: Reportage "C'est l'anarchie totale" : à l'aéroport de Mayotte, des centaines de personnes tentent d'obtenir une place dans un avion pour quitter l'archipel
Plus de dix jours après le passage du cyclone Chido à Mayotte, des Mahorais espèrent quitter l'archipel.
À Mayotte, en cette veille de Noël, certains rêvent de quitter l’archipel, au moins provisoirement. Onze jours après le passage du cyclone Chido, la situation est extrêmement précaire sur place. On manque toujours d’eau, de soins, alors les places s’arrachent dans les rares avions vers la Réunion. Des fonctionnaires de métropole et leur famille patientent parfois depuis plusieurs jours, directement à l’aéroport de Mayotte, pour espérer attraper l’un de ces vols.
Ils sont près de 200 dont beaucoup d’enfants, assis par terre, entre les valises, devant l’aéroport : une partie de dés pour passer le temps et les parents qui guettent le prochain appel au mégaphone. Une policière annonce, sa liste de noms à la main, la centaine de personnes qui auront la chance de prendre le prochain vol.
"Donnez-nous des informations, on ne demande pas grand-chose !"
Roukia n’en finit plus d’attendre, elle qui enseigne au lycée ici depuis six ans : "J'ai des problèmes cardiaques, mon fils est asthmatique, donc je suis censée être sur la liste prioritaire. On est là depuis hier, on ne tient compte de rien. Ici, c'est l'anarchie totale, il n'y a aucune organisation. Qu'on sache si on part ou si on ne part pas, donnez-nous des informations, on ne demande pas grand-chose !"
Dans la chaleur du petit matin, certains réclament des toilettes ou à manger. Mais sans être sur la liste, impossible d’accéder à l’intérieur de l’aéroport. Solène et Tatiana, toutes deux professeures d’EPS, serrent les dents pour éviter les larmes."Ça fait déjà deux jours qu'on attend et là, elle nous dit que normalement, on y sera tous, ce soir, raconte Solène. Ils nous disent ça tous les jours et tous les jours on a de faux espoirs, on espère partir et au final pas du tout." Tatiana confirme : "Il y a une très mauvaise gestion des listes. Il y a des gens qui partent alors qu'ils ont encore un toit au-dessus de leur tête. Moi, personnellement, je n'ai plus de toit. Je loge dans une colocation, on est huit, il pleut à l'intérieur."
"C'est sûr que je vais revenir en janvier"
Quelques touristes, qui ont vu leur vol annulé, tentent aussi leur chance. La plupart de ces candidats au départ sont fonctionnaires. Le plus souvent des enseignants, comme Julie, qui ne part pas de gaîté de cœur : "C'est très dur de se dire qu'on va laisser tout le monde comme ça, dans la merde. On a l'impression d'être lâches, de les abandonner. Et en même temps, je pense à mes enfants, je me dis que si on a un problème médical, je ne peux peut-être pas les soigner. Ce n'est pas facile. Je suis professeur de l'Education nationale, et c'est sûr que je vais revenir en janvier pour assurer ma mission auprès des enfants qui ont besoin de retrouver une routine rapidement." Revenir vite, après avoir laissé derrière soi, quelque temps, la désolation de Mayotte.
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