: En images Afghanistan : en chantant sur les réseaux sociaux, ces femmes défient les talibans qui leur interdisent de faire entendre leur voix dans l'espace public
Le régime des talibans vient de promulguer de nouvelles restrictions visant à effacer les femmes. En réponse, elles sont des dizaines à chanter leur refus de se soumettre à ces lois sur les réseaux sociaux.
/2023/07/06/64a68815cd1a7_placeholder-36b69ec8.png)
/2024/08/29/000-36ey6mh-66d05bfacc9ff244629696.jpg)
Ces Afghanes refusent d'être effacées de l'espace public. Alors que le régime taliban a promulgué fin août une nouvelle loi régissant encore davantage la vie des femmes, des dizaines d'entre elles protestent sur les réseaux. Cette législation, qui comporte 35 articles et qui vient s'ajouter à un régime déjà particulièrement discriminant, interdit notamment aux femmes de chanter, de réciter un poème ou de lire à voix haute en public.
En réponse à ces nouvelles entraves, des dizaines d'Afghanes, à l'intérieur du pays et à l'étranger, ont posté sur les réseaux sociaux des vidéos d'elles-mêmes en train de chanter, accompagnées de messages : "Ma voix n'est pas interdite" et "non aux talibans".
"Emprisonnée chez moi pour le seul crime d'être une femme"
Le fondateur de l'ONG Afghan Peace Watch, Habib Khan, a relayé l'une de ces vidéos, qui aurait été filmée en Afghanistan. Derrière son long voile noir, une femme y chante des critiques virulentes à l'encontre du régime taliban : "Vous m'avez réduite au silence pour les années à venir. Vous m'avez emprisonnée chez moi pour le seul crime d'être une femme."
D'autres témoignent à visage découvert, comme cette jeune femme, qui chante tout en ajustant son voile devant un miroir. Dans cette vidéo, accompagnée du hashtag #No_to_taliban, Taiba Sulaimani dénonce cette mise au silence. La nouvelle loi impose aux Afghanes de ne plus laisser le son de leur voix dépasser les murs de leur maison. "La voix d'une femme est son identité, pas quelque chose qui devrait être caché." Elle ajoute : "Tu appelles ma voix nue. Mais je chanterai l'hymne de la liberté !"
Plusieurs vidéos de groupes de militantes circulent en ligne. Ici, un groupe de femmes chante en chœur derrière un drapeau afghan, le visage et les mains peintes en rouge. D'autres collectifs ont pour leur part posté des vidéos dans lesquelles on les voit le poing levé ou déchirant des photos du chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada.
Le mouvement est repris dans le monde entier, et nombre de femmes apportent leur soutien aux Afghanes. Zala Zazai, une ancienne policière qui vit en Pologne, fait, elle aussi, entendre sa voix. "Tu considères mon corps et ma voix comme nus, je chanterai pour mon droit", écrit-elle sur X, interprétant en vidéo une chanson sur la résilience des femmes, de l'artiste afghane Aryana Sayeed.
Les restrictions imposées aux femmes en Afghanistan sont "inacceptables", a-t-elle confié à l'AFP. "Les Afghanes ont fini par comprendre que les misogynes ne peuvent plus nier nos droits humains au nom de la religion et de la culture. Et nos voix qui réclament nos droits ne seront jamais réduites au silence."
"Nous détruirons" le régime des talibans
"Nous, les femmes afghanes, avons secoué le palais de votre régime autoritaire et nous le détruirons", chante Tahmina Salik, une autre militante pour les droits des femmes. Cette vidéo, repostée par le défenseur des droits humains Jahanzeb Wesa, est accompagnée du hashtag #GenderApartheid ("apartheid de genre").
Depuis trois ans, la moitié de la population afghane est privée de droits fondamentaux. Pour le principal porte-parole du gouvernement taliban, Zabihullah Mujahid, les critiques contre cette loi témoignent d'une "arrogance" et d'une mauvaise compréhension de la charia.
Ces femmes afghanes qui chantent à visage découvert sur les réseaux sociaux s'exposent à de nombreux risques. "Si les talibans les trouvent, elles ou des membres de leur famille pourraient être détenus, torturés, ou mêmes tués", explique Fereshta Abbasi, chercheuse sur l'Afghanistan pour Human Rights Watch auprès de Libération. Par le passé, "les talibans ont souvent répondu à ce type de protestation par la violence", rappelle-t-elle encore.
Mardi, l'ONU a appelé à l'abrogation de cette loi visant les femmes, la qualifiant de "totalement intolérable". Celle-ci "renforce les politiques qui effacent complètement la présence des femmes dans l'espace public, réduisant leur voix au silence et les privant de leur autonomie individuelle, tentant ainsi de les réduire à l'état d'ombres sans visage et sans voix", a lancé la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, Ravina Shamdasani.
À regarder
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
-
Un ancien président en prison, une première
-
Normes : à quand la simplification ?
-
La Terre devient de plus en plus sombre
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
Louis Aliot, vice-président du RN, et les "deux sortes de LR"
-
Nicolas Sarkozy incarcéré à la prison de la Santé
-
Décès d'une femme : les ratés du Samu ?
-
Louvre : cambriolages en série
-
Grues effondrées : tornade meurtrière dans le Val d'Oise
-
De nombreux sites paralysés à cause d'une panne d'Amazon
-
Hong Kong : un avion cargo quitte la piste
-
Quand Red Bull fait sa pub dans les amphis
-
Ces agriculteurs américains qui paient au prix fort la politique de Trump
-
ChatGPT, nouveau supermarché ?
-
Eléphants : des safaris de plus en plus risqués
-
Concours de vitesse : à 293 km/h sur le périphérique
-
Églises cambriolées : que deviennent les objets volés ?
-
Quel était le système de sécurité au Louvre ?
-
La Cour des comptes révèle les failles de sécurité du musée du Louvre
-
Cambriolage du Louvre : ces autres musées volés
-
Cambriolage au Louvre : l'émotion et la colère de Stéphane Bern
-
Famille royale : Andrew, le prince déchu
-
Promeneurs, joggeurs : la peur des chiens
-
Vol des bijoux au Louvre : sept minutes pour un casse spectaculaire
-
Au cœur de la traque des migrants
-
Mouvement "No Kings" aux États-Unis : sept millions d'Américains sont descendus dans les rues contre Donald Trump
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter