Paris 2024 : "Il n'y a eu ni dérive, ni dépense somptuaire ou injustifiée"... Amélie Oudéa-Castéra et Marie Barsacq relativisent le rapport de la Cour des comptes

Après la publication lundi du rapport la Cour des comptes, pointant une dépense d'argent public à hauteur de six milliards d'euros pour l'organisation des Jeux de Paris 2024, l'actuelle ministre des Sports et sa prédécesseure ont justifié ces chiffres.

Article rédigé par Apolline Merle, Laure Gamaury
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Amélie Oudéa-Castéra, présidente du CNOSF et Marie Barsacq, ministre des Sports, à la Maison du Sport Français, à Paris, le 19 juin 2025. (MILLEREAU Philippe / AFP)
Amélie Oudéa-Castéra, présidente du CNOSF et Marie Barsacq, ministre des Sports, à la Maison du Sport Français, à Paris, le 19 juin 2025. (MILLEREAU Philippe / AFP)

Un rapport à nuancer. C'est le message que les deux patronnes du sport français ont tenu à faire passer, lundi 23 juin, en marge de la Soirée des champions, organisée par le Comité national olympique et sportif français. Amélie Oudéa-Castéra, ancienne ministre des Sports désormais présidente du CNOSF et Marie Barsacq, actuelle ministre de la Jeunesse et des Sports, ont uni leur voix pour répondre à la Cour des comptes qui a publié, le matin même,"une première estimation" du coût des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, estimé à près de six milliards d'euros de dépenses publiques.

Marie Barsacq a d'abord rappelé que ce rapport "rigoureux" était une "estimation", avant la publication d'un second rapport complété d'ici l'automne. "La Cour des comptes a aussi salué le travail qui a été accompli par le Comité d'organisation des Jeux de Paris 2024, avec des Jeux qui ont été au rendez-vous, notamment des enjeux budgétaires, sans dépassement", a insisté l'ancienne directrice exécutive Impact et Héritage du Cojop de Paris 2024.

"La Cour des comptes a des partis pris"

En charge du ministère des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques à cette période, Amélie Oudéa-Castera a défendu son bilan : "Il n'y a [eu] ni dérive, ni dépense somptuaire, ni dépense injustifiée qui soit dénoncée dans ce rapport. Et c'est suffisamment rare dans un rapport de la Cour des comptes pour le relever. Cela montre que l'État et les collectivités publiques ont fait beaucoup de choses pour la réussite des Jeux, qui ont été un succès exceptionnel", a répété l'ancien ministre qui pointe un rapport dont le "curseur" a été placé "trop loin", afin "que l'on parle de leur rapport". "Simplement, la Cour des comptes a des partis pris", nuance dans la foulée l'ancienne magistrate de l'institution.

"A aucun moment, elle ne met en regard des coûts, les retombées. Or on sait que ces retombées positives, elles sont de 7 à 11 milliards d'euros et sont plus élevées que les coûts."

Amélie Oudéa-Castéra, ancienne ministre des Sports et des JOP

en conférence de presse

Marie Barsacq va encore plus loin et rappelle que les "dépenses enregistrées par la Cour des comptes" ne sont pas toutes directement liées aux Jeux, "où des acteurs se sont donné un rendez-vous pour les Jeux, comme pour la ligne de métro 14 à Paris par exemple, ou la baignabilité de la Seine. Ce sont des enjeux qui dépassent les Jeux", appuie-t-elle. "Toute la réfection des infrastructures sportives locales que la Cour des comptes comptabilise pour 253 millions d'euros, alors que 21 millions d'euros seulement ont été utilisés pour les Jeux", ajoute Amélie Oudéa-Castéra.

Pour l'actuelle locataire du ministère des Sports, "il y a aussi des enjeux d'héritage, comme l'amélioration de la qualité de vie en Seine-Saint-Denis. L'enfouissement des lignes à haute tension et la construction de murs antibruit étaient des dépenses publiques pour les habitants, afin d'améliorer leur qualité de vie, et n'étaient absolument pas nécessaires pour l'organisation des Jeux. Tout cela pour dire qu'il faut prendre avec mesure un certain nombre de ces dépenses", estime-t-elle.

"Au global, c'est une très belle équation qui a été tenue, et qui a permis de rendre fier notre pays. Et il faut conserver cette discipline maintenant pour les Jeux de 2030."

Amélie Oudéa-Castera, présidente du CNOSF

en conférence de presse

La Cour des comptes précise bien qu'un rapport plus détaillé sera publié d'ici octobre. Il tiendra compte de certaines dépenses, pas encore entièrement connues à ce jour comme celles des collectivités, mais aussi certaines dépenses fiscales. Un autre rapport sera par ailleurs publié en 2026 sur la partie héritage. "Il sera important de voir ce que la Cour dira sur les recettes et sur l'héritage, a affirmé Amélie Oudéa-Castera. La Cour a ce parti pris méthodologique d'avoir séquencé les choses et de ne se focaliser que sur les coûts. Moi, je les remets en perspective parce que je ne veux pas que les Français pensent que tout ceci a été mal géré", a conclu l'ancienne ministre.

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