leur débit, tout en étant supérieur à celui de la 4G, est bien inférieur à celui promis par la 5G SA. Celle-ci utilise des fréquences comprises dans une bande dite "3,5 gigahertz" (GHz), plus précisément comprise entre 3,4 et 3,8 GHz, explique le site de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep).

2 Quels sont ses avantages par rapport à la 5G ?

La 5G SA promet un débit dix fois plus rapide que la 4G, selon l'Arcep, donc une vitesse de navigation internet ou de téléchargement bien supérieure. Elle présente aussi une latence réduite entre l'envoi et la réception.

Comme la 5G SA utilise une bande de fréquence dédiée, elle est également beaucoup plus stable, et peut aussi gérer un plus grand nombre d'appareils en simultané : jusqu'à 1 million au kilomètre carré, contre environ 100 000 pour la 4G, selon une étude de l'Arcep de 2017 (PDF). Un point essentiel pour les zones urbaines et de nombreux secteurs en développement qui requièrent un flux à la fois rapide et stable : télémédecine, cloud gaming (jeu vidéo en streaming), véhicules autonomes, internet des objets (aussi appelé IoT ou IdO)...

Une fois déployée à grande échelle, la 5G devrait permettre des économies d'énergie par rapport à un réseau 4G pour gérer une même quantité de données, toujours selon l'Arcep. Un gain énergétique et écologique non négligeable, mais qui pourrait être compensé par un "effet rebond", si la baisse des ressources nécessaires pour un produit s'accompagne d'une hausse de son utilisation.

3 Quels opérateurs proposent la 5G+ ?

Actuellement, Free et Orange la proposent au grand public. Le premier, sur mobile, depuis septembre 2024. L'opérateur disposait à l'époque de "7 005 sites [des antennes] 3,5 GHz" sur ses "plus de 19 945 sites 5G en service" (les autres étant en 700 MHz, des débits plus proches de la 4G), couvrant ainsi "plus de 94%" de la population, selon le communiqué (PDF) de l'entreprise publié en septembre.

Orange avait pour sa part déjà sorti une "box 5G+" en octobre pour les particuliers. Dans son communiqué de jeudi, l'opérateur a annoncé l'élargissement de cet accès à ses forfaits mobiles compatibles 5G (commercialisés à partir de mai 2023 uniquement), et créé un forfait dédié baptisé "série spéciale 180 Go 5G".

Mais encore faut-il avoir un smartphone compatible avec la 5G+, loin d'être majoritaires. Les appareils iPhone et Google, notamment, n'en font pas partie, relève le site spécialisé Numerama. Le fabricant doit pour cela effectuer une mise à jour qui permet à l'appareil de se connecter au réseau de l'opérateur. C'est ce qui explique que Free et Orange n'aient pas la même liste de modèles compatibles.

Bouygues Telecom et SFR n'ont pas encore annoncé de déploiement de la 5G SA pour le grand public. Mais ces deux opérateurs la proposent déjà aux clients professionnels depuis quelque temps : chez SFR depuis fin 2023, et chez Bouygues depuis février 2024, relate l'AFP. Quant à Orange, c'est déjà le cas depuis l'été 2023.

4 Pourquoi n'est-elle pas encore déployée plus largement ?

"Quand on a une nouvelle technologie, on aime bien qu'elle soit démocratisée, qu'on l'offre au plus grand nombre", expliquait à l'AFP en octobre 2024 Nicolas Thomas, directeur général de Free, pour justifier d'étendre ces offres au grand public. "Progressivement, on va tous basculer vers la 5G SA", anticipait au même moment Nicolas Chatin, directeur de la communication de SFR.

Pas moins de 50 268 sites 5G sont autorisés en France au 1er mars 2025 par l'Agence nationale des fréquences (ANFR), dont 34 130 sites dans la bande 3,5 GHz. "Selon les déclarations des opérateurs, 83,9% des sites autorisés [près de 42 200] sont techniquement opérationnels", ajoute l'agence. Pour autant, la France est loin d'être entièrement couverte au réseau 5G SA, comme en témoigne la carte des sites recensés par l'Arcep.

"On le dit depuis toujours : la 5G SA, c'est pour les clients professionnels", appuyait Sylvain Chevallier, spécialiste en télécoms et associé du cabinet de conseil Bearing Point, auprès de l'AFP en octobre. "Pour le grand public, c'est un peu moins clair, parce qu'aujourd'hui les réseaux mobiles sont de très bonne qualité et les consommateurs peuvent assouvir à peu près tous les usages qu'ils ont sur leurs smartphones ou autres", poursuit-il. Or, la construction de nouvelles antennes 5G dans la bande 3,5 GHz, pour répondre à une plus grande demande, représente des investissements conséquents.