Le soldat japonais qui ne voulait pas croire à la fin de la guerre est mort
Hiroo Onoda est mort à 91 ans. Il avait vécu jusqu'en 1974 dans la jungle aux Philippines, persuadé que la seconde guerre mondiale n'était pas terminée.
Hiroo Onoda est mort paisiblement dans son lit à Tokyo, à 91 ans. Le terme d'une vie extraordinaire. Il était le dernier des "soldats perdus" japonais et avec lui se ferme une page étonnante de la seconde guerre mondiale. Pendant 29 ans, après la reddition de l'Empire japonais, il a survécu, caché dans la jungle aux Philippines. Isolé de tout, il pensait que la guerre n'était pas finie.
En 1944, cet officier de renseignement et spécialiste des techniques de guérilla est envoyé à Lubang, une petite île de l'archipel philippin. Ses ordres sont formels : ne jamais se rendre, tenir à tout prix jusqu'à l'arrivée de renforts et ne pas mourir.
Des avions larguent des tracts
Avec trois autres soldats, il obéit scrupuleusement, ignorant que le combat était fini. Ils se nourissent de ce que leur offre la jungle : l'eau d'une rivière, du lait de coco, des bananes. Parfois ils volent du bétail, rapporte ABC. En captant une émission australienne, le soldat japonais apprend à entretenir ses animaux, raconte-t-il en 2010 à la radio australienne.
En 1950, las, un de ses compagnons sort de la forêt, rentre au Japon et révèle au monde l'existence de ces "soldats perdus". Des avions larguent alors des tracts annonçant la fin de la guerre, des patrouilles se lancent sur leurs traces dans la jungle. "Les tracts qu'ils avaient largués étaient plein d'erreur, j'ai donc jugé que c'était un complot des Américains", s'expliquera-t-il plus tard. Et puis, pour Onoda et ses compagnons restants, l'armée impériale ne peut avoir été vaincue. Ainsi, ils continuent à surveiller des installations militaires et se battent même contre des soldats philippins.
Donné pour mort, il réapparaît
Après la mort d'un des compagnons d'infortune d'Onoda, Tokyo et Manille continuent de rechercher les deux soldats. Mais les recherches finissent par s'arrêter en 1959 : Japonais et Philippins sont persuadés qu'ils sont maintenant morts.
Mais, surprise, en 1972, ils refont surface. Les deux hommes attaquent des troupes philippines. Onoda réussit à s'enfuir. Son dernier compagnon est tué. Tokyo décide alors d'envoyer des membres de sa propre famille pour tenter de le convaincre d'arrêter le combat. En vain.
Une chose en tête : exécuter les ordres
Pour sortir de sa tanière, le soldat têtu réclame un ordre de son officier traitant. Finalement, son ex-commandant s'enfonce lui-même dans la jungle en 1974. Il lui ordonne de déposer les armes. Le président Philippin lui accorde son pardon pour la trentaine de soldats philippins tués et, symbole de la résistance farouche des soldats nippons, il rentre triomphalement au Japon. Lors d'une conférence de presse, il explique que pendant ses trente années au cœur de la jungle philippine, il n'avait eu qu'une seule chose en tête : "exécuter les ordres". Au Japon, il trouve le pays bien changé et part s'exiler au Brésil. Peut-être que la forêt équatoriale lui manquait... Il ne revient définitivement au Japon qu'en 1984.
Hiroo Onoda était le dernier de ces dizaines de soldats japonais qui, aux quatre coins de l'Asie, ne croyaient pas à la reddition de l'armée impériale et avaient décidé de continuer la lutte au nom de l'empereur Hirohito, bien après la capitulation annoncée par ce dernier le 15 août 1945. Aujourd'hui, une agence de voyage propose de partir sur les traces du soldat disparu.
À regarder
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
-
Salomé Zourabichvili : "La Russie utilise la Géorgie comme test"
-
Se faire recruter dans l’armée par tirage au sort ?
-
La détresse de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages en Iran
-
Le fléau des courses-poursuites à Los Angeles
-
Se soigner risque-t-il de coûter plus cher ?
-
Bac sans calculette : les conseils de Lucas Maths
-
Menace des drones : la France déploie ses armes
-
Un couple sauvé des eaux au Mexique
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter