Guerre Israël-Iran : "L’attaque israélienne contre la prison d'Evin est un crime de guerre", dénonce l'ONG Human Rights Watch

Les frappes israéliennes sur le centre de détention de Téhéran, où sont détenus des prisonniers politiques, a tué et blessé de nombreux civils "dont des prisonniers, des membres de leurs familles et des membres du personnel pénitentiaire", dénonce l'ONG.

Article rédigé par franceinfo
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Les dégâts causés dans la salle des visites de la prison d'Evin après les frappes israéliennes en juin, à Téhéran le 1er juillet 2025. (AFP)
Les dégâts causés dans la salle des visites de la prison d'Evin après les frappes israéliennes en juin, à Téhéran le 1er juillet 2025. (AFP)

"L'attaque israélienne contre la prison d'Evin est un crime de guerre", dénonce l'ONG Human Rights Watch dans un rapport publié jeudi 14 août et que Radio France révèle. Selon elle, les frappes israéliennes du 23 juin 2025 sur le centre de détention de Téhéran, détenant des prisonniers politiques, "en l'absence de cible militaire évidente", a tué et blessé de nombreux civils "dont des prisonniers, des membres de leurs familles et des membres du personnel pénitentiaire". L'armée israélienne a justifié cette attaque par une "frappe ciblée" sur des "ennemis du régime" qui faisaient du "contre-espionnage au sein-même de la prison".

Human Rights Watch demande une "enquête approfondie" et pointe des "violations des lois de la guerre commises par les forces israéliennes et iraniennes durant les 12 jours de conflit, du 13 au 25 juin". "Les responsables de crimes de guerre doivent être traduits en justice", assure l'ONG. Le 13 juin dernier, Israël a lancé une offensive contre l'Iran et notamment ses infrastructures nucléaires. Ces frappes ont fait plus de 1 000 morts dont 80 au sein de la prison d'Evin, selon l'ONG. Les représailles iraniennes contre Israël ont fait 29 morts.

Ces frappes israéliennes sur le centre pénitentiaire d'Evin étaient, selon Human Rights Watch, "illégales et aveugles et constituaient manifestement un crime de guerre". Elles ont été menées sur des zones connues pour abriter de nombreux activistes "pendant les heures de visite des prisonniers". "Une jeune femme était dans le bureau du procureur pour payer la caution de son mari incarcéré, quand elle a été tuée. Même des personnes à l'extérieur ont été blessées et tuées. Dans la rue au nord de la prison, par exemple, une artiste de 60 ans a été tuée par les frappes en passant", explique Bahar Saba, chercheuse sur l'Iran pour l'ONG, à la rédaction internationale de Radio France.

"La situation était absolument désastreuse"

"Plus de 1 500 prisonniers étaient vraisemblablement détenus à la prison d'Evin au moment de l'attaque, dont de nombreux militants et dissidents", assure l'ONG. Ces frappes ont détruit plusieurs bâtiments, les prisonniers ont dû être évacués hors de la prison d'Evin et l'ONG pointe du doigt les conditions terribles de détention après leur transfert, mettant en cause dans un second rapport également publié jeudi les autorités iraniennes.

"La situation était absolument désastreuse. Les cellules surpeuplées, sales et sans aucune installation hygiénique de base. La prison infestée d'insectes. Une ancienne détenue nous a dit que ce n'était même pas digne d'abriter des animaux", détaille Bahar Saba. On ne connaît pas le sort de tous ces prisonniers. Les autorités iraniennes refusent de communiquer sur certains lieu de détention, ce que Human Right Watch dénonce. Pour l'ONG, cela "équivaut à des disparitions forcées, et qui les expose à un risque de torture".

L'ONG dénonce dans son second rapport les "mauvais traitements" et les "violences" commises par les autorités iraniennes sur les détenus de la prison d'Evin. Elle appelle les Etats membres de l'ONU à faire pression sur le gouvernement iranien pour "qu'il mette immédiatement fin à tout projet d'exécution de condamnés à mort" et "libère tous les prisonniers arbitrairement détenus".

Dans son rapport, Human Rights Watch précise avoir interrogé entre le 24 juin et le 29 juillet 22 personnes au sujet de ces frappes, "dont des proches de victimes et de prisonniers, d'anciens prisonniers d'Evin et d'autres personnes connaissant parfaitement la prison". L'ONG dit aussi avoir écrit aux autorités iraniennes et israéliennes, sans avoir reçu de réponse. Elle a aussi vérifié et analysé des vidéos et photographies publiées par des médias et sur les réseaux sociaux ainsi que des images satellites et des documents partagés directement avec les chercheurs.

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