Soudan : la contestation exclut tout dialogue avec Omar el-Béchir
Les organisateurs des manifestations antigouvernementales au Soudan se disent déterminés à poursuivre la mobilisation jusqu'au renversement du régime.
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Miné par une profonde crise économique, le Soudan est secoué depuis le 19 décembre 2018 par des manifestations quasi quotidiennes initialement déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain.
"Le régime doit tomber"
Ces rassemblements se sont transformés en un vaste mouvement de contestation d'Omar el-Béchir, au pouvoir depuis un coup d'Etat mené en 1989. "Le régime doit tomber, c'est notre objectif", a déclaré lors d'une conférence de presse Mohamed Youssef, un porte-parole de l'Association des professionnels soudanais qui est à la pointe de la mobilisation.
Cette organisation, qui regroupe, entre autres, des médecins, des enseignants et des ingénieurs, a tenu le 12 février 2019 sa première conférence depuis le début des protestations, dans les locaux du principal parti d'opposition soudanais, Al-Oumma, dans la ville d'Omdourman, jumelle de la capitale Khartoum.
"Il n'y a aucun moyen de mener un dialogue avec ce régime", a poursuivi ce porte-parole, tandis que des partisans du mouvement chantaient des slogans contre le gouvernement à l'extérieur du bâtiment.
Que la lumière soit faite "sur les crimes du régime"
Le parti Al-Oumma, d'accord avec le mouvement, a réitéré son soutien aux manifestants."Nous continuerons ce soulèvement jusqu'à ce que le régime soit renversé", a déclaré sa secrétaire générale, Sara Najdullah, tout en appelant la communauté internationale et les organisations de défense des droits humains à apporter leur soutien afin que la lumière puisse être faite "sur les crimes du régime".
Mohamed Youssef a appelé les formations politiques et les militants à se joindre au mouvement de protestation en signant le "Document pour la liberté et le changement" qui expose, selon lui, les grandes lignes d'un plan de l'après-Béchir, incluant une refonte du système judiciaire et un arrêt du déclin économique du pays.
Le jour même, à Paris, des membres de la société civile soudanaise et française tenaient une conférence de presse appelant à briser le silence sur la répression qui a fait selon eux plus de 60 morts. "Nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu'elle fasse pression sur le régime, pour qu'il arrête cette violence, ces violations des droits de l'Homme. Et qu'elle punisse les actions perpétrées par le régime contre le peuple soudanais", a déclaré en arabe Ali Haroun, membre de la branche française de la Coordination pour le soutien de la révolution soudanaise.
Malgré ce qui se passe, il y a un silence assourdissant, notamment de la France et de la Commission européenne
Abdessalam Kleiche
Selon Kleiche, membre fondateur du Centre européen pour la paix dans la Corne de l'Afrique, "ce régime s'est vendu à la fois en France et en Europe comme la seule alternative de stabilisation de la région, notamment pour lutter contre l'immigration clandestine".
Mais pour cet universitaire français, "la préservation de la stabilité passe par un changement démocratique" au Soudan. "La crainte, ce n'est pas l'effondrement du régime, la crainte, c'est l'effondrement du pays", a-t-il estimé, en rappelant l'exemple de la Libye.
Une presse baillonnée
Pour Mohamed Nagi, rédacteur en chef du journal en ligne Sudan Tribune, si la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis "font pression sur Khartoum", la communauté internationale, après "l'expérience du printemps arabe", a "très peur de la possibilité d'une guerre civile, d'autant plus qu'il y a beaucoup d'armes au Soudan".
Le manque de mobilisation internationale s'explique aussi par la difficulté pour les journalistes de rendre compte de cette crise, ont souligné tous les intervenants.
Du 19 décembre 2018 au 12 février 2019, Reporters sans frontières a recensé 79 arrestations de journalistes et 63 confiscations de journaux, a précisé Arnaud Froger, responsable Afrique de RSF, qui a dénoncé une "mise sous tutelle de l'information".
"Il existe encore des journalistes et une presse au Soudan, il faut les sauver" pour "éviter que le Soudan devienne un trou noir de l'information", a-t-il conclu.
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