Emeutes en eSwatini : la dernière monarchie absolue d'Afrique à nouveau contestée
Le dernier week-end de juin a été marqué par des manifestations réclamant plus de démocratie. Un manifestant aurait trouvé la mort et de nombreux militants ont été arrêtés.
Le couvre-feu a été instauré dans le pays et les écoles fermées, suite aux manifestations qui ont secoué l'eSwatini depuis le week-end du 26 juin. Au poste-frontière, en Afrique du Sud, des centaines de camions restent stationnés. Les chauffeurs craignent pour leur sécurité et refusent d'entrer en eSwatini par peur des attaques pour dérober leur cargaison. Dans les rues de Mbabane la capitale et de Manzini l'autre grande ville, l'armée patrouille dans les rues. Le pouvoir semble avoir repris la main après avoir violemment maté la contestation.
Répression
Au moins quatre rassemblements avaient été organisés à travers le pays pour réclamer des réformes démocratiques, notamment l'organisation de véritables élections. Pour toute réponse, le roi Mswatti III a envoyé sa police faire taire les manifestants. Un homme est mort, abattu d'une balle dans le dos, selon les manifestants, d'autres ont été blessés par les forces de l'ordre.
Les arrestations se comptent par dizaines. Zanela Maseko, vice-secrétaire de la ligue des femmes du Mouvement démocratique uni du peuple (Pudemo), principal parti d'opposition du pays, faisait partie des personnes arrêtées, a indiqué l'organisation.
Insurrection populaire au eSwatini. Le monarque absolu Mswati lll aurait fui le pays, selon @SABCNews. Les populations veulent pouvoir élire le premier ministre, dans un pays où les partis politiques sont interdits depuis 1973. pic.twitter.com/oNdVarnnlZ
— Nathalie Yamb (@Nath_Yamb) June 29, 2021
Le secrétaire général adjoint du Parti communiste (CPS), Mcolisi Ngcamphalala, a été arrêté en se rendant à un rassemblement. Selon ses dires, il a été torturé durant deux heures avant d'être relâché en pleine campagne. "Ils ne l'ont pas torturé pour lui soutirer des informations. C'est un message pour intimider les autres membres du parti", a réagi le CPS.
Mlungisi Makhanya, le président du Pudemo, a réclamé "la mise en place d'un mécanisme de transition pour permettre des élections libres et équitables"."Tant que ces demandes ne seront pas satisfaites, nous continuerons à occuper les rues, à pousser et à lutter pour notre liberté", a-t-il précisé.
La dernière monarchie absolue d'Afrique
En eSwatini, la constitution de 2005 reconnaît théoriquement la liberté d'association et d'expression. Mais les partis politiques ne peuvent pas participer aux élections. Aux élections parlementaires, les candidats sont indépendants. Au cours d'une présélection, des candidats sont retenus dans chaque district. Autant dire qu'ils sont des fidèles du régime. Depuis des lustres, l'opposition dénonce ce simulacre de démocratie.
Quant au roi Mswatti III, il dirige le pays depuis 1986, il avait alors 18 ans. Il détient tous les pouvoirs, peut dissoudre le Parlement et le gouvernement, et nommer ou démettre les juges. On a beaucoup écrit sur ce personnage fantasque, polygame aux quinze femmes, qui maintient son pays dans une tradition anachronique. Sa fortune personnelle est estimée à 76 millions d'euros, alors que les trois quarts des habitants disposent de moins de deux euros par jour pour survivre et que le chômage touche 40% de la population.
Un système de plus en plus contesté
Ce pouvoir absolu est de plus en plus dénoncé et les manifestations se succèdent, que ce soit pour réclamer plus de démocratie ou de plus d'argent pour vivre.
Mais la communauté internationale ne semble guère s'intéresser au devenir de ce petit pays d'un million d'habitants et de 17 000 km², quasiment enclavé dans l'Afrique du Sud, à l'exception d'une frontière avec le Mozambique.
Une fois encore, des mouvements politiques en exil réclament plus de solidarité. Ainsi, Lucky Lukhele, porte-parole du Swaziland Solidarity Network (SSN) a demandé à la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) d'agir d'urgence face à la crise. "Nous souhaitons exhorter une fois de plus la communauté internationale à jouer un rôle proactif pour minimiser les pertes", a-t-il déclaré à ANA, l'agence de presse sud-africaine. Car faute de pression internationale, on voit mal ce qui pourrait pousser le monarque à ouvrir le pays à plus de démocratie.
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