La peine de mort prononcée contre Serge Atlaoui en Indonésie commuée en 30 ans de réclusion par la justice française

"C'est un premier pas vers la liberté", a déclaré à la presse Richard Sédillot, avocat du condamné, qui a déjà passé plus de 19 ans en prison. Ses soutiens devraient désormais déposer dans les semaines à venir des demandes d'aménagement de peine et de grâce présidentielle.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Serge Atlaoui à l'aéroport international Soekarno-Hatta de Jakarta, en Indonésie, avant son rapatriement en France, le 4 février 2025. (DWI AQILA / AFP)
Serge Atlaoui à l'aéroport international Soekarno-Hatta de Jakarta, en Indonésie, avant son rapatriement en France, le 4 février 2025. (DWI AQILA / AFP)

Comment adapter une peine capitale, abolie en France depuis 1981 ? Confronté à ce cas inédit, le tribunal de Pontoise (Val-d'Oise) a commué en 30 années de réclusion criminelle la condamnation à mort en Indonésie de Serge Atlaoui, mercredi 12 février. "L'incrimination attendue trouve son équivalent en droit français dans la production et la fabrication de stupéfiants en bande organisée en faisant encourir à son encontre 30 ans de réclusion", a statué le tribunal après une vingtaine de minutes de délibéré.

Serge Atlaoui, arrêté en 2005 dans une usine près de Jakarta où des dizaines de kilos de drogue avaient été découverts, a été rapatrié en France la semaine dernière à la suite d'un accord entre les deux pays. Il a passé 19 ans et quatre mois en prison. Malade, le sexagénaire a été incarcéré à la prison d'Osny. Cet artisan-soudeur de Metz s'est toujours défendu d'être un trafiquant de drogue, affirmant qu'il n'avait fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique.

"Il peut être mis un terme à son calvaire"

La justice française n'est pas compétente sur le fond de l'affaire, définitivement jugée en Indonésie, et peut seulement se prononcer sur la peine. "Pour ne pas obérer la capacité diplomatique de l'Etat français à obtenir le transfèrement de ses nationaux, il faut que l'autorité judiciaire se cantonne à ce rôle", avait estimé le ministère public, reconnaissant se trouver dans un cas "aux confins du code de procédure pénale". En conséquence, au regard de la loi et de la jurisprudence de la Cour de cassation, "le parquet considère que la seule possibilité de peine la plus proche de la peine de mort est celle de la réclusion criminelle à perpétuité", avait-il requis.

A la lecture proposée par le parquet, l'avocat de Serge Atlaoui, Richard Sédillot, avait réclamé que le tribunal opte plutôt pour la peine maximale encourue en France pour la fabrication et la production de stupéfiants en bande organisée, à savoir 30 ans de réclusion criminelle. En blouson noir, masque chirurgical glissé sous le menton, mâchonnant un chewing-gum, son client a suivi l'audience dans le box des prévenus sans mot dire.

"C'est un premier succès, un premier pas vers la liberté", a déclaré Richard Sédillot à l'issue du jugement, décrivant Serge Atlaoui comme "soulagé" par la décision. Ses soutiens devraient désormais déposer dans les semaines à venir des demandes d'aménagement de peine et de grâce présidentielle.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.