Second tour de la présidentielle en Tunisie : ces partisans de Kaïs Saïed qui veulent s'éloigner de l'influence française
Quasiment inconnu du grand public il y a encore quelques mois, le candidat n'est pas forcément facile à appréhender. Une rencontre de franceinfo Afrique avec certains de ses partisans permet de lever (un peu) le voile...
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En dehors de sa volonté de réaliser de profondes réformes de structure, le professeur de droit constitutionnel Kaïs Saïed n'a pas franchement dévoilé son programme. Certains de ses partisans souhaitent que leur pays s'éloigne de l'influence de l'ancien colonisateur français. Et que soit entamée une lutte pour "diminuer la corruption" et ainsi "créer des emplois".
11 octobre 2019. Il est 13 h sur l'avenue Bourguiba en plein cœur de Tunis, noyée dans une chaleur encore estivale. Un attroupement réunit, en une sorte d'agora improvisée, des citoyens qui discutent avec passion, mais apparemment courtoisement, du scrutin du 13 octobre.
Parmi eux, certains veulent quitter la Tunisie. "Il n'y a aucun espoir dans ce pays. Il faut partir pour Marseille, Paris ou Lyon. Pour que nos rêves se réalisent et que nous puissions revenir avec de belles voitures", explique en arabe Mohammed (les prénoms ont été modifiés), un jeune d'une vingtaine d'années traduit en français par Saïd, âgé, lui, d'environ 30 ans.
Ce dernier n'est pas d'accord avec ce qu'il traduit. Lui est partisan de Kaïs Saïed, comme la plupart des participants à cette réunion politique improvisée. "Nous, on reste ici. Mais on veut changer de langue. Il faut que l'anglais prenne la place du français. C'est une langue utilisée partout dans le monde", estime-t-il, approuvé par les personnes qui l'entourent.
"La France a volé nos richesses"
La conversation prend alors une tournure anti-française. "Avec la colonisation, nous avons vécu un cauchemar. Aujourd'hui, c'est encore la France qui nous conduit dans tous les domaines: politique, sportif... Nous, on pense que la France a volé nos richesses", déclare une dame entre deux âges. "Regardez tous ces médecins tunisiens qui vont dans le privé, partent en France ou dans le Golfe parce que dans le public, ils sont trop peu payés", renchérit une personne à côté d'elle.
Pourtant, l'indépendance de la Tunisie remonte à 1956... "Cette indépendance n'est pas complète. Elle n'est que virtuelle", réagit un homme d'une quarantaine d'années. "Il faut instaurer des relations avec d'autres pays, comme la Russie, la Chine, pour faire un grand marché", pense-t-il. "Nous, on préfère la Chine à la France", ajoute son voisin.
Certains pensent qu'il faut effectivement s'éloigner de l'ancien colonisateur. Mais "cela doit avoir lieu dans le respect mutuel. Et il faut poursuivre les accords pour la formation des jeunes", insiste une petite dame avec timidité.
Un homme "propre et de droit"
Autre thème de la conversation chez ces partisans de Kaïs Saïed, parfois affublé du surnom de "Robespierre": "la lutte contre la corruption qui nous coûte 60 000 emplois par an", selon Saïd. Le candidat est "propre, c'est un homme de droit", dit-il avec fierté. "Mais son premier objectif reste l'économie. Il veut aussi relancer la santé, l'éducation", ajoute-t-il.
Et que pensent ces partisans des accusations de proximité de leur candidat avec les salafistes ? "Une photo de lui en train de prendre le café avec Ridha Belhaj, un ex-cadre du parti islamiste Hizb ut-Tahrir, a récemment circulé sur les réseaux sociaux", rapporte ainsi le site "fact checking" de l'agence France Presse.
"Cette photo ne veut pas dire qu'il est avec eux. Il n'a pas de difficultés avec la religion. Il n'est pas islamiste, il ne s'est pas prononcé sur le voile", rétorque la dame entre deux âges. Cette affaire avec "les islamistes, c'est un faux problème. Ici, les gens sont libres de faire ce qu'ils veulent. On vit tous ensemble". En clair, ce n'est pas la religion qui sépare les Tunisiens.
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