Afghanistan : les talibans n’ont "aucun intérêt à exercer de la violence" mais leur idéologie "n’a pas changé", analyse un spécialiste de l’Afghanistan
Romain Malejacq souligne que les talibans sont toujours "très proches d'Al-Qaïda".
Au lendemain de la chute de la capitale afghane, Kaboul, aux mains des talibans, Romain Malejacq, spécialiste de l’Afghanistan, estime sur franceinfo lundi 16 août que "les talibans n’ont absolument aucun intérêt à exercer de la violence" mais il assure que leur idéologie "n’a pas changé", 20 ans après la fin de leur régime. Professeur de sciences politiques à l’Université de Radboud, aux Pays-Bas, il souligne que les talibans sont "toujours très proches d’Al-Qaïda" même si les liens, notamment financiers, ont changé. Et il qualifie de "terrible" le silence entretenu jusqu’ici par le président américain, Joe Biden, qui prendra la parole à 21 heures 45 heure française ce lundi.
Il n'y a pas eu de combats pour arracher ce pouvoir au président afghan, Ashraf Ghani. Peut-on imaginer que ce transfert du pouvoir soit effectivement pacifique, comme le promettent les responsables afghans et talibans ?
Oui, on peut le penser. Les talibans n'ont absolument aucun intérêt à exercer de la violence puisqu'ils veulent prouver à la population que justement, eux, sont en mesure de faire régner l'ordre. Et on voit bien que de toute façon, la situation devenait insupportable pour le gouvernement, pour le régime, donc les talibans sont rentrés dans Kaboul et ils vont prendre le pouvoir, tout simplement. En revanche, l'idéologie des talibans n'a pas changé. On est nombreux à avoir des échos quant au fait que les talibans font du porte à porte pour identifier les personnes qui ont travaillé avec le gouvernement, avec les étrangers, les femmes en particulier. Donc là-dessus, il ne faut rien en attendre et ça va être terrible pour la population afghane. La seule chose, c'est que, peut être, ils vont un peu modérer leurs pratiques sous pression de la communauté internationale, si les talibans veulent effectivement être reconnus comme le régime en place et bénéficier d'un soutien économique, notamment des Américains et d'autres puissances.
Que peut-on dire aujourd'hui de leur proximité avec Al-Qaïda ?
La question d'Al-Qaïda est un peu différente de la question des mœurs. On sait que les talibans sont toujours très proches d'Al-Qaïda. Il y a des liens qui sont personnels entre des membres d'Al-Qaïda et des membres des talibans. En revanche, les talibans ne dépendent plus financièrement d'Al-Qaïda, comme cela a pu être le cas par le passé. Et si ces liens n'ont pas été rompus depuis février 2020 et la signature de l'accord de Doha, on peut penser que des pressions diplomatiques, notamment des pays de la région et des Américains, peuvent éventuellement faire changer cela, puisqu'il est très important pour les talibans d'obtenir cette reconnaissance diplomatique internationale.
Le président des Etats-Unis s'adressera ce lundi soir au peuple américain. Que penser du silence de Joe Biden jusqu'ici ?
Ce silence est terrible. Il porte une grande partie de la responsabilité, de même que l'administration Trump, de ce qui est en train de se passer. Le retrait devait avoir lieu un jour ou l'autre, mais pas de cette façon, pas aussi rapidement et sans coordination avec les militaires afghans. Effectivement, les scènes qu'on voit aujourd'hui, notamment à l'aéroport de Kaboul, vont probablement hanter les nuits de Joe Biden. Moi, je pense qu'il y avait une autre façon de négocier avec les talibans. D'abord, il aurait fallu le faire bien plus tôt. Et puis, surtout, de façon à donner un peu plus d'influence au gouvernement, un peu plus de pouvoir puisque le régime a été affaibli au fur et à mesure des négociations. On a vu que les talibans avaient obtenu tout ce qu'ils voulaient, notamment le départ des Américains, sans jamais faire de concessions sur le dialogue inter-afghan et sur les négociations avec le régime.
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