"C'est un principe sacré qui serait piétiné, celui du droit d'asile" : 48 Ouïghours réfugiés en Thaïlande risquent l'expulsion vers la Chine

D'après des groupes de défense des droits humains, la Thaïlande s'apprête à renvoyer vers la Chine une cinquantaine de Ouïghours réfugiés sur son sol. Une décision à laquelle s'opposent notamment l'Onu et plusieurs députés européens, notamment français.

Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une manifestation de soutien au peuple Ouïghours à Paris le 12 mars 2022 (ANNA MARGUERITAT / HANS LUCAS)
Une manifestation de soutien au peuple Ouïghours à Paris le 12 mars 2022 (ANNA MARGUERITAT / HANS LUCAS)

L'Onu et plusieurs députés européens, notamment français, montent au créneau contre l'expulsion d'une cinquantaine de Ouïghours réfugiés en Thaïlande. Ces 48 personnes, membres de la communauté musulmane, ont fui la Chine en 2014 et sont depuis détenus dans des centres pour migrants illégaux en Thaïlande.

Le 22 janvier dernier, des groupes de défense des droits humains ont annoncé que Bangkok s'apprêtait à les renvoyer vers la Chine, une information que les autorités thaïlandaises démentent. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme alerte sur les "préjudices" que ces personnes risqueraient si elles étaient expulsées, alors que Pékin est accusé de violente répression contre les Ouïghours sur son territoire. Samedi 25 janvier, plusieurs groupes de défense des droits humains relancent donc la mobilisation.

Il y a tout d'une course contre la montre pour les défenseurs de la cause Ouïghours. il s'agit de mobiliser avant que l'irréparable ne soit commis et de tout faire pour que les 48 réfugiés détenus en Thaïlande échappent à la dictature chinoise : mobilisation de l'opinion public, des défenseurs des droits de l'homme, des chancelleries. L'enjeu est de préserver un aspect majeur du droit international selon l'eurodéputé français Bernard Guetta. "C'est un principe sacré qui serait piétiné, celui du droit d'asile, martèle-t-il. Pas l'accueil des migrants économiques, non ! Le droit d'asile, des réfugiés politiques, des gens qui risquent leur vie et que les démocraties, les terres de liberté, ont toujours défendu et doivent défendre. Or M. Trump, aujourd'hui, le président des Etats-Unis, ne veut plus les défendre."

"Si ces malheureux étaient livrés à la Chine, ce serait le triomphe de cette volonté malheureusement internationale d'oublier et de bafouer le droit d'asile."

Bernard Guetta

à franceinfo

"La France s'honorerait" en accueillant les 48 Ouïghours

Il serait pourtant facile de défendre ce principe et ces valeurs dans le cas présent, car il ne s'agit que de 48 personnes, plaide l'eurodéputé Raphaël Glucksmann. "La solution, c'est que la France dise au gouvernement thaïlandais que nous, nous sommes prêts à accueillir ces 48 Ouïghours qui sont dans des geôles depuis onze ans, simplement parce qu'ils ont voulu vivre libres et qui sont aujourd'hui menacés d'être extradés vers la Chine, ce qui signifie la mort, estime-t-il. La France s'honorerait en proposant cet accueil et elle permettrait au gouvernement thaïlandais d'échapper à la pression permanente de Pékin. Cela nous coûterait franchement tellement peu au regard de la dignité humaine et des ces vies qui vont être brisées si nous ne le faisons pas."

L'urgence est d'autant plus grande que, selon l'ONG Human Rights Watch, plusieurs de ces réfugiés Ouïghours emprisonnés en Thaïlande ont commencé une grève de la faim il y a 15 jours. Et selon des experts indépendants nommés par le Conseil des droits de l'homme de l'Onu, 23 de ces 48 personnes souffrent déjà de graves problèmes de santé. Toujours selon ces experts, ils sont détenus depuis plus de dix ans sans contact ni avec des avocats, ni avec les membres de leur famille.

Thaïlande : des Ouïghours menacés l'expulsion vers la Chine - Reportage de Nathanaël Charbonnier

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