Exécutions, arrestations, nouvelles lois... Ce que l'on sait de la traque des espions du Mossad menée par le régime iranien
Plus de 700 interpellations et au moins six pendaisons ont eu lieu en douze jours, alors que pouvoir iranien a encore promis, dimanche, d'accélérer les procès pour espionnage au profit d'Israël.
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L'Iran a annoncé, mercredi 25 juin, avoir exécuté trois hommes accusés d'être des espions à la solde d'Israël. Depuis l'entrée en vigueur de la fragile trêve, la République islamique a encore accru sa traque de potentiels agents travaillant pour l'Etat hébreu. Le conflit entre les deux pays a montré comment le Mossad, service de renseignement israélien, est parvenu à infiltrer l'Iran, obtenant des informations sur la localisation de plusieurs hauts responsables et participant depuis le territoire iranien à l'offensive lancée le 13 juin par Benyamin Nétanyahou.
Plusieurs ONG estiment que la traque de potentiels espions constitue également un moyen pour le régime des mollahs d'accroître la répression de la population, et d'éviter tout mouvement de contestation. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de ces exécutions, et du contexte dans lequel elles ont eu lieu.
Des hommes pendus après des accusations d'espionnage
L'Iran a annoncé, mercredi, avoir pendu trois hommes présentés comme des espions à la solde d'Israël. Selon le pouvoir judiciaire, "Idris Ali, Azad Shojai et Rasoul Ahmad ont tenté d'importer de l'équipement pour mener des assassinats dans le pays". Ils "ont été arrêtés et jugés pour (...) coopération en faveur" d'Israël, ont précisé les autorités iraniennes, qui ont diffusé des photos des trois hommes portant l'uniforme bleu des prisonniers. Ces exécutions ont eu lieu à Ourmia, ville du nord-ouest proche de la Turquie.
D'autres prisonniers ont été mis à mort durant les douze jours de conflit entre la République islamique et Israël. Lundi, Mohammad-Amin Mahdavi Shayesteh a été pendu en raison de liens avec le Mossad, a affirmé le pouvoir judiciaire. Il était également accusé d'avoir collaboré avec la chaîne de télévision en persan Iran International. Les autorités iraniennes estiment que ce média, dont le siège se trouve à Londres et qui critique régulièrement le régime des mollahs, est lié à Israël.
La veille, le pouvoir judiciaire iranien avait annoncé avoir exécuté Majid Mosayebi, "pendu après le suivi de l'ensemble de la procédure pénale" et accusé d'avoir fourni des "informations sensibles (...) au Mossad". Au moins un autre homme, arrêté en 2023 et reconnu coupable d'être un agent du Mossad, a été pendu depuis le début de l'offensive israélienne.
Plus de 700 interpellations en douze jours
Aux exécutions s'ajoute la multiplication des arrestations depuis le début des hostilités entre l'Iran et l'Etat hébreu, avec plus de 700 personnes interpellées en douze jours, rapporte mercredi l'agence de presse iranienne Fars. Celle-ci les décrit comme des "mercenaires d'Israël".
Les Gardiens de la Révolution ont par ailleurs déclaré avoir arrêté des ressortissants européens, également accusés d'espionnage au profit d'Israël. L'un d'eux, un homme interpellé dans le sud lundi, est entré dans le pays "comme touriste", avant de collecter des informations sur des sites "militaires et sensibles", affirme l'agence d'Etat iranienne Sepahnews. Trois jours plus tôt, l'armée idéologique iranienne avait interpellé un autre ressortissant européen, qualifié "d'espion", selon les informations de l'agence iranienne Tasnim.
Une vingtaine d'Occidentaux sont actuellement détenus en Iran, selon l'AFP. Parmi eux, le couple de Français Cécile Kohler et Jacques Paris, aussi accusés d'espionnage, est emprisonné depuis plus de trois ans dans le pays, sans procès.
De nouvelles lois pour accélérer la traque des espions
Au lendemain des frappes américaines en Iran, le chef du pouvoir judiciaire iranien a promis dimanche une accélération des procédures judiciaires en lien avec des accusations d'espionnage. "Les affaires liées à la sécurité, notamment au soutien au régime usurpateur [Israël], et au fait d'agir comme cinquième colonne de l'ennemi, seront traitées plus rapidement", a prévenu Gholamhossein Mohseni Ejeï, sur la télévision d'Etat iranienne.
Le lendemain, le Parlement iranien a adopté un projet de loi pour "intensifier la punition de l'espionnage et des collaborateurs avec le régime sioniste [Israël] et les gouvernements hostiles", rapporte Al Jazeera. Le texte prévoit que toute "activité de renseignement, d'espionnage ou action pratique", en faveur d'Israël, des Etats-Unis ou d'un autre pays, puisse être assimilée à un cas de "corruption sur Terre", un crime passible de la peine de mort. Le député Alireza Salimi a précisé que cette législation permettrait de "donner davantage de marge de manœuvre aux forces de sécurité", selon le média qatari.
Face à ces annonces, les ONG de défense des droits de l'homme dénoncent une justice expéditive, ayant pour but d'éteindre tout potentiel mouvement de contestation. "Après le cessez-le-feu avec Israël, la République islamique a besoin de plus de répression pour couvrir ses échecs militaires, prévenir les manifestations et assurer sa survie", a affirmé Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de l'ONG Iran Human Rights, auprès de l'AFP. Amnesty International avait également dénoncé, vendredi, une "instrumentalisation de la peine de mort", déplorant des procès souvent fondés sur des aveux extorqués sous la torture.
Sanam Vakil, directrice du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord au sein du groupe de réflexion britannique Chatham House, s'attendait à cette nouvelle vague répressive. Interrogée par NBC News, la chercheuse prévoit des mesures "assez vastes et qui vont durer dans le temps".
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