"Plus personne n'est à l'abri de la répression en Chine" : mobilisation internationale pour soutenir l’artiste Gao Zhen avant son procès

L'artiste de 69 ans a été arrêté en août 2024 après avoir réalisé des sculptures parodiant Mao Zedong.

Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le drapeau chinois, le 2 juillet 2015. (SEBASTIEN JARRY / MAXPPP)
Le drapeau chinois, le 2 juillet 2015. (SEBASTIEN JARRY / MAXPPP)

C'est la force des artistes de savoir critiquer le monde avec une peinture, un texte ou une sculpture. Mais les pouvoirs publics ne sont pas du même avis. Depuis le mois d’août 2024, le frère aîné des Gao -  Zhen et Qiang - est retenu en prison en Chine. Alors que le procès de l'artiste de 69 ans doit s'ouvrir prochainement, son avocat appelle à la mobilisation des défenseurs des droits de l’homme, mais aussi des amateurs d’art du monde entier. 

Les autorités chinoises lui reprochent d’avoir "porté atteinte à la réputation et a l’honneur des héros et martyrs". Il a en effet réalisé des œuvres critiquant la politique de Mao Zedong, à la fin des années 2010. "C'était des sculptures qui étaient, si j'ose dire, rigolotes. On voyait Mao, peint en rose, avec une poitrine très rebondie, des seins gonflés, etc. Enfin, toutes sortes de représentations sans aucun respect", précise la sinologue Marie Holzman.

Une "question humanitaire"

Des provocations que l’artiste pourrait payer très cher au terme d’un procès dont l'issue est connue d’avance, car Pékin fait taire toutes les oppositions, estime la sinologue. "On assiste, en Chine, à une répression qui a d'abord touché, disons, les dissidents notoires. Ensuite, ça a touché les avocats. Ensuite, ça a touché les environnementalistes. Et maintenant, on touche les artistes. Et c'est pour ça que ça suscite une réaction, en quelque sorte, terrifiée. C'est-à-dire que plus personne n'est à l'abri de la répression en Chine", alerte-t-elle.

Et c’est par mail que le frère de l’artiste a communiqué ce week-end pour s’inquiéter de sa santé. Selon Gao Qiang, son frère "souffre de douleurs lombaires qui se sont aggravées depuis son arrestation. Lorsque son état est grave, il doit utiliser un fauteuil roulant pour consulter son avocat. Il souffre également d'urticaire chronique et doit prendre des médicaments quotidiennement, sinon ses démangeaisons sont si fortes qu'il ne dort plus". Il dit désormais "craindre pour sa santé physique et mentale, et je suis profondément préoccupé par sa sécurité et sa survie. La libération de Gao est une question humanitaire".

"J'espère que la communauté internationale, et notamment la France, contribuera à faire comprendre aux autorités chinoises qu'emprisonner un artiste pour ses œuvres créées il y a plus de dix ans est un acte d'une barbarie et d'une absurdité extrêmes."

Gao Qiang

à franceinfo

Gao Qiang rappelle également la promesse d'Emmanuel Macron de soutenir son combat, notamment, avec ses ministres des Affaires étrangères et de la Culture. "L'affaire Gao Zhen devrait être l'occasion de réfléchir aux calamités causées par l'héritage de Mao. Cependant, compte tenu de la désolation qui règne aujourd'hui dans la société et les milieux intellectuels chinois, sous la forte pression des politiques totalitaires, je ne peux m'attendre à ce que l'affaire Gao Zhen suscite un large débat ou des mouvements de réforme sociale comme l'affaire Dreyfus l'a fait il y a plus de cent ans en France. J'espère simplement que Gao Zhen pourra être libéré au plus vite", conclut-il dans son courrier électronique.

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