"Ils tuent les gens sous nos yeux... Je ne reviendrai jamais" : au Soudan, une catastrophe humanitaire qui ne cesse d'empirer

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En plein désert, le long de la frontière tchadienne, une multitude de petits points. Ce sont les tentes des déplacés soudanais qui ont fui la guerre et la famine dans leur pays. Ces dernières semaines, des dizaines de milliers d'entre eux ont rejoint ce camp de fortune géré par les Nations unies. Parmi eux, Mansour Issa, un agriculteur encore traumatisé par ce qu'il a subi chez lui, au Soudan. "Personne ne peut imaginer l'enfer que nous avons traversé pour arriver jusqu'ici. Ça a été très difficile. Nous avons dû nous cacher pendant trois jours pour éviter d'être tués", décrit le réfugié soudanais.

La violence au Soudan, des femmes l'ont vue de très près. À peine arrivées avec leurs enfants, elles racontent ce qu'elles ont vécu. "Avec ma famille, nous avons échappé à la mort. Au Soudan, elle est présente partout. N'importe qui peut vous tuer, sans aucune raison. Ici, au Tchad, nous sommes enfin en sécurité. Ils tuent les gens sous nos yeux", confie une réfugiée soudanaise. Le Soudan, un pays en guerre depuis plus de deux ans. Les combats opposent toujours des groupes paramilitaires à l'armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhan. Ces hommes ont repris il y a peu Khartoum, la capitale.

"Plus de 4 millions de personnes ont fui récemment"

Depuis deux ans, 180 000 personnes au moins sont mortes au Soudan et la moitié de la population, soit 25 millions de personnes, souffre d'une insécurité alimentaire extrême. Pour éviter la famine, elles ont fui vers les pays limitrophes, rapidement débordés par l'afflux de réfugiés. "Quand je suis arrivée ici, j'étais enceinte de 6 mois et la situation était difficile. Nous n'avons rien à manger. Mon accouchement a été très compliqué, car je souffre d'anémie. J'essaie aujourd'hui d'allaiter mon bébé, mais je n'arrive pas à produire de lait", déclare Awadiya Ibrahim, une autre réfugiée soudanaise.

Les Nations unies tirent la sonnette d'alarme. Faute de financement suffisant, l'aide aux réfugiés soudanais ne sera bientôt plus possible. "Plus de 4 millions de personnes ont fui récemment vers au moins sept pays de la région. Les opérations du programme alimentaire mondial sont gravement sous financées. Sans contribution financière supplémentaire, l'aide cessera complètement dans les mois à venir", précise Shaun Hugues, coordinateur régional des Nations unies pour le Soudan.

Autre inquiétude : la saison des pluies qui va arriver. L'accès par les routes sera bientôt encore plus compliqué pour rejoindre les camps les plus isolés, qui grossissent de jour en jour.