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Paris : "L'objectif est d'avoir au moins deux sites de baignade" dans la Seine d'ici 2024

CĂ©lia Blauel, adjointe en charge du DĂ©veloppement durable et de l’eau Ă  Paris, veut assainir les eaux de la Seine d'ici 2024. Comme Ă  la Villette, elle veut crĂ©er au moins deux accĂšs Ă  l'eau libre, mais dĂ©limitĂ©s par des pontons.

Article rédigé par franceinfo
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Des enfants se baignent dans le canal l'Ourcq, en juillet 2017.  (MARTIN BUREAU / AFP)
Des enfants se baignent dans le canal l'Ourcq, en juillet 2017.  (MARTIN BUREAU / AFP)

Se baigner dans la Seine était une promesse de Jacques Chirac et l'image fait rĂȘver les Parisiens depuis au moins 30 ans. "Au dernier recensement, plus de 25 poissons trouvaient des conditions de vie adĂ©quates dans la Seine", assurait le maire de Paris en 1990. Vingt-sept ans plus tard, Anne Hidalgo s'y engage Ă  son tour, portĂ©e par la candidature de Paris aux Jeux olympiques d'Ă©tĂ©.
"Les JO sont un bel objectif mais c'est surtout un accĂ©lĂ©rateur pour transformer Paris", explique CĂ©lia Blauel, adjointe en charge du DĂ©veloppement durable et de l’eau Ă  Paris, lundi 7 aoĂ»t sur franceinfo. En plus du bassin de la Villette, la ville a dĂ©jĂ  identifiĂ© deux sites qui pourraient accueillir les baigneurs.


franceinfo : Comment Anne Hidalgo va-t-elle arriver à assainir les eaux de la Seine ?

Celia Blauel : Elle va y arriver parce que ça fait dĂ©jĂ  quelques annĂ©es qu'on y travaille. Il y a au moins un point sur lequel je suis d'accord avec Jacques Chirac : on a aujourd'hui un marqueur de pollution avec les poissons. Il n'y avait plus que deux espĂšces de poissons dans la Seine dans les annĂ©es 70. Aujourd'hui, il y en a plus de 35. On a donc une qualitĂ© de l'eau qui s'amĂ©liore. On a aussi un savoir-faire cette fois-ci aussi puisqu'on a ouvert une baignade publique dans le bassin de la Villette, dans le canal de l'Ourcq, il y a quelques semaines. Ce sont exactement les mĂȘmes problĂ©matiques auxquelles on a dĂ» faire face pour la Seine. On sait donc maintenant comment opĂ©rer.

Mais vous avez dû fermer quelques jours aprÚs l'ouverture à cause d'une bactérie


On sait aujourd'hui que le problĂšme que l'on a Ă  rĂ©gler dans le bassin de la Villette, comme dans la Seine, est celui du rejet d'assainissement. On arrive Ă  avoir une bonne qualitĂ© de l'eau sauf quand on a de trĂšs fortes pluies comme on a pu connaĂźtre cet Ă©tĂ©. Auquel cas on est obligĂ© de fermer pendant 24 Ă  48 heures, mais pas beaucoup plus. On a vraiment rĂ©ussi Ă  rĂ©cupĂ©rer la qualitĂ© de l'eau sur le fond Ă  la Villette. On parlait du maillot de bain de Jacques Chirac. Moi j'ai sautĂ© dans la Villette l'annĂ©e derniĂšre dĂ©jĂ . C'est une eau de trĂšs bonne qualitĂ© et je crois que les gens en profitent bien. On a le mĂȘme travail Ă  faire sur la Seine. On y travaille depuis le dĂ©but du mandat d'Anne Hidalgo. Je suis trĂšs confiante et trĂšs enthousiaste Ă  l'idĂ©e de rĂ©aliser cette promesse attendue depuis longtemps, c'est vrai.

On pourra se baigner partout à Paris ou seulement sur quelques sites ?

