Kodak se place sous le régime des faillites américain
L'ex-fleuron de la photographie mondiale et emblème du capitalisme américain, qui a raté le virage numérique, ne peut plus payer ses dettes.
L'ex-fleuron de la photographie mondiale, Eastman Kodak, a annoncé jeudi 19 janvier qu'il s'était placé sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. La société plus que centenaire n'a cessé de décliner depuis qu'elle raté le train du numérique au tournant du millénaire. Cette annonce confirme des informations publiées la veille par le Wall Street Journal (en anglais, article payant), qui avait prévenu de la mise en faillite de la société.
• Est-ce la fin de Kodak ?
Pas encore. Le groupe américain a déposé son bilan jeudi et est désormais sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites. Cette procédure, qui ne concerne pas les filiales étrangères du groupe, lui permet de suspendre le paiement de ses dettes et de se réorganiser plus sereinement. "Le conseil d'administration et la totalité de l'équipe de direction estiment que c'est une étape nécessaire et la chose qu'il convient de faire pour l'avenir de Kodak", a déclaré son PDG, Antonio M. Perez, dans un communiqué. Kodak a même annoncé avoir obtenu une ligne de crédit de 950 millions de dollars sur dix-huit mois de la banque Citigroup.
Kodak, qui emploie encore 19 000 personnes, n'est plus valorisée qu'à 120 millions de dollars (93 millions d'euros), contre plus de 30 milliards quand elle a été retirée du prestigieux indice Dow Jones en 2004, après plus de soixante-dix ans dans le club très fermé des trente valeurs vedettes américaines. L'action a plongé de près de 30 % mercredi, à 44 cents. Depuis mardi, l'entreprise est même menacée d'expulsion de Wall Street par l'opérateur de la Bourse de New York, qui lui a donné six mois pour redresser le cours de son titre. Selon l'agence Bloomberg, les dettes de Kodak s'élèveraient à 6,8 milliards de dollars (5,3 milliards d'euros).
• Comment en est-on arrivé là ?
"C'est un cas tragique d'une compagnie qui n'a pas pris le virage technologique quand elle aurait pu", soupire un analyste financier. Pionnier de la pellicule photographique, Kodak a apporté au monde les premières photos de la Lune. Défricheur du numérique, le groupe a lancé en 1975 ce qu'il présente comme le premier appareil photo de ce type, un boîtier noir et blanc de la taille d'un grille-pain. Pourtant, lorsque le numérique a explosé, le fabricant des légendaires pellicules Kodachrome s'est laissé devancer par ses concurrents, notamment asiatiques.
Le groupe américain, qui n'a plus enregistré de bénéfices depuis 2007, avait tenté ces derniers temps de se restructurer en se diversifiant dans les appareils photo, sans succès. La chute de Kodak a déjà touché la ville de Rochester, dans l'Etat de New York, où siège le groupe. A l'époque de sa splendeur, Kodak y employait plus de 60 000 personnes. Aujourd'hui, les salariés n'y sont plus que 7 000.
• Comment Kodak cherche-t-il à s'en sortir ?
L'entreprise a clairement indiqué ces derniers mois qu'elle comptait sur la vente de son portefeuille de 1 100 brevets numériques pour survivre. "Mais quand on est un vendeur désespéré, les acheteurs n'ont aucun intérêt à se précipiter, parce que ce sera moins cher le jour où Kodak sera complètement au tapis", explique un analyste.
Pour Douglas McIntyre, du site financier 247WallSt.com, "le problème de la faillite, c'est que cela n'augmente pas la valeur des brevets de Kodak. S'ils valaient très cher, Kodak en aurait déjà obtenu" un bon prix. Au-delà du dépôt de bilan, c'est donc la survie même de l'entreprise qui suscite des doutes. Le Wall Street Journal se montre à ce titre très pessimiste : "Quand une société commence à vendre sa propriété intellectuelle (...), on sait que la fin est proche."
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