: Témoignage Afghanistan : "Je suis terrifiée par l’avenir obscur qui s’offre à nous", confie une étudiante désormais privée d’université
Le régime taliban l’a annoncé mardi : les universités afghanes sont désormais interdites aux filles "jusqu'à nouvel ordre". Depuis seize mois, les mesures liberticides se sont multipliées à l'encontre des femmes, progressivement mais irrémédiablement écartées de la vie publique et de tout accès à l'éducation.
"Quand j’ai appris la nouvelle, je ne pouvais plus m’arrêter de pleurer", confie au téléphone Laila, en master en management et gestion d'entreprise. Mardi 20 décembre, le régime taliban a annoncé que les universités afghanes, actuellement fermées en raison des vacances d'hiver, ne seront plus ouvertes aux femmes à la rentrée alors que des milliers d’entre elles avaient réussi leur examens d’entrée, il y a à peine trois mois.
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Depuis la prise de pouvoir le 15 août 2021, les filles sont privées d’enseignement secondaire. Les universités leur étaient toujours accessibles à la condition que femmes et hommes soient séparés dans les classes. C’est donc désormais fini. Aucun des enseignants de l’université où étudie Laila à Herat ne l’a prévenue : elle a appris la nouvelle dans les médias, sidérée et anéantie. Comme Rabia, qui étudie le journalisme à l’université de Kaboul. "Je suis terrifiée par l’avenir obscur qui s’offre à nous", souffle-t-elle au bout du fil.
"Je ne peux pas décider de mon avenir, les autres le font à ma place."
Rabia, étudiante à Kaboulà franceinfo
La jeune femme se sent impuissante mais refuse de baisser les bras. Elle assure qu’elle continuera d’étudier à la maison.
L'étau des talibans ne cesse de se resserrer sur les femmes
L’étau n’a cessé de se resserrer sur les femmes en Afghanistan depuis que les talibans ont pris le pouvoir il y a 16 mois. Elles ont été exclues progressivement de l’espace public. Bannies de la vie politique, de la plupart des emplois publics, les femmes n’ont pas le droit de voyager seule sans un moharam, un parent masculin. Le mois dernier, le régime taliban leur a également interdit d’entrer dans les parcs, les jardins, les salles de sport et les bains publics. "Les nouvelles restrictions étendues à l'éducation des femmes en Afghanistan sont tragiques", a dénoncé l'ex-ministre des Finances sous l'ancien gouvernement, Omar Zakhilwal dans un tweet.
The new extended restrictions to female education in Afghanistan is tragic. The ban has no religious, cultural or logistical grounds. It is not only a serious violation of women’s rights to education but also makes our country look further deeply anomalous! #LetAfghanGirlsLearn pic.twitter.com/ux1hg0Qhru
— Dr Omar Zakhilwal (@DrOmarZakhilwal) December 20, 2022
L'ONU "profondément alarmée"
Les États-Unis ont immédiatement condamné dans les "termes les plus fermes" une décision qualifiée de "barbare" qui aura des "conséquences significatives pour les talibans et les éloignera davantage encore de la communauté internationale et de la légitimité qu'ils désirent", a prévenu le porte-parole du département d'État américain, Ned Price.
From today's noon briefing: it's difficult to imagine how a country can develop, can deal with all of the challenges that it has without the active participation of women and the education of women. pic.twitter.com/viKHS73cYG
— UN Spokesperson (@UN_Spokesperson) December 20, 2022
La communauté internationale a en effet lié la reconnaissance du régime et l'aide humanitaire au respect des droits humains, et en particulier à ceux des femmes à être éduquées et à travailler. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s’est dit de son côté "profondément alarmé" par cette interdiction. "Une autre promesse non tenue", a insisté son porte-parole Stéphane Dujarric.
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