Libye : un accord militaire entre Ankara et Fayez al-Sarraj provoque la colère de Khalifa Haftar et d’Athènes
Furieux de la contestation par la Grèce d’un mémorandum de délimitation maritime conclu avec Tripoli, le président turc Erdogan a rejeté toute remise en cause de cet accord et refuse d’en débattre au sommet de l’OTAN de Londres.
Un protocole "de coopération militaire et sécuritaire" a été signé le 27 novembre 2019 lors d’une rencontre à Istanbul entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et le chef du Gouvernement libyen d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, reconnu par l’ONU. La signature de ce mémorandum militaire turco-libyen, dont les clauses n’ont pas été révélées, vient, selon Ankara, "renforcer les liens entre les deux armées" et constitue "une version plus large de l’accord-cadre de coopération militaire existant" entre les deux parties.
La Turquie qui ne cache pas son soutien politique et militaire à Tripoli avait en effet signé plusieurs accords avec les autorités de l’Ouest libyen. Le président Erdogan avait même estimé que l’aide turque apportée à Fayez al-Sarraj avait permis de rééquilibrer la situation face aux forces de Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est soutenu par les Emirats arabes unis et l’Egypte.
Un accord illégal pour le pouvoir Libyen de l'Est
De son côté, Fathi Bachagha, le ministre libyen de l'Intérieur du gouvernement de Tripoli, a affirmé, selon RFI, que l'accord "va dans le bon sens" et "qu'il réconforte nos combattants sur le front". Le GNA y voit même la possibilité, à terme, d’étendre sa domination sur tout le territoire libyen.
Pour le pouvoir libyen côté Cyrénaïque, cet accord "illégal et douteux" menace la stabilité du pays et permet aux terroristes d’avoir accès aux armes. L’autre crainte exprimée, toujours selon RFI, porte sur la violation de l’espace maritime et aérien ainsi que l’installation de bases turques sur le sol libyen.
L’accord a également suscité de vives réactions des pays riverains de cette zone de la Méditerranée où la découverte de réserves de gaz et de pétrole au large de Chypre a déclenché ces dernières années une dispute entre Nicosie, appuyée par la Grèce et l’Union européenne, et Ankara, qui occupe la partie nord de l’île.
Pour l’AFP, cet accord permettra à Ankara d'augmenter de 30% la superficie de son plateau continental et pourrait empêcher la Grèce de signer un accord de délimitation maritime avec l'Egypte et Chypre, ce qui renforcerait considérablement l'influence de la Turquie dans l'exploitation des hydrocarbures en Méditerranée orientale.
Athènes veut savoir les termes de l'accord
La réaction d’Athènes a été véhémente. Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsokakis a indiqué dès le 1er décembre qu’il demanderait le soutien de l’OTAN face à l’accord turco-libyen lors du sommet de l’Alliance qui s’est ouvert le 3 près de Londres en présence du président turc. Le ministre grec des Affaires étrangères a menacé le lendemain d’expulser l’ambassadrice libyenne à Athènes si Tripoli ne révèle pas le contenu de l’accord.
"Si le sujet est mis à l'agenda, nous leur dirons que ce que la Libye et la Turquie ont entrepris relève de leurs droits souverains et nous n'allons pas en débattre avec eux", a rétorqué Recep Erdogan lors d'une conférence de presse. "La Grèce peut prendre des mesures, nous aussi nous avons le droit d'en prendre. Nous ferons ce qui est nécessaire", a-t-il ajouté.
Pour le président turc, les efforts déployés par la Grèce, mais aussi l'Egypte et le gouvernement chypriote pour mettre en échec l'accord maritime turco-libyen, "n'auront aucun impact, car nous avons conclu un accord écrit avec la Libye". "La Turquie ne discutera pas, autour de la table, avec d'autres pays, de ses droits souverains", a-t-il insisté.
Selon la presse turque, une fois cet accord ratifié par le Parlement turc, Ankara communiquera à l'ONU les coordonnées de sa nouvelle "zone économique exclusive (ZEE)" en Méditerranée orientale.
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