"Ce n'est pas notre guerre" : comment le conflit Israël-Iran divise le camp républicain aux Etats-Unis
A son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump avait promis de placer "l'Amérique d'abord". Avec l'offensive israélienne en Iran, certains républicains craignent un changement de stratégie.
Face à la guerre lancée par Israël en Iran, vendredi 13 juin, Donald Trump se retrouve au cœur d'un dilemme stratégique. "Je vais peut-être le faire, peut-être pas", a répondu le président américain mercredi 18 juin, interrogé sur une possible participation directe des Etats-Unis au conflit. Dans un climat de tension, la Maison Blanche a promis une décision "dans les deux semaines".
En attendant, l'annonce a révélé les lignes de fracture au sein du Parti républicain, entre partisans d'un soutien militaire explicite à Israël et tenants du non-interventionnisme, appelé "America First". Pour certains républicains, s'engager dans la guerre contre l'Iran serait "un péché impardonnable", prévient la stratège conservatrice Sarah Longwell, auprès de la radio américaine NPR. "Beaucoup soutiennent Trump précisément parce qu'ils pensaient qu'il ne nous entraînerait plus jamais dans une guerre au Moyen-Orient." D'autant que le milliardaire, critique des interventions militaires coûteuses et prolongées, rejetait jusqu'ici ce qu'il appelait des "guerres stupides et sans fin", rappelle la BBC.
Le camp Maga vent debout contre une intervention
Le refus de l'intervention militaire est devenu le fil rouge de la politique internationale d'une grande partie du camp Make America Great Again (Maga). Le 14 juin, dans un épisode de son podcast enregistré au lendemain des premières frappes israéliennes sur l'Iran, Tucker Carlson a ainsi vivement attaqué les "bellicistes" républicains. L'ancien présentateur de Fox News, soutien déclaré de Donald Trump, a notamment accusé certains élus du parti de pousser le président à précipiter son pays dans un nouveau conflit au Moyen-Orient. Face à lui se tenait le sénateur du Texas Ted Cruz, partisan d'une action militaire limitée pour empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire. Les deux hommes ont échangé des propos houleux, largement relayés sur les réseaux sociaux. Ils mettent en lumière les divisions croissantes du Parti républicain.
L'ancien bras droit de Donald Trump, Steve Bannon, a quant à lui averti, mardi, dans le podcast de Tucker Carlson, qu'engager les Etats-Unis dans une guerre avec l'Iran ferait "exploser" la coalition des partisans du chef de l'Etat. Charlie Kirk, à la tête du mouvement conservateur Turning Point USA, a lui aussi dénoncé une politique interventionniste : "Si nous poursuivons une intervention militaire américaine plus agressive en Iran, combien d'Iraniens scandant 'Mort à l'Amérique' deviendront des réfugiés qui se retrouveront en Amérique ?", interroge-t-il sur X.
Au Congrès, Marjorie Taylor Greene, pourtant connue pour son soutien au président américain, tient la même ligne. Ceux qui poussent à une intervention "ne font pas partie du mouvement l'Amérique d'abord/Maga", a-t-elle estimé sur X. Quant au représentant républicain Thomas Massie, il a même cosigné avec des élus démocrates une résolution sans vote au Capitole, lundi, pour empêcher toute opération militaire contre l'Iran. "Ce n'est pas notre guerre. Et même si elle l'était, seul le Congrès doit décider de ces questions, conformément à notre Constitution", a-t-il écrit mardi sur X.
Un camp pro-Israël plaide pour une action militaire
A l'inverse, certains républicains poussent à l'intervention, quitte à fracturer l'héritage isolationniste du trumpisme. "Il faut être à fond pour aider Israël à éliminer la menace nucléaire", a notamment martelé le sénateur de Caroline du Sud, Lindsey Graham, sur Fox News. "Si nous devons fournir des bombes, faisons-le. Si nous devons voler avec eux, faisons-le aussi." Une conviction partagée par d'autres figures comme l'éditorialiste conservateur Mark Levin ou le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, qui a déclaré sur X : "Israël a raison – et a le droit de se défendre."
L'ancien chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, soutient, lui, une tradition interventionniste, héritée des années de George W. Bush avec la guerre en Irak : "Ce que l'on voit ici, ce sont les partisans de l'isolationnisme, menés par Tucker Carlson et Steve Bannon, qui s'alarment à l'idée que nous aidions les Israéliens à vaincre les Iraniens, a-t-il déclaré sur CNN. C'est une mauvaise semaine pour les isolationnistes."
Des déclarations ambiguës
En 2018, Donald Trump avait déjà dérogé à sa doctrine America First en ordonnant des frappes contre le régime syrien, tout en se présentant comme le président de la paix. Jeffrey Goldberg, directeur du magazine The Atlantic, l'avait alors décrit comme un "isolationniste interventionniste". De son côté, Ross Douthat, éditorialiste au New York Times, rappelle que le président américain "n'a jamais été un non-interventionniste de principe" et que "sa méthode repose sur l'usage calculé de la menace".
Selon Will Todman, analyste pour le think tank Center for Strategic and International Studies, "tout repose sur Donald Trump", explique-t-il auprès de la BBC. Même si les voix appelant à la retenue ont jusqu'ici dominé dans l'entourage du président, "les dernières déclarations semblent indiquer qu'il est prêt à accroître son soutien à Israël, en fonction de l'évolution de la situation".
Dans une interview à The Atlantic, le 14 juin, Donald Trump a été clair : c'est lui qui "décide" du sens de l'expression "l'Amérique d'abord". "Il y a peut-être des gens un peu mécontents en ce moment, mais il y en a aussi qui sont très heureux", a-t-il affirmé.
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