Reportage JO 2028 : comment les équipes de France de flag football se structurent pour passer à l'heure olympique à Los Angeles

A l'occasion de la Semaine olympique et paralympique (du 31 mars au 4 avril), franceinfo: sport est allé au plus près des Bleus du flag football, cousin du football américain, invité aux prochains Jeux olympiques.

Article rédigé par Anaïs Brosseau
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Entraînement de l'équipe de France masculine de flag football, le 16 février 2025, à l'Insep. (GUILLAUME DIDELET/FFFA)
Entraînement de l'équipe de France masculine de flag football, le 16 février 2025, à l'Insep. (GUILLAUME DIDELET/FFFA)

"Good job Delphine !" "Yes, good catch Lilou." "Allez les filles, let's go !" En ce dimanche matin d'hiver, la pelouse du stade principal de l'Insep avait pris l'accent américain, tout comme celle du terrain de rugby adjacent, en accueillant les néo-équipes de France de flag football. Pour cette première au sein du temple du sport français, franceinfo: sport était au bord du terrain pour accompagner les premiers pas d'une ambition olympique tricolore

Ballon de football américain en main, longues bandes colorées (les flags) accrochées aux hanches, 30 joueurs et 25 joueuses de flag football ont participé au premier rassemblement de l'année des équipes de France élargies. Objectif : poser les bases du projet de qualification olympique des deux collectifs tricolores. La discipline, cousine sans contact du football américain, fait partie des sports invités des Jeux de Los Angeles 2028. 

Pour atteindre son rêve olympique, la Fédération française de football américain, dont dépend le flag football, a choisi de consacrer des moyens supplémentaires – autrefois alloués au football américain – à cette discipline qui compte 6 000 licenciés en France. "Contrairement au football américain, le flag football a longtemps été vu comme un loisir. Les Jeux olympiques ont créé un revirement", décrypte Lionel de Mecquenem, vice-président en charge du flag football à la FFFA.

Première mesure décidée par le nouveau bureau fédéral, les stages et déplacements des élites seront désormais pris en charge presque intégralement par la Fédération. Auparavant, une compétition internationale pouvait coûter près d'un millier d'euros par joueur.

Parier sur l'avenir

"Notre but est de suivre les membres du groupe France avec des stages ou rencontres tous les mois, détaille l'élu. Les groupes élargis seront ensuite réduits en amont des championnats d'Europe prévus en septembre." Créer une émulation, faire naître une cohésion de groupe, rappeler les règles éthiques et les responsabilités de chacun (comme celles de l'antidopage), informer les sportifs sur les dispositifs d'aide financière et bien sûr des entraînements : le programme du premier stage s'annonçait dense, tout cela sous la houlette du responsable du haut niveau des deux équipes, Thomas Perillat. 

"On rentre dans une nouvelle ère pour notre sport, celle du haut niveau olympique. On devait poser le cadre et montrer qu'on a des exigences envers les athlètes."

Thomas Perillat, responsable haut niveau de flag football

à franceinfo: sport

Comme à chaque début de saison, la Fédération a organisé des try-outs (essais) à l'automne pour détecter de nouveaux talents à intégrer aux équipes de France. Mais cette année, l'enjeu a pris une nouvelle dimension, avec les JO 2028 en ligne de mire.

Alors qu'habituellement les groupes France comptaient une petite vingtaine de membres chaque année, les collectifs ont grossi : chez les hommes, quelques licenciés de football américain ont rejoint les rangs du flag football ; chez les filles, 12 sportives découvrent l'équipe de France. "L'élargissement des groupes nous permet d'être sur du développement et pas seulement sur du court terme, justifie Thomas Perillat. Il faut intégrer des jeunes moins expérimentés avec du potentiel pour monter en puissance." 

Le cadre inspirant de l'Insep

Sur les terrains baignés de soleil, dont les lignes ont été spécialement tracées pour le stage, le cut (annonce de la sélection réduite) de l'été est déjà dans toutes les têtes. Les mines sont concentrées, les exercices s'enchaînent sur un rythme soutenu durant deux heures et chaque raté entraîne un geste de dépit du fautif.

"Devenir olympienne : l'objectif, c'est ça et rien d'autre. Je suis prête à tout bien faire. Je veux être la meilleure et que personne ne prenne ma place", glisse avec ambition Delfin Ates, depuis cinq ans joueuse de l'équipe de France.

Nouvelle chez les Bleues, Georgie Bourgeois, 26 ans, se dit aussi prête à mettre la priorité sur le sport, tout en hésitant encore à se projeter sur Los Angeles 2028. "Parler des JO me met des étoiles dans les yeux. Avec les réunions d'hier, on a pu sentir qu'on évolue désormais dans le sport de haut niveau", glisse l'interne en médecine d'urgence à Nancy, "très impressionnée" par les infrastructures de l'Insep. "Voir les portraits des médaillés des Jeux donne envie de les imiter."

Un staff étoffé 

Pour optimiser les chances de qualification aux JO – dont les conditions ne sont pas encore définies –, la Fédération française a étoffé son staff. A l'Insep, huit personnes encadraient les féminines, trois autres les hommes.

De quoi glisser un maximum de conseils individualisés, et pour les entraîneurs, d'avoir une vision d'ensemble. "On regarde les interactions sociales et comment elles jouent ensemble", éclaire Thomas Gachon, entraîneur de l'attaque, épaulé de Jessy Randria, son binôme pour la défense.

Les Bleues du flag football ont bénéficié des infrastructures de l'Insep, les 15 et 16 février 2025. (GUILLAUME DIDELET/FFFA)
Les Bleues du flag football ont bénéficié des infrastructures de l'Insep, les 15 et 16 février 2025. (GUILLAUME DIDELET/FFFA)

"Beaucoup de choses vont changer dans le bon sens. On va pouvoir bénéficier d'un coach mental, d'un préparateur physique, d'un nutritionniste", liste Anthony Riquain, aîné des Bleus, avec ses 37 ans et toujours "l'envie de participer aux JO malgré (son) âge". "Le sport va se professionnaliser. Par le passé, certains bons joueurs ne venaient pas à cause du coût. Ce ne sera plus le cas", salue le joueur, salarié d'Enedis dans le civil. 

La médaille européenne, première marche vers les JO

"On ne réalise pas encore ce qui va nous arriver, confirme Scott Harrison, un des anciens des Bleus avec quatorze ans de pratique dans les jambes. Ce sport vient de rien. Quand j'ai commencé, il n'y avait plus d'équipe de France. Et aujourd'hui, à l'échelle européenne, on se trouve au niveau des meilleures nations. Ça fait rêver." Aux derniers Mondiaux, organisés en Finlande en août 2024, les Bleus avaient pris une belle 5e place, quand l'équipe de France féminine pointait en 11e position.

Programmé mi-septembre, le premier rendez-vous de la nouvelle olympiade sera très attendu : les championnats d'Europe organisés près de Paris. "On y va pour la médaille", affirme Thomas Gachon. "Avec les JO, on a un devoir de résultat plus important. On s'impose aussi à nous-mêmes les mêmes exigences qu'aux athlètes", assure cet autodidacte, policier dans la vie. Avec une compétition organisée dans l'Hexagone, le flag football tricolore tient aussi une occasion de plus de se faire connaître. Et pourquoi pas d'attirer de nouvelles futures pépites.

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