"Je donnerais n'importe quoi au monde pour revoir ma famille" : deux ados ouïghours de France se confient dans "C quoi l'info ?"
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"C quoi l’info ?" donne la parole à Vigoria et Riad, deux ados français d’origine ouïghoure. Du haut de leurs 14 ans, ils nous racontent la situation de leurs familles, réprimées dans la région du Xinjiang, en Chine.
Riad et Vigoria sont deux ados ouïghours. Ils n'ont presque plus de nouvelle de leurs familles restées dans le Xinjiang, dans l'Ouest de la Chine. Ils livrent leurs regards sur les conditions du peuple ouïghour sur le plateau de "C quoi l'info ?".
C quoi l’info ? - Qu'est-ce qui se passe dans le Xinjiang, votre région d'origine ?
Riad : Les Ouïghours ne sont pas libres là-bas. Chacun de leurs faits et gestes est surveillé. Il y a aussi dans la région des camps de concentration où sont enfermés plusieurs centaines de milliers de Ouïghours - plusieurs millions même. Là-bas, trouver du travail est très difficile parce que le travail est réservé aux Chinois. Pour les Ouïghours, c’est très difficile de trouver du travail correct.
Vigoria : Mes parents ont voulu faire un master mais, ils n’ont pas pu, car c’était réservé aux Chinois. Le gouvernement était raciste, il voulait que ce ne soit que pour les Chinois. Ils ont donc décidé de partir à l’étranger en France, là où ils ont pu passer leur master, puis travailler. Ils se sont rencontrés pour la première fois en préparant les examens de français.
Riad : [Les autorités] veulent juste anéantir la culture ouïghoure pour oublier qu’on est des Ouïghours. Ils veulent faire de nous des Chinois à part entière. La première étape, c’est de nous faire oublier notre langue.
Vigoria : Même dans les écoles, la langue ouïghoure n’est plus utilisée, ils n’utilisent que le mandarin. Les gens ont peur de parler ouïghour, car ils ne veulent pas s’attirer d’ennuis avec la police chinoise. Comme ils parlent tous mandarin, ils vont finir par oublier la langue ouïghoure. Si la langue coule, la culture, les danses, les chansons, vont couler aussi.
C quoi l’info ? - Ça a commencé quand ?
Riad : En 2016, les mesures ont vraiment commencé à prendre de l’ampleur, les camps de concentration se sont multipliés. Avant, quand mes parents allaient là-bas, il y avait des contrôles très longs, des interrogatoires qui duraient des heures et des heures, les valises pouvaient être ouvertes pour être fouillées minutieusement. Et aujourd’hui, on ne peut plus du tout y accéder. Si on y va, on risque d’être emmenés dans un camp, ou pire.
C quoi l’info ? - Pouvez-vous nous parler de votre famille là-bas ?
Riad : j’ai toute ma famille là-bas : mes oncles, mes tantes, mes grands-parents et mes cousins. La situation (là-bas) m’inquiète un petit peu. Ils peuvent se faire arrêter à tout moment pour des prétextes futiles. Par exemple, il y a mon grand-père paternel qui s’est fait arrêter en 2018 par la police chinoise et qui s’est fait emmener dans un camp de concentration.
Vigoria : Il me reste des tontons, des tatas, des cousins, des cousines, et mes grands-parents du côté de mon père. La plupart d’entre eux, je ne les connais pas malheureusement. Je les ai vus une seule fois. J’ai eu ma grand-mère paternelle et mon cousin une fois au téléphone. Ça me rend triste de ne pas pouvoir les revoir.
Riad : Là, on a complétement perdu le contact avec eux. Avant, on pouvait passer des appels vidéos, mais on ne pouvait pas tout se dire parce que c’était très surveillé. Maintenant, si on essaye de les contacter, on a peur qu’il leur arrive quelque chose, c’est pour ça qu’ils gardent le silence. Mais on arrive à récolter des informations par-ci par-là, très rarement. Je donnerais n’importe quoi au monde pour revoir ma famille.
Retrouvez l’intégralité de l’interview et notre vidéo explicative sur la chaîne YouTube de "C quoi l’info ?".
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