"Il peut avoir des effets dévastateurs" : la Chine lance la construction d'un méga-barrage au Tibet, les pays en aval inquiets
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Une fois achevé, il pourrait devenir le plus gros barrage du monde, avec une capacité de 60 gigawatts. Mais il suscite de nombreuses craintes, notamment environnementales et économiques, aussi bien pour les populations locales que pour l'Inde ou le Bangladesh.
Les travaux du barrage de la démesure ont commencé au Tibet. Les premiers coups de pioches de ce géant viennent d’être donnés à plus de 5 000 mètres d'altitude. Le Premier ministre chinois, Li Qiang, a même assisté à la cérémonie d'inauguration. Une fois achevé, il pourrait devenir le plus gros barrage du monde, avec une capacité de 60 gigawatts, et il viendra s’ajouter aux 193 barrages déjà réalisés ou en projet au Tibet.
On parle d’un budget de plus de 143 milliards d'euros pour le construire, soit presque la moitié du budget de la France, autant dire que ce monstre ne fait pas l’unanimité. Les critiques sont nombreuses pour s’indigner de la construction d’un tel ouvrage. Vincent Metten, de l'ONG Campagne internationale pour le Tibet, pointe du doigt un projet qui va non seulement défigurer toute une région du Tibet, mais aussi avoir un impact dans de nombreux domaines. "C'est un projet pharaonique qui a des conséquences très négatives sur les Tibétains", déplore-t-il.
"Ce sont potentiellement 25 000 personnes qui habitent dans la région qui sont susceptibles d'être déplacées. Tout ça pour évidemment nourrir la soif d'énergie de Pékin et des entreprises qui ont besoin de cette énergie."
Vincent Metten, de l'ONG Campagne internationale pour le Tibetà franceinfo
Mais à ces inquiétudes s’en ajoutent d’autres, comme le fait que ce barrage géant sera construit dans une zone sismique, avec de possibles tremblements de terre. "La Chine prétend que c'est un projet vert durable, avec des sources d'énergie alternatives, mais c'est d'abord construit dans une région sismique, poursuit Vincent Metten. Ce genre de barrage peut avoir des effets dévastateurs. Il y a déjà eu un tremblement de terre au début d'année qui a eu des impacts et qui a créé des fissures sur certains barrages."
L'inquiétude est aussi environnementale, puisque ce genre de barrage retient les sédiments qui ne peuvent plus circuler aussi facilement. D'autres voix craignent un non-respect des droits de l’homme, mais ce n’est pas tout.
Un moyen de pression sur d'autres pays
Ce barrage aura aussi une incidence sur les pays en aval qui profitent de l’eau du Tibet, comme l’Inde ou le Bangladesh, qui voit dans sa réalisation un danger possible. "Ça crée des tensions parce qu'il y a d'abord ces questions environnementales, relève David Blanchon, auteur du livre Géopolitique de l'eau. Donc, les pays qui sont en aval ne sont pas du tout contents de ce qui se passe et des contraintes environnementales que cela pose, surtout que les grands deltas sont souvent les régions les plus peuplées de ces pays. Et il y a aussi la peur que, à un moment ou à un autre de fortes tensions, la Chine menace de couper entièrement les flux des fleuves et donc de réduire fortement les débits. C'est un moyen de pression extrêmement important sur ces pays qui se trouvent en aval du Tibet."
Autant de raisons qui poussent la Chine à être très secrète sur les détails et le calendrier de ce chantier hors normes. L’évocation du projet en 2020 avait suscité de vives réactions de la part de l’Inde, qui voit d’un mauvais œil son voisin chinois prendre le contrôle de l’eau du Tibet, 75 ans après avoir envahi le pays.
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