Témoignage "Tous les jours, je suis menacée" : quatre ans après la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, l'athlète Marzieh Hamidi continue son combat sous protection policière en France

Réfugiée en France, Marzieh Hamidi continue la lutte. Cette taekwondoïste prend la parole pour alerter la communauté internationale sur le sort réservé aux femmes en Afghanistan depuis quatre ans.

Article rédigé par franceinfo - Solène de Larquier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Marzieh Hamidi à Paris, août 2025 (PASCAL BAUDOT / RADIO FRANCE)
Marzieh Hamidi à Paris, août 2025 (PASCAL BAUDOT / RADIO FRANCE)

Malgré les menaces de mort qui pèsent sur elle, Marzieh Hamidi ne baisse pas la garde. Depuis la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, il y a quatre ans jour pour jour, le 15 août 2021, cette taekwondoïste dénonce les exactions dans son pays contre les femmes. Elle est réfugiée en France depuis 2021 et vit sous la menace des talibans. "Cela fait presque un an que je vis sous protection policière, soupire cette sportive de haut niveau. Je ne sors pas beaucoup. Tous les jours, je suis menacée car j'ai pris la parole contre les talibans."

Malgré les promesses initiales d'un système plus ouvert, la remise en place de l'Émirat islamique d'Afghanistan a été synonyme de pertes de droits pour les femmes afghanes. Aujourd'hui, elles ont l'interdiction de sortir sans un homme, de parler dans l'espace public, d'aller à l'école, ou même d'apparaître à la fenêtre de leur maison.

Et le régime traque les dissidents jusqu'à l'étranger. "Quand les talibans ont annoncé que les femmes ne pouvaient plus parler en public. J'ai lancé sur les réseaux sociaux le #LaissezNousExister (#LetUsExist) repris plus d'un million de fois sur X (ex-Twitter)." Dans la foulée, cette ancienne membre de l'équipe nationale afghane de taekwondo prend position contre ceux qui normalisent les talibans, comme la très populaire équipe afghane de cricket. "C'est après cela que j'ai reçu un premier appel. On m'a dit 'On sait où tu habites en France' en me demandant de me 'taire'. Après, j'ai reçu 500 messages et appels en deux heures. Même la police française était choquée."

Le sort des femmes en Afghanistan, "un apartheid de genre"

La jeune femme ne pensait pas être une cible, ici, en France. Irano-Afghane, elle est arrivée à Kaboul en 2020 avant de fuir le pays avec la prise de pouvoir des talibans un an après. "Je n'arrive pas à croire que ça fait quatre ans aujourd'hui. Ce qui se passe en Afghanistan, c'est un apartheid du genre. Les femmes vivent sous un régime brutal, sans éducation, sans liberté d'expression."

Elle attend de la communauté internationale une reconnaissance de cet apartheid de genre. À 23 ans, Marzieh va publier un livre intitulé Ils n'auront pas mon silence et va lancer une fondation pour soutenir l'accès des femmes à l'éducation et aux sports dans les zones de conflit. Le combat, l'athlète le mène aussi sur le tatami. "Pour les talibans, c'est une honte que j'ouvre mes jambes pour donner des coups. Ils veulent faire de moi une femme au foyer, moi, je fais du taekwondo."

"Chaque coup est une réponse à leurs lois. On verra qui gagne le combat."

Marzieh Hamidi

à franceinfo

Marzieh Hamidi désormais vise une qualification aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028, autant pour la médaille que pour faire entendre sa lutte contre les talibans.

Le combat de Marzieh Hamidi contre les talibans : propos recueillis par Solène de Larquier

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