Reportage "Pour que le public, lui aussi, fasse face à cette machine de mort" : l'une des dernières guillotines de France exposée au Mucem

À l'occasion de l'entrée au Panthéon de Robert Badinter, une guillotine sera exposée à partir du 9 octobre au Mucem à Marseille, pour témoigner de ce qu'était la peine capitale abolie en 1981 sous l'impulsion de l'ancien garde des Sceaux.

Article rédigé par Mathilde Vinceneux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La guillotine exposée au Mucem à l'occasion de la panthéanisation de Robert Badinter. (MIGUEL MEDINA / AFP)
La guillotine exposée au Mucem à l'occasion de la panthéanisation de Robert Badinter. (MIGUEL MEDINA / AFP)

C'est l'une des dernières guillotines de France et elle sera exposée au musée à partir de mercredi 9 octobre. Le Mucem à Marseille ressort de ses collections l'un de ces "engins de la mort", à l'occasion de la panthéonisation de Robert Badinter. L'ancien garde des Sceaux, avait fait entrer deux guillotines au patrimoine national, en 1982, un an après l'abolition de la peine de mort, un objet très rarement montré au public.

Difficile de ne pas frémir quand la guillotine reprend forme entre les mains des équipes du Mucem qui l'installent. Elle se dresse, avec ses quatre mètres de haut, ses 800 kilos et sa lame oblique qui a coupé des têtes. "Le public va réagir. C'est une pièce très forte", prédit Marie-Charlotte Calafat, directrice scientifique du Mucem. Cette guillotine dormait en pièces détachées dans les collections du musée, sans manuel de montage. "On n'a effectivement pas de kit de remontage, en revanche on sait très bien que le dernier bourreau mettait seulement vingt minutes à remonter la guillotine quand nécessaire", explique Marie-Charlotte Calafat. 

Face-à-face rare

On ne sait pas précisément combien de fois cette guillotine a servie, mais aujourd'hui, sa lame est bloquée. C'est ce que voulait Roberd Badinter, après s'être battu contre la peine de mort explique Pierre Olivier Costa, le directeur du Mucem. "Il n'a pas voulu détruire les guillotines, il a voulu justement qu'on les conserve".

"Il décide de dédier sa vie à ce combat le jour où il assiste à une exécution et qu'il se retrouve avec cette machine face-à-face. Il en parle presque comme d'une bête qui veut sa ration de sang."

Pierre-Olivier Costa

à franceinfo

"C'est pour ça qu'il voulait que ça rentre dans un musée, c'est pour que le public, lui aussi, fasse face à cette machine de mort", rapporte le directeur du Mucem. Un face-à-face rare. Jusqu'ici, cette guillotine n'avait été montrée que trois fois au public, souvent cachée derrière un voile, par exemple, en 2010, au musée d'Orsay. La guillotine est visible dans l'une des salles de l'exposition permanente du Mucem, une exposition qui sera gratuite, jeudi 9 octobre, pour rendre hommage à Robert Badinter.

Le reportage de Mathilde Vinceneux à Marseille

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