RDC : trois Pygmées et un militaire tués lors d'échauffourées dans un parc naturel du Kivu
Les minorités ethniques pygmées revendiquent des droits ancestraux sur des territoires classés réserves naturelles qui leurs sont désormais interdits.
Quatre morts pour quelques sacs de charbon de bois. Cela pourrait sembler dérisoire si ce fait divers ne marquait pas une blessure plus profonde. L’éviction d'une terre où les ancêtres ont vécu. Le parc national de Kahuzi-Biega, au Sud-Kivu en RDC, est un sanctuaire pour les derniers gorilles des plaines de l'Est africain. Le parc est fier de compter 150 de ces individus en voie d'extinction. Un bel exemple de protection d'espèces menacées qui malheureusement a sa zone d'ombre. Car, lors de la constitution de cette réserve naturelle, il y a cinquante ans, on s'est peu ou pas inquiété de l'impact sur la vie des populations locales que cela entraînait. Or, dans le même temps, en raison de la déforestation à des fins de cultures d'exportation, l'espace de vie des populations autochtones pygmées rétrécissait comme peau de chagrin.
Des accrochages récurrents
Les heurts sont réguliers et souvent mortels. Ce qui s'est passé le lundi 30 novembre dans le village de Kabamba, en bordure du parc national de Kahuzi-Biega, est symptomatique. Des Pygmées ont voulu récupérer de force des sacs de charbon de bois saisis par des militaires. Bilan, un militaire et trois civils sont morts dans l'affrontement.
Ces ethnies marginalisées, stigmatisées de génération en génération, font les frais de cette perte de territoire. Faute d'accès au monde du travail, trop pauvres pour vivre en ville, les Pygmées du Kivu n'ont pas d'autre choix que de conserver leurs vies ancestrales de cueilleurs-chasseurs. Ils sont fréquemment accusés de couper des arbres dans la forêt toute proche, afin de confectionner du charbon de bois. Des pratiques qui, aux yeux de l'administration, s'apparentent désormais à du braconnage quand elles se déroulent dans des parcs naturels.
"Spoliation"
Les Pygmées parlent ni plus ni moins de spoliation. Ils ne rejettent pas la création du parc. Ils veulent juste y avoir leur part. "Nous avons droit à nos terres, notre identité en dépend. Les tueries, les enlèvements et les emprisonnements dont nous sommes victimes ne nous empêcheront pas de revendiquer nos terres et militer pour la reconnaissance et le respect de nos droits", expliquait Diel Mochire Mwenge, leader pygmée autochtone et directeur provincial du Programme intégré pour le développement du peuple Pygmée.
L'Unesco reconnaît du reste la nécessité d'obtenir l'adhésion de la population locale afin de mieux assurer la protection du parc. "Bien que la plus grande partie du bien soit inhabitée, quelques villages ont été inclus dans le parc lors de son extension en 1975, créant des litiges avec les populations. Ces problèmes doivent être résolus afin de renforcer l’efficacité des actions de conservation."
Réinstallation en "terres coutumières"
Des propos qui font écho à l'installation de 200 familles en octobre 2018, "revenues sur leurs terres coutumières" dans les limites du parc, autour de la communauté de Kalonge. "Les éco-gardes du parc ont réagi violemment, incendiant des logements communautaires et commettant des actes de violence", affirment les défenseurs des droits des Pygmées.
Ainsi, alors que le parc fête ses 50 ans, le sort des peuples autochtones n'est toujours pas réglé. "Cinquante ans après, l'existence du parc égale 50 ans de souffrance de nos frères et sœurs Pygmées", a protesté la société civile du territoire de Kabare dans une lettre à l'Unesco.
Pendant ce temps à Kinshasa, l'Assemblée nationale a adopté un projet de loi garantissant les droits fondamentaux des peuples Pygmées, ainsi que la reconnaissance de leur culture. On inscrit également leurs droits sur leur terre ancestrale. Mais sur ce point, aucune proposition n'est avancée.
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