On est en train d'y réfléchir. L'objectif à 2024 est d'avoir au moins deux sites de baignade sur le modÚle de ce qui a été fait à la Villette avec un accÚs à l'eau libre mais délimité par des pontons. On a déjà identifié deux sites qui nous paraissent appropriés mais qui ne sont pas encore validés. On pense à un site du cÎté du Trocadéro, un autre dans le 12e, prÚs du jardin Tino Rossi mais c'est encore à valider notamment avec Port de Paris et Voies navigables de France.

Quel est le plan d'action ?

C'est un plan d'action vraiment global. On est en lien vraiment Ă  la fois avec les services de l'Etat, mais surtout de toutes les communes autour de Paris qui sont traversĂ©es par la Seine et la Marne. On travaille principalement sur l'idĂ©e d'Ă©radiquer les rejets d'eau sale dans la Seine. Il faut traiter en prioritĂ© les grands centres d'Ă©puration qui traitent les eaux sales des immeubles pour qu'ils soient Ă©quipĂ©s de filtre Ă  ultraviolets. Cela va ĂȘtre rĂ©alisĂ© dans les mois qui viennent. Il faut qu'on travaille sur les pĂ©niches et les bateaux de loisir qui rejettent encore leurs eaux sales dans la Seine. Il faut vraiment que ça s'arrĂȘte. Au-delĂ  des JO, il y a vraiment une problĂ©matique environnementale Ă  traiter. Et il faut aussi qu'on travaille sur les eaux de pluie. Il faut que nos eaux de pluie, quand elles tombent du ciel, repartent au milieu naturel et qu'elles ne soient pas contaminĂ©es dans leur course vers le milieu naturel pour repolluer la Seine derriĂšre. On a ces gros chantiers qui sont en cours et qui sont dĂ©jĂ  trĂšs engagĂ©s. Donc on est trĂšs optimistes pour 2024, mais surtout pour au-delĂ  des JO. On fait le pari d'avoir un fleuve propre au-delĂ  mĂȘme des jeux.

Rendre la baignade possible de maniÚre durable, c'est un autre défi ?

C'est un grand dĂ©fi. Les JO sont un bel objectif mais c'est surtout un accĂ©lĂ©rateur pour transformer Paris. C'est comme ça qu'on l'envisage dans la capitale. On a envie de faire comme d'autres villes comme en Allemagne, en Suisse oĂč il y a des baignades pĂ©rennes, dans le Rhin notamment oĂč les gens se baignent tout l'Ă©tĂ©. On a envie de redonner la Seine aux Parisiens et je crois qu'ils en ont trĂšs envie. Il y a beaucoup de gens qui nous contactent parce qu'ils ont envie de retrouver l'eau. Il y a aussi toute une problĂ©matique de lutte contre le dĂ©rĂšglement climatique, redonner de la place Ă  la nature dans la ville. C'est vraiment ce dĂ©fi du 21e siĂšcle bien plus que les JO. On voit vraiment beaucoup plus loin.

Combien est-ce que cela va coûter ?

On est en train de chiffrer aujourd'hui. On a plusieurs scénarios sur la table pour réaliser cette opération. Ce qu'on sait aujourd'hui c'est que, par exemple, équiper deux usines de traitement avec des filtres à ultraviolets à un coût de 40 à 50 millions [d'euros]. Le plan global sera sans doute autour de 200 millions d'euros, mais aujourd'hui c'est trop tÎt pour donner trop de chiffres. C'est aussi un projet qui aiguise les appétits de certains grands industriels qui voudraient nous vendre des technologies. On doit donc affiner tout ça, on le saura début septembre lors du prochain comité Seine. C'est un investissement pour l'avenir aussi parce que, on l'a vu ces derniers jours avec Rome qui a été privée d'eau. Il faut protéger notre eau, il faut protéger la Seine, il faut protéger tous les fleuves de France.

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