Gouvernance en Afrique: Des progrès encore fragiles
La gouvernance des pays africains s’améliore, mais ses progrès sont toujours fragiles. La publication de la version 2014 de l’Index Ibrahim, qui agrège une trentaine d’indicateurs pour évaluer la qualité de la gouvernance de la plupart des pays africains, met en lumière une situation ambigüe sur le continent.
Son dernier constat, publié début octobre (accessible en version interactive à cette adresse), est ambivalent. D’un côté, l’Afrique dans son ensemble continue à progresser. Mais sur tous les tableaux, il y a eu moins de progrès entre 2009 et 2014 qu'entre 2003 et 2008. Le développement économique, qui était jusqu'ici le moteur du progrès africain, s'est essoufflé avec la crise. Plus grave, l’index «sécurité et cadre légal» a baissé au niveau continental et certains maux endémiques de la gouvernance africaine, comme la corruption et l’absence de sécurité personnelle, restent encore très visibles. Les progrès démocratiques sont quand à eux toujours parcellaires. Dans l’ensemble, Mo Ibrahim lui-même parle de résultats «en dessous des attentes».
Des leaders incertains
L’île Maurice, le Cap Vert, le Bostwana, l’Afrique du Sud et les Seychelles mènent dans un classement largement dominé par l’Afrique australe. La région obtient un score moyen de 59,3 sur 100, contre 51,5 dans le reste de l’Afrique. Emmenés par des démocraties efficaces, ces pays peuvent servir de modèle africain.
Mais les années 2009-2014 n’ont pas été aussi fastes qu’on aurait pu le penser. Chacun des 5 pays en tête du classement a vu son score se détériorer dans une catégorie. Le développement économique ralentit au Bostwana et aux Seychelles, la sécurité recule à Maurice et en Afrique du Sud, le développement humain accuse le coup au Cap Vert… La fondation Ibrahim s’inquiète d’un dérapage vers une situation morose des pays les mieux gouvernés.
Heureusement, il reste des pays dynamiques. La plus grosse progression de ces cinq dernières années est à l’actif de la Côte d’Ivoire, qui fait un bond de 7,8 points sur l’index pour atteindre 44,3, toujours en dessous de la moyenne du continent. Le pays, gouverné par Alassane Ouattara depuis 2010, en a fini avec la guerre civile, ce qui se ressent dans ses scores de sécurité et de participation démocratique. La Guinée, le Niger, le Zimbabwé et le Sénégal sont également félicités.
Les problèmes continuent
Pas de surprise dans le chapelet des pays dont les résultats sont les plus bas. Minés par la dictature, la corruption et les guerres civiles, nombreux sont ceux qui peinent à sortir de l’ornière. Et encore faut-il qu’ils essayent. La Guinée-Bissau (33,2), l’Erythrée (29,2) et la République Centrafricaine (24,8) voient leur score plonger et figurent dans les derniers rangs du classement. Le Tchad (32,3) complète le groupe, mais sa note est en progression.
Enfin, peut-on encore parler de «pays» dans le cas de la Somalie? Cet Etat est, de loin, le plus bas sur l’index. Son score, 8,6, est plus de deux fois inférieur à celui de la République Centrafricaine, avant dernier de l'index. La situation somalienne traduit l’anarchie absolue laissée derrière eux par les shebabs et des années de guerre civile. Il est même difficile de parler de gouvernance. Hassan Sheik Mohamoud et son gouvernement ne contrôlent effectivement que des fractions du territoire somalien.
Continent cherche exemple désespérément
En plus des recherches considérables que nécessite son index, la fondation Ibrahim remet depuis 2007 un «Prix de la gouvernance africaine» a un ancien chef d'état africain, démocratiquement élu, ayant quitté son poste dans les trois dernières années et ayant «démontré des qualités de gouvernance exceptionnelles». Depuis sa création, le prix n'a été remis que trois fois: en 2007 à Joachim Chissano, qui a transformé le Mozambique en démocratie fonctionnelle, en 2008 à Festus Mogae, pour sa gestion exemplaire de l'épidémie du virus du SIDA au Bostwana, puis en 2011 à Pedro Pires, qui est parvenu à ramener croissance et démocratie efficace au Cap Vert.
En 2009, 2010, 2012, 2013 (et très vraissemblablement en 2014), le prix n'a eu aucun lauréat. En 2012, le président du comité de sélection avait d'ailleurs donné une explication en forme d'avertissement sur les écueils qui attendent l'Afrique: «L'économie progresse de manière constante. Néanmoins, le développement économique n'est pas une raison pour devenir complaisants en terme de progrès sur les droits de l'Homme».
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