L'esclavage et le système des castes perdurent en Mauritanie
Le 24 décembre 2014, la condamnation à mort pour apostasie de Mohamed Cheikh Ould Mohamed, et la confirmation de sa peine en appel le 21 avril 2016, mettent l'accent sur une réalité souvent ignorée, celle des castes et des esclaves en Mauritanie. Retour sur un système qui régit toute la société de ce pays d’Afrique de l’Ouest.
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Mohamed Cheikh Ould Mohamed a écopé de la peine capitale pour avoir écrit sur internet des propos considérés comme blasphématoires envers Mahomet. Pour sa défense, l’accusé a démenti avoir voulu critiquer le Prophète. Cet homme, qui appartient à la caste des forgerons, dit avoir voulu mettre l'accent sur sa communauté «mal considérée et maltraitée».
Selon le site de l’OBS, «Mohamed Cheikh Ould Mohamed accusait la société mauritanienne de perpétuer un "ordre social inique hérité" de l'époque du prophète et dénonçait les conditions de couches défavorisées», notamment les forgerons, les descendants d’esclaves et les griots. En gros, dans un article, il critiquait le système des castes et les justifications religieuses lui permettant de se maintenir en Mauritanie.
Les militants des droits de l’Homme dans le collimateur de la justice
MaliActu se demande également si cette condamnation est en réel rapport avec une atteinte à l’Islam ou à la dénonciation de l’esclavagisme «qu’il avait osé, publiquement, critiquer». Pourtant, précise le site africain, «l’élection présidentielle du 21 juin 2014 a été une formidable tribune pour les militants anti-esclavagistes. Pour la première fois de l’histoire de la Mauritanie, l’un d’entre eux, non moins "descendant d’esclaves" a pu être deuxième du scrutin. Il s’agit de Biram Dah Ould Abeid, actuellement face à la Justice», en tant que président du mouvement abolitionniste IRA.
A ce titre, Biram Dah Ould Abeid fait partie des membres de l’IRA encourant (selon le réquisitoire du tribunal de Rosso, au sud, tombé le 30 décembre 2014) cinq ans de prison et des amendes pour leur «appartenance à une organisation non-reconnue». Ils avaient été arrêtés mi-novembre, alors qu'ils menaient une campagne pour dénoncer l'esclavage en Mauritanie.
Si l’esclavage est officiellement aboli depuis 1981 en Mauritanie, 150.000 à 200.000 personnes en seraient encore victimes aujourd’hui, selon des organisations humanitaires. Et ce, alors même que depuis 2007, les personnes reconnues coupables d'esclavagisme encourent jusqu'à 10 ans de prison.
Une société stratifiée
On compte deux groupes distincts qui composent la population (quatre millions d’âmes) : les Maures d'origine arabo-berbère et les Afro-Mauritaniens, originaires d'Afrique subsaharienne. Composés d’ethnies et de tribus, ils sont eux-mêmes subdivisés en castes, allant des nobles (chefs, marabouts) aux castes inférieures (forgerons, tisserands, potiers, cordonniers…). Et en bout de chaîne, les esclaves. Chaque communauté possède une langue qui la définit aux yeux des autres.
«Quand deux Mauritaniens se rencontrent, il est courant d’entendre dans les présentations réciproques des identifications par rapport à la tribu à la famille patronymique et même dans certaines de ses communautés aux castes. Certains poussent les détails jusqu’au fin fond de références claniques. Cette vieille tradition résiste encore malgré l’évolution des idées et de la pression de la mondialisation (…). Ces valeurs sociales pèsent encore sur les mentalités et tiennent en otage les ordres sociaux politiques et spirituels», écrit Cheikh Tidiane Dia, dans Noorinfo.
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Un héritage historique
Ces strates héritées de l’histoire mauritanienne permettent à une minorité de garder le pouvoir avec parfois le soutien de l’Etat : en effet, si les basses castes peuvent changer de métier et les descendants d’esclaves maures libérés (haratines) accéder à certaines responsabilités, dans les faits, ils restent discriminés.
Autre réalité qui marque définitivement les divisions entre membres de la société mauritanienne, l’interdiction tacite des mariages «intercastes».
On le voit, les acteurs des droits de l’Homme ont du pain sur la planche. Et aussi du courage. A l’instar de la militante mauritanienne, Aminetou Mint El Moctar, visée par une fatwa la condamnant à mort. Son seul crime : avoir pris la défense de Mohamed Cheikh Ould Mohamed.
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