Liberté d'expression : les blogueuses arabes font trembler leurs régimes
Les réseaux sociaux bruissent de plumes féminines indignées ou revendicatives. Dirigés pour la plupart par des gouvernants très âgés, les pays arabes ont choisi la répression pour faire taire ces voix discordantes. La dernière victime en date, une Algérienne, mise en examen pour diffamation, a décidé de défier le pouvoir et de continuer à militer pour les droits de l’Homme. Problème générationnel?
«La justice me poursuit pour diffamation et atteinte aux symboles de l’Etat. C’est tout simplement incroyable. J’ai été traitée comme une terroriste. Le domicile parental a été fouillé de fond en comble par les services de sécurité, mon ordinateur et mon téléphone portable ainsi que ma carte sim m’ont été confisqués», s’indigne la jeune militante des droits de l’Homme, Zoulikha Belarbi. Son tort ? Elle a détourné une affiche d’un feuilleton turc très prisé en Algérie, Harim Essoltan, sur laquelle le président Bouteflika, son frère Saïd, le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le secrétaire général du FLN, Amar Saidani, tiennent les rôles de méchants. A priori rien de plus anodin tant les caricaturistes algériens s’amusent quotidiennement à les croquer en des postures beaucoup plus fâcheuses dans les journaux ou sur le web.
«Sans aller jusqu’à parler d’acharnement, le pouvoir cherche à faire des exemples. Comme il ne peut pas s’attaquer frontalement aux caricaturistes réputés outre-Algérie, comme Dilem ou Le Hic, il choisit au hasard parmi les milliers d’internautes récalcitrants. Sauf que ce hasard est tombé cette fois-ci sur une femme, et voilée et de Tlemcen, ce n'est donc pas un hasard», explique un correspondant local. Selon lui, que Zoulikha Belarbi soit de la même ville que le président constitue un facteur aggravant.
Excellent dessin du caricaturiste algérien Ali Dilem (via @avalinacrea) sur http://t.co/eq0xiMvW4n pic.twitter.com/SqmwZMMkSH
— Comme une image (@cmmnmg) January 28, 2015
Après une garde à vue de 24 heures dans les locaux du commissariat central de Tlemcen, la jeune activiste a passé toute une journée sans nourriture dans les couloirs du tribunal avant d’être mise sous contrôle judiciaire par le juge d’instruction, précise El Watan. «Je n’ai pas peur, je continuerai à lutter avec mes pairs pour une Algérie libre et indépendante!»
L’activiste Zaïnab al-Khawaja ne se satisfait pas du virtuel. Devant les objectifs des caméras, elle déchire la photo du roi du Bahrein. La réaction des autorités est immédiate et violente. Elle a été condamnée en décembre 2014 à trois ans de prison pour «insulte au roi», avant de voir sa peine réduite le 21 octobre à un an de prison et 7.080 euros d’amende. Zaïnab al-Khawaja a grandi dans une famille militante qui continue de payer le prix fort : son père purge une peine de prison à vie pour complot contre l'Etat, et sa sœur Maryam avait également été condamnée en décembre à un an de prison pour l'agression d'une policière. «Maryam al-Khawaja semble avoir été prise pour cible parce qu’elle a dénoncé les violations des droits humains commises à Bahreïn depuis 2011. Les autorités doivent annuler son inculpation et sa condamnation et abandonner toutes les charges retenues contre elle», a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.
#Bahrain activist Zainab al‑Khawaja face five-year jail; for tearing a picture. Help herehttps://t.co/OacIyZW4gE pic.twitter.com/oHfwDsE3sx
— Fadi Al-Qadi (@fqadi) October 20, 2015
Pour Loujaïn Hathloul et Maysaa Alamoudi, deux Saoudiennes, la voiture est leur dada. Elles aiment bien conduire. Elles le font… hors du Royaume. Elles partagent leur passion sur les réseaux sociaux. En décembre 2014, elles ont twitté depuis les Emirats arabes unis qu’elles allaient entrer en Arabie Saoudite à bord de leur bolide. Cueillies à la frontière, elles ont passé deux mois en prison.
#Saudi women's rights campaigners Loujain Hathloul & Maysaa Alamoudi freed from prison http://t.co/qoezlWvN5u #Women pic.twitter.com/dqwuj2zwHg
— The Power Of One. (@france7776) February 16, 2015
Leur objectif était de relancer le débat sur le statut de la femme dans leur pays. Il est toujours interdit aux femmes de conduire en Arabie Saoudite. Elles ont le droit de se présenter aux élections municipales depuis octobre 2015 mais sans prendre la parole publiquement. Une campagne électorale muette. C’est ce que refusent les blogueuses arabes : demeurer muettes. Au risque d’aller en prison.
